Ce lundi 20 septembre 2021, la Justice a suspendu le permis de construire qui prévoyait de raser les jardins de la commune pour y construire une piscine d'entraînement des JO de Paris-2024.
La Justice a tranché. Un juge administratif a suspendu ce lundi le permis de construire du futur bassin d'entraînement d’Aubervilliers pour les jeux olympiques de Paris 2024 contesté par des défenseurs de l'environnement. "L'exécution de la présente ordonnance, qui suspend le permis de construire litigieux, implique nécessairement, comme le soutien à bon endroit les requérants, qu'il soit immédiatement mis fin aux travaux déjà entrepris", a conclu la cour administrative d'appel de Paris, dans un arrêt consulté par l'AFP. Il existe des "doutes sérieux sur la légalité" de ce permis, déposé de façon irrégulière par Karine Franclet, la maire UDI d’Aubervilliers, et délivré sans respecter certaines règles d'urbanisme, précise la décision.
La cour administrative d'appel de Paris a suspendu le permis de construire d'une piscine à Aubervilliers en Seine-Saint-Denis, destinée à servir de bassin d'entraînement pour les Jeux olympiques de Paris-2024, qui implique la destruction de jardins ouvriers #AFP
— Agence France-Presse (@afpfr) September 20, 2021
Le projet implique notamment la destruction de 67 arbres, "alors que le permis de construire n'envisage au titre de la compensation (…) que la replantation de 47 arbres" a ainsi détaillé la cour. "On est soulagés, c'est une reconnaissance. Les travaux de terrassement ont commencé ce matin, ils ont dû s'arrêter", a déclaré à l'AFP Ziad Maalouf, un des trois jardiniers à l'origine de la requête, avec deux associations de défense de l'environnement. "Nous continuons à dénoncer le fait que nous pouvions faire autrement", a martelé Jean-Marie Baty, président du Mouvement national de lutte pour l'environnement (MNLE 93).
Urgence écologique
Sollicitée par l’AFP, la municipalité de Aubervilliers a dit ne pas souhaiter réagir dans l'immédiat. Deux choix s'offrent à elles : régulariser les points litigieux soulevés par le juge administratif ou faire appel devant le Conseil d'État. La suspension en urgence des travaux ne signifie pas l'arrêt total du projet, qui doit faire l'objet d'une nouvelle audience au fond. La même juridiction avait interrompu en avril les travaux du village des médias, autre projet phare des Jeux olympiques en Seine-Saint-Denis. Mais trois mois plus tard, après l'étude du dossier au fond, elle avait fait machine arrière, autorisant la reprise du chantier. Samedi encore, environ 300 personnes ont défilé à Aubervilliers pour dénoncer ce projet contraire, selon eux, à l'urgence écologique. Il vise surtout le solarium qui doit accompagner le centre aquatique et voir le jour à la place des arbres et des potagers.
Les jardins ouvriers des Vertus, enclave centenaire de 2,5 hectares au pied des tours, doivent être amputés de 4000 m² pour la construction de cet ouvrage. La majorité des jardiniers concernés ont été déplacés sur d'autres parcelles voisines par Grand Paris Aménagement, détenteur du terrain.
33 millions d’euros
Bassin d'entraînement pour les nageurs lors des JO, la piscine doit ensuite être accessible aux habitants de cette ville populaire, dans un département ou 60% des enfants ne savent pas nager à leur rentrée en 6ème notamment faute d'infrastructures suffisantes. Pour Aubervilliers (87 000 habitants en lisière de Paris), l'enjeu dépasse la seule histoire d'eau car il doit concrétiser un vieux projet d’aménagement du territoire : l'installation d'une piscine olympique fut déjà évoquée lors de la candidature de Paris au JO de 2012.
Je n'ai pas l'intention que la Seine-Saint-Denis perde ces crédits.
Le projet est estimé à 33 millions d’euros dont environ un tiers doit être financé par Solideo, la société chargée de livrer les ouvrages pour les JO de 2024. Selon le plan initial, ce bassin controversé devait l'être au plus tard le 26 juin 2024, un mois avant le coup d'envoi des JO. "Si le calendrier ne permet pas que la piscine soit fléchée comme un site d'entraînement, Solideo posera le débat" de sa participation financière, a averti ce lundi devant la presse Stéphane Troussel, le président (PS) du Conseil départemental de la Seine-Saint-Denis. Si ce scénario catastrophe devait se réaliser, "je n'ai pas l'intention que la Seine-Saint-Denis perde ces crédits", a anticipé M. Troussel, qui a fait de "l'héritage" des Jeux une priorité pour doper le développement du département le plus pauvre de France métropolitaine.
Contactés, la Solideo et le comité d'organisation Paris-2024 n'ont pas réagi immédiatement.