Sept hommes et trois entreprises sont jugés à partir de ce lundi à Bobigny pour déterminer leur responsabilité dans la mort de deux ouvriers sans-papiers après une chute d'une dizaine de mètres en 2019 à Épinay-sur-Seine.
Le procès de sept hommes et trois entreprises s'ouvre ce lundi au tribunal correctionnel de Bobigny en Seine-Saint-Denis. Celui-ci visera à déterminer leur responsabilité dans la mort de deux ouvriers sans papiers et sans formation sur un chantier à Épinay-sur-Seine en juin 2019.
Âgés de 37 à 61 ans, les prévenus sont poursuivis notamment pour "homicide involontaire" et "travail dissimulé". Ils encourent jusqu'à cinq ans d'emprisonnement et 75.000 euros d'amende. Trois entreprises du BTP sont également sur le banc des prévenus en tant que personne morale.
Chute d'une nacelle de plusieurs dizaines de mètres
Les deux travailleurs ont chuté d'une nacelle placée à plusieurs dizaines de mètres sur le chantier de réhabilitation de la cité La Source, un chantier de 478 logements dont le bailleur est Plaine Commune Habitat. Ils travaillaient à la rénovation thermique par l'extérieur d'un bâtiment lorsque la nacelle sur laquelle ils travaillaient s'est détachée.
D'importantes rafales de vent avaient touché la région parisienne ce jour-là, insuffisantes toutefois pour stopper les travaux, ont jugé les chefs de chantier. Selon un rapport d'expertise cité par un avocat de la défense, "un défaut d'ancrage" de la nacelle a été identifié. "Le procès, qui sera très technique, va déterminer qui est le responsable de la défaillance", explique cet avocat sous couvert d'anonymat. Sitôt, après l'accident, une enquête avait été confiée à la police judiciaire de Seine-Saint-Denis pour déterminer ses causes. "C'est un procès classique du BTP", a estimé avant l'audience Me Jean-Philippe Feldman, avocat des deux familles des victimes. "Comment deux personnes non qualifiées se sont retrouvées sur ce gros chantier ?", a-t-il déclaré à l'AFP. Le procès se tiendra jusqu'à vendredi.
Ces dernières années, avec des chantiers d'ampleurs tels que le Grand Paris Express ou les aménagements prévus pour les Jeux olympiques de Paris 2024, plusieurs accidents mortels ont concerné des salariés d'entreprises sous-traitantes ou prestataires de services.
Les accidents du travail touchent des centaines de milliers de personnes chaque année en France et le bâtiment reste le secteur le plus accidentogène, selon l'Assurance Maladie, qui a reconnu pendant l'année 2021 un total de 645 décès en accident du travail tous secteurs confondus.
Avec AFP