Mosquée de Montfermeil : "Il y a un très grand risque qu'il y ait des prières de rue"

Alors que la grande salle de prière de la mosquée de Montfermeil, en Seine-Saint-Denis, doit être détruite en raison d'une construction irrégulière, les responsables du lieu de culte ont prévenu : sans solution d'ici au 17 octobre, les musulmans de cette ville pourraient investir la rue pour prier.

"La République est réellement en danger". Ces mots auraient, selon l'Association Cultuelle des Musulmans de Montfermeil (ACMM), été prononcés par Xavier Lemoine, maire de Montfermeil (Seine-Saint-Denis) et vice-président du Parti Chrétien Démocrate de Christine Boutin, après des premières menaces de mobilisation des musulmans de la ville contre la destruction d'une partie des locaux de leur mosquée. Aujourd'hui, la communauté musulmane de Montfermeil pourrait se retrouver à nouveau dans la rue. Car la destruction d'une partie de leur lieu de culte est cette fois-ci bien réelle. C'est que, d'arrêté municipal en décision de justice, après avoir perdu en appel en mai, les dirigeants de la mosquée ont accepté de la détruire.

Le lieu de la discorde ? Un agrandissement de la Mosquée, construit en 2012, permettant d'accueillir près de 400 fidèles en plus des 600 déjà présents dans la salle de prière du bâtiment principal.

Un arrêté de fermeture avait alors été pris en avril 2012 par le maire qui invoquait des "problèmes de sécurité". L'édile avait justifié sa décision en s'appuyant sur le passage de la commission de sécurité qui précisait que "l'éclairage de secours et le système d'alarme ne fonctionnaient pas, il manquait neuf unités de passage dans différents dégagements". "Depuis rien n'a changé, aucun aménagement n'[a] été porté à ma connaissance. Je suis donc dans l'obligation de prendre un arrêté de fermeture" avait alors déclaré M. Lemoine en avril 2012. Un mois plus tôt, environ 1 500 musulmans avaient manifesté entre cette mosquée et la mairie de Montfermeil, pour réclamer "un lieu de culte digne" et protester contre le maire jugé "islamophobe". 

Deux ans et demi plus tard, c'est le même mot d'ordre qui pourrait amener la communauté musulmane de cette ville de Seine-Saint-Denis à aller prier dans la rue, faute de solution d'ici au vendredi 17 octobre qui sera le premier jour de grande prière depuis le début des travaux de destruction. "Il y a un très fort risque qu'il y ait des prières de rue", a ainsi prévenu Farid Kachour, le secrétaire général du lieu de culte, qui a toutefois précisé que "nous n'appelons pas à de telles prières de rue, qui poseraient des problèmes d'ordre et de sécurité publique".

Une nouvelle mosquée d'ici deux ans ?


"Le dossier existe depuis plusieurs années, et c'est à quelques jours de la décision" que la communauté musulmane saisit la mairie, dénonce de son côté M. Lemoine. "Personne ne peut être dupe du stratagème. Je ne peux pas me substituer au manque d'anticipation de l'association." Le bâtiment principal "a une capacité largement suffisante pour les pratiquants Montfermeillois", estime aussi le maire.

L'association qui gère la mosquée affirme avoir alerté le maire à de nombreuses reprises, notamment par une lettre qui réclamait, fin septembre, des "dispositions concrètes afin que l'exercice respectueux et en toute sécurité du culte continue d'être garanti". Elle suggère par exemple au maire de lui prêter un gymnase les mercredis après-midi pour la prière. Une solution transitoire, l'association souhaitant bâtir une nouvelle mosquée d'ici deux ans - elle a déjà le terrain et le permis de construire. 

>> voir reportage de Maud de Bohan et Yves Dewulf

 

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