Le célèbre guide touristique publie une édition consacrée au "Grand Paris Nord" pour sortir des sentiers battus et démontrer que sur ce territoire, il n'y a pas que la Basilique Saint-Denis et les puces de Saint-Ouen à visiter.
"Et si on allait à Stains ce week-end ?" La question peut, au premier abord, prêter à sourire. Pourtant, la Seine-Saint-Denis regorge de pépites à visiter. La ville de Stains, par exemple, abrite une cité-jardin édifiée au début du XIXe siècle par les architectes Eugène Gonnot et Georges Albenque.
Un véritable écrin de verdure et d'utopisme à moins de 10 km du nord de Paris et conseillé par l'auteure du Guide du Routard, Emmanuelle Bauquis : "C'est dans l'ADN du Routard de faire connaître des choses pas encore connues. Nous voulons faire découvrir à 10 millions d'habitants des zones qui n'ont pas forcément très bonnes réputations et qui sont à 10 min de RER".
Cette dernière, qui a par exemple travaillé sur l'œnotourisme en Bourgogne ou sur un guide de Chicago, a dirigé une petite équipe de trois personnes sur ce nouveau guide. "La méthode est toujours la même : on travaille le terrain, on prend des infos peu importe d'où elles viennent et on va voir ce qu'il se passe. À partir des infos recueillis, on organise nos itinéraires, on teste. Par exemple pour les restaurants, c'est anonyme. Puis on rédige nos textes", explique Emmanuelle Bauquis.
Relancer le tourisme
Le résultat de ce guide a été de très belles expériences rencontrées par ces auteures : "Nous avons été enchantées par la diversité du territoire, ses richesses et les contrastes qui existent. Aller se promener sur les berges de la Seine, découvrir la transhumance des moutons au milieu des barres d'immeuble. Ce n'était pas forcément attendu", indique-t-elle.
Ce guide a été fait en partenariat avec l'Office de Tourisme de Plaine Commune Grand Paris qui tente de relancer le tourisme dans ce territoire après deux ans de crise sanitaire. "Nous nous sommes dit que le tourisme allait repartir d'abord auprès des francophones, puis des Européens qui connaissent déjà Paris et qui veulent faire autre chose que Paris intra-muros", indique Régis Cocault, le directeur général de l'organisme.
A la question de savoir s'il faut encore changer l'image du département, il répond que "bien sûr, il y a un vrai sujet de sécurité mais je ne suis pas sûr qu'à Paris ce soit forcément mieux. Il y a cette angoisse de passer le périphérique. Le Guide du Routard est là pour dire qu'il y a une offre : dépassez vos préjugés !".
Emmanuelle Bauquis, auteure du guide, affirme de son côté avoir pris des précautions de base comme ne pas s'être baladée seule tard le soir mais que personne de son équipe "ne s'est fait détrousser. Nous sommes que des filles et personne n'a eu de problèmes".
De belles découvertes
Parmi les sites incontournables à visiter et qui ne sont pas forcément connus, Emmanuelle Bauquis conseille le cirque Zingaro (théâtre équestre) à Aubervilliers ou le marché de Saint-Denis pour une belle balade culinaire.
Régis Cocault se dit enchanté par les berges de Seine d'Épinay, récemment réaménagées. "Villetaneuse, Stains, on se dit que ce n'est pas Deauville. Pourtant, il faut aussi convaincre les habitants de Seine-Saint-Denis, leur dire que nous sommes un territoire qui se visite", poursuit-il.
Un pass découverte gratuit et non-nominatif est intégré au plan du Guide du Routard qui permet de bénéficier de tarifs réduits sur 23 sites partenaires mentionnés (dont certains se trouvent aussi à Paris).
Avant la crise sanitaire, 70 % des touristes venaient de France dont une bonne partie habite le département. Les 30 % d'étrangers viennent surtout des États-Unis et de l'Asie. C'est pourquoi il a en projet un partenariat avec un guide anglophone, histoire d'équilibrer la balance.