Dans le bassin du Centre Aquatique de Saint-Denis, Mehdi Marzouki jouera devant sa famille et ses amis. Le natif de Noisy-le-Sec sera le leader de l'Equipe de France de water-polo. Un sport physique qui lui a permis de se construire aussi bien dans l'eau qu'en dehors.
"Si l'on m'avait dit que je finirais ma carrière en water-polo par des JO chez moi, je n'y aurais pas cru." À 9 ans, Mehdi Marzouki était loin de se douter que ses premiers battements de jambes dans la piscine située à 100 mètres de chez lui à Noisy-le-Sec le mèneraient un jour à disputer les Jeux Olympiques avec l'Equipe de France.
Pourtant, en août prochain, l'enfant de la Seine-Saint-Denis tentera avec ses coéquipiers une performance jamais réalisée par les Bleus en water-polo. Remporter une médaille olympique. Portrait.
Ses parents le mettent d'abord au judo pour canaliser son énergie. "J'en ai fait pendant un an. J'avais besoin de me dépenser. Je faisais aussi du basket avec mes amis mais le judo m'a permis de cadrer mon énergie et d'acquérir une discipline." Au bout d'un an, il quitte les tatamis pour les bassins. "La piscine était en dessous du dojo où l'on pratiquait le judo et cela m'a attiré", se souvient-il.
Il apprend d'abord à nager puis découvre le water-polo. "Lorsque je nageais, je voyais l'équipe s'entraîner dans le bassin d'en face. J'avais l'habitude des sports de balle et me sentais à l'aise dans l'eau, donc j'ai fait savoir à l'entraîneur que je souhaitais essayer."
Au départ, je jouais plus au foot et au basket avec eux qu'au water-polo puis je me suis pris au jeu petit à petit.
Mehdi Marzouki
Lorsqu'il démarre à 9 ans, il est le seul parmi ses amis à pratiquer ce sport encore peu répandu à l'époque. "Certains jouaient au foot ou au basket mais ils se demandaient tous ce que j'allais faire avec cette grosse balle jaune dans une piscine. Pour eux, j'étais devenu "Mehdi le poloïste", se remémore-t-il avec nostalgie. "Au départ, je jouais plus au foot et au basket avec eux qu'au water-polo puis je me suis pris au jeu petit à petit".
"Un combat dans l'eau"
Il découvre alors un sport de contact qu'il assimile à un "combat dans l'eau." "Pour être bon dans ce sport, il faut être un bon nageur mais également ne pas avoir peur de se faire mal. Beaucoup de coups partent sous l'eau. On peut s'appuyer sur l'adversaire avec les pieds pour avancer dans l'eau et il faut être fort du haut du corps, car on n'a jamais pied dans la piscine. Lorsque l'on veut tirer la propulsion se fait entièrement avec le buste. Il faut être explosif et avoir un très bon gainage", explique-t-il.
En water-polo, il n'y a pas de catégorie d'âge, tout se fait en fonction du niveau de chacun.
Mehdi Marzouki
Aux côtés de ses copains, il apprend vite. "En water-polo, il n'y a pas de catégorie d'âge, tout se fait en fonction du niveau de chacun. À 10 ans, je pouvais me retrouver à jouer contre des adolescents de 15 ans. Cela forge le caractère dans l'eau", sourit-il.
Après une carrière en jeunes remarquée du côté de Noisy-le-Sec, il intègre l'Institut National du Sport, de l'Expertise et de la Performance (INSEP) à Paris. "Là-bas j'ai appris la rigueur du haut-niveau, l'importance de la préparation et des entraînements."
Au moment de passer professionnel, il retourne dans son club de cœur. "C'était une manière de remercier tous ceux qui m'avaient formé durant toutes mes années en jeunes." Chez les pros, il s'entraîne 27 heures par semaine. "En entrant dans ce monde, on apprend la notion de sacrifice qui est très importante au haut-niveau. On met notre vie personnelle de côté et on consacre 80% de note temps au sport. C'est parfois très difficile d'être éloigné de ses proches mais ce sont des sacrifices nécessaires."
Un globe-trotteur des bassins
Ce spécialiste de l'attaque passe ses premières années chez les pros parmi l'élite du water-polo français. "Je suis allé à Nice et Marseille pour m'émanciper de l'Île-de-France et sortir de ma zone de confort.
En 2014, il s'envole pour Barcelone et découvre le championnat espagnol. Pendant 4 ans, il enchaîne les expériences à l'étranger. "J'ai joué en Allemagne et en Russie avant de revenir à Noisy en 2018." Ces saisons loin de chez lui ont permis de se construire en tant que jeune adulte. "Cela m'a forgé un caractère et ouvert l'esprit. Le voyage permet de découvrir les autres, leur façon de jouer et de vivre. Cela m'a permis d'évoluer en tant que joueur, mais aussi en tant qu'homme. Les clubs étrangers me responsabilisaient davantage car ils ont des quotas de joueurs étrangers à respecter."
Terminer ma carrière à Saint-Denis me permettra de jouer devant ma famille et mes amis.
Mehdi Marzouki
Pour le tournoi olympique, le trentenaire finira sa carrière dans le département qui l'a vu grandir. Une fierté pour lui. "C'est une façon de boucler la boucle. Terminer ma carrière à Saint-Denis me permettra de jouer devant ma famille et mes amis."
En février dernier, l'Equipe de France a atteint la demi-finale des championnats du monde sans son leader charismatique. "On a décidé d'un commun accord avec les dirigeants de me préserver physiquement avant les Jeux", souligne-t-il.
Pour cette olympiade à domicile, les Bleus espèrent s'installer parmi les meilleures équipes du monde. "On y va pour la médaille, ce serait une belle progression sachant que durant tout mon début de carrière, nous faisions partie des équipes de deuxième division en Europe."
Le tournoi de water-polo se déroulera du 5 au 11 août prochain. Il aura lieu au Centre Aquatique à Saint-Denis sauf pour la finale qui se tiendra à la Défense Arena à Nanterre.