Ouvriers sans-papiers morts sur un chantier : jusqu'à huit mois de prison ferme requis

Des peines allant jusqu'à huit mois de prison ferme et 150 000 euros d'amende ont été requises ce mercredi à Bobigny à l'encontre de neuf prévenus après la mort de deux ouvriers sans papiers et sans expérience sur un chantier de Seine-Saint-Denis.

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Sombre ironie, Kamel Benstaali, 34 ans, et Omar Azzouz, 29 ans "n'étaient pas déclarés le jour des faits mais deux jours après leur mort", a précisé la procureure de Bobigny Alix Bukulin en préambule de ses réquisitions.

"Ce dossier est l'illustration des accidents du travail. Le travail dissimulé fait le lit de ce type d'accidents", a estimé la magistrate.

Le 8 juin 2019, les deux victimes participaient à la réhabilitation de la cité La Source à Epinay-sur-Seine (Epinay-sur-Seine), un vaste chantier de 478 logements dont le bailleur est Plaine Commune Habitat. Ils travaillaient exceptionnellement un samedi à la rénovation thermique par l'extérieur au 18e étage d'un bâtiment, lorsque la nacelle sur laquelle ils se trouvaient s'est détachée.

Un rapport d'expertise pointera du doigt "un défaut d'ancrage" de la plateforme. Le montage de la nacelle "n'a pas été fait dans les règles de l'art", a appuyé Mme Bukulin. Dans cette affaire figure une "cascade de contrats, de déresponsabilisés", a regretté la procureure.

"Concours Lépine de la plus mauvaise entreprise de travaux publics"

Sept personnes et trois entreprises sont jugées depuis lundi devant le tribunal correctionnel de Bobigny, notamment pour homicide involontaire et travail dissimulé. Ce mercredi, le ministère public a requis une peine de deux ans avec sursis et 5 000 euros d'amende à l'encontre du gérant de la société SRI et son chef de chantier qui avaient embauché les deux victimes.

Pour l'expert qui devait vérifier la conformité de l'installation de la nacelle, une peine de dix-huit mois de prison avec sursis dont huit mois ferme a été demandée.

Enfin, la magistrate a requis jusqu'à deux ans de prison avec sursis et 45 000 euros d'amende contre trois sous-traitants. Pour leurs sociétés poursuivies en tant que personnes morales, une amende de 150 000 euros d'amende a été demandée, ainsi que la diffusion de la décision sur leur site internet pendant trente jours.

"C'est le concours Lépine de la plus mauvaise entreprise de travaux publics", a ironisé Me Jean-Philippe Feldman, avocat des deux familles des victimes, lors de sa plaidoirie mercredi matin.

"La plateforme a été montée n'importe comment par des personnes incompétentes" où "chacun se renvoie la responsabilité", a résumé l'avocat, pour qui les prévenus "se fichaient comme de leurs premiers travaux publics de la mort de M. Azzouz et M. Benstaali".

Source : AFP

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