L'événement bénéficiera-t-il au niveau local en termes d’emplois ? Travaux, services… A l’approche des Jeux Olympiques, on fait le point en Seine-Saint-Denis, à 1000 jours de Paris 2024.
Au futur village olympique, les travaux se poursuivent. Nicolas de Bonnaventure, chef de l’agence Emulithe, a remporté l’un des marchés de voirie à Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis). Ce patron, dont la PME est basée dans le département, à Aubervilliers, indique la présence de "cinq personnes issues de l’insertion" sur le chantier.
"Ça représente quatre personnes intérimaires, explique le patron. Ça nous a poussés à recruter du personnel qu’on espère bien pouvoir embaucher à l’issue de cette opération." La plupart des appels d'offres sont toutefois attribués à de grands groupes, sans ancrage local. Les marchés publics en question ne contiennent aucune clause privilégiant la Seine-Saint-Denis : c’est interdit par le droit européen.
"Dans des marchés publics, on ne peut pas dire qu’on va favoriser les entreprises d’un territoire par rapport à un autre", souligne Antoine du Souich, directeur de la stratégie et de l'innovation à la Solideo (Société de livraison des ouvrages olympiques), l’organisme en charge des aménagements liés à l’événement sportif. "En revanche, on a activé tout le réseau territorial, de façon à ce qu’en face à des besoins en emplois des entreprises, on ait véritablement des profils de candidats de Seine-Saint-Denis", ajoute-t-il.
Les organisateurs promettent ainsi de soutenir ce territoire, en dépit de clauses défavorables. A noter que 25% des marchés sont ouverts à toutes les TPE et PME françaises ou étrangères de l’Economie Sociale et Solidaire (ESS). 10% des heures travaillées sont par ailleurs dédiées à l'insertion.
"Les appels d'offres qui sortent actuellement sont tournés vers les Parisiens"
D’après Francis Dubrac, président de l’association d'entreprises Plaine Commune Promotion, les promesses ne sont pas tenues. "Les appels d'offres qui sortent actuellement sont tournés vers les Parisiens", dit "haut et fort" l’entrepreneur.
"Pour prendre l’exemple des VTC : 2000 chauffeurs de VTC à Saint-Denis, 17 000 en Seine-Saint-Denis. Ils se rassemblent pour répondre à un appel d’offres, on retient des entreprises de VTC de Paris qui n’ont même pas de voitures, et qui vont sous-traiter à nos VTC. Là je dis stop", ajoute Francis Dubrac.
Ces recrutements, on les fait d'abord en formant nos propres employés en parcours d’insertion
La Seine-Saint-Denis aimerait justement tirer son épingle du jeu via le secteur des services. Baluchon, une entreprise basée à Romainville a par exemple décroché un contrat de traiteur. Il va donc falloir recruter, au niveau local. Louise Fourquet, présidente de l’entreprise, affirme que la société va "doubler en termes d’emploi" : "Ces recrutements, on les fait d'abord en formant nos propres employés en parcours d’insertion aux métiers de la restauration, pour qu’ils deviennent des professionnels confirmés de demain".
Le reste des recrutements se fera en externe, "au fil des nouveaux projets", complète Louise Fourquet. Restauration, gardiennage, transports… Comment recruter dans des filières aujourd’hui en tension ? Autre défi de ces jeux : ces emplois seront-ils pérennisés ?