Ces 82 Roumains - ressortissants de l'Union européenne donc pouvant voter aux élections municipales - résidant tous à la même adresse. Mathieu Hanotin, candidat socialiste dans la ville de Saint-Denis, annonce qu'il va déposer un recours pour fraude sur les listes électorales.
L'inscription de 82 Roumains domiciliés à la même adresse sur les listes électorales de Saint-Denis (Seine-Saint-Denis) a déclenché un bras de fer entre le candidat socialiste Mathieu Hanotin, qui soupçonne une fraude, et le maire communiste Didier Paillard, qui dénonce une stigmatisation.
Le député socialiste a annoncé mercredi 5 mars 2014 qu'il déposerait dans la journée un recours au tribunal d'instance pour fraude sur les listes électorales, après avoir été "surpris de constater que sur 206 électeurs de l'Union européenne inscrits à Saint-Denis, 82, tous d'origine roumaine, résident à la même adresse". "Nous avons de vrais doutes sur les contrôles des domiciles de 48 personnes qui vivent dans ce bidonville. Si des éléments de preuves sont apportés, tant mieux, mais il y a des personnes dont nous n'avons pas réussi à retrouver les preuves de la réalité de la résidence", a-t-il déclaré lors d'un point-presse dans son local de campagne à Saint-Denis. Dénonçant des "conditions démocratiques qui ne sont pas respectées", Mathieu Hanotin constate "une hausse brutale pour une seule et même adresse" et déclare "douter du caractère individuel de la démarche" d'inscription sur les listes.
Pour Didier Paillard, actuel maire de Saint-Denis et tête de liste Front de gauche-EELV-MRC aux élections, "l'accusation grave d'inscriptions frauduleuses sur les listes électorales de personnes de nationalité roumaine" relève de la "rumeur" et de la "stigmatisation". Selon lui, le terrain où vivent ces Roumains a été mis à disposition de la ville par l'État et "accueille depuis avril 2012, 205 personnes dont près de 150 adultes été expulsées" d'un autre bidonville en juillet 2010. "M. Hanotin reformule une accusation publiée en février sur le blog du candidat local du Front national (...) Le fait que (ces accusations) concernent des citoyens roumains de culture rom, interroge sur les motivations de cette rumeur", écrit-il dans un communiqué, rappelant que "l'ensemble des inscriptions ont été soumisesà la Commission administrative de révision des listes électorales". Selon M. Paillard, "deux inscriptions ont été refusées par ladite commission" qui a gardé "81 électeurs" domiciliés dans ce camp.
Bastion communiste de 105.000 habitants, Saint-Denis est l'un des symboles de la bataille que se livre la gauche, qui part très divisée avant les municipales en Seine-Saint-Denis.