Des habitants de la copropriété des Joyeux à Aubervilliers ont manifesté ce lundi après-midi devant le siège de l'ANRU à Paris. Ils se mobilisent pour sauvegarder leur lieu d'habitation.
Les habitants de la copropriété des Joyeux à Aubervilliers en Seine-Saint-Denis se sont réunis ce lundi à 13 h 30 devant le siège de l'Agence Nationale pour la Rénovation Urbaine. (ANRU). Ils entendent protester contre la destruction de la copropriété et leur expropriation. Selon eux, celle-ci doit être actée ce lundi lors d'une réunion entre l'ANRU et la mairie de la commune dionysienne. Une information que dément l'ANRU qui assure que le sort de la copropriété n'est pas à l'ordre du jour de la réunion.
Ainsi une trentaine de personnes parties d'Aubervilliers avec leurs coussins et leurs polochons se sont rendus dans le VIème arrondissement de Paris pour exprimer leur mécontentement face à la "gentrification" d'Aubervilliers. "La mairie a pour projet d'éloigner de plus en plus les personnes pour laisser place à des habitations plus cossues", explique Yoann Pinaud, organisateur et Directeur de l'Alliance Citoyenne de Seine-Saint-Denis.
Un premier projet de démolition abandonné en 2018
Ce bâtiment, construit en 1954 abrite des personnes, pour la plupart "très modestes", selon Amel Dogmane, habitante depuis 27 ans. Cet ensemble d'habitations souffrent de nombreux problèmes dont l'usure de la façade causée par le temps. "Les logements sont sains à l'intérieur, mais c'est leur enveloppe et notamment la toiture qui a besoin d'être réhabilitée", explique-t-elle. Certains logements de la copropriété connaissent également des problèmes d'isolation.
Les habitants demandent que le projet soit révisé en prenant en compte leurs souhaits. Pour certains, le fait d'habiter dans ce logement représentent des sacrifices financiers depuis de nombreuses années. "Je me suis endettée pendant 25 ans pour acheter cet appartement, ils vont me racheter le logement une bouchée de pain et je vais tout perdre", déplore une autre habitante. Un projet de démolition du bâtiment avait déjà été proposé en 2018. Il fut finalement abandonné après consultation des habitants par l'édile de l'époque Meriem Derkaoui.
Suite à cette décision, les copropriétaires avaient alors accepté d'apporter d'importantes contributions financières à un projet de sauvegarde de leur lieu d'habitation. Ce projet, dont les travaux ont démarré il y a quelques mois, vise notamment à consolider les balcons ainsi qu'à sécuriser l'installation électrique et à isoler et refaire la toiture. "Nous avons tenu nos engagements en payant chacun 5 000 euros de charges ces trois dernières années, maintenant, c'est aux pouvoirs publics de tenir les leurs", demande Amel Dogmane. Elle concède également que le fait de devoir retrouver un logement mettrait une grande partie des résidents dans une situation périlleuse.
L'ANRU affirme n'avoir pour l'instant reçu aucune sollicitation au sujet d'un projet de démolition
Les habitants blâment également les changements réguliers de majorité à Aubervilliers qui ont empêché selon eux, d'établir une continuité dans le plan de sauvegarde.
De son côté, l'ANRU affirme n'avoir reçu pour l'instant aucune sollicitation pour le financement d'une destruction de la copropriété. Contactée, l'Agence Nationale de Rénovation Urbaine précise qu'elle étudie les alternatives possibles pour répondre aux besoins des habitants. Enfin, l'ANRU précise qu'un dossier au sujet de l'ensemble de logements lui a été transmis il y a quelques mois. Selon l'agence le processus vers une prise de décision finale sera encore long, ajoutant qu'aucune décision n'a encore été prise à ce jour.
Contactée à plusieurs reprises, la Mairie d'Aubervilliers n'a pas donné suite à nos sollicitations.