En Seine-Saint-Denis, des travailleurs sans papiers de six entreprises sont en grève pour dénoncer, avec l'aide de la CGT, comment certaines entreprises profitent de leur absence de statut et de quelle façon ils sont traités
Cette fois, le déclencheur, c'est l'imminence du projet de loi "asile et immigration" que prépare le gouvernement et qui sera présenté la semaine prochaine en Conseil des Ministres, le mercredi 21 février.
L'un des objectifs affichés de ce texte, part d'une bonne intention puisqu'il s'agit de renforcer la pénalisation du travail clandestin. Notamment en prévoyant de lourdes peines pour tout individu qui travaillerait sous une fausse identité. Sur le papier donc, la disposition semble pleine de bon sens.
Mais c'est méconnaître la réalité, une réalité qui aujourd'hui tient une place déterminante dans le fonctionnement de bon nombre d'entreprises et dans leur rentabilité, particulièrement pour toutes celles qui remplissent des tâches pénibles ou peu gratifiantes.
Tous ces travailleurs sans papiers procèdent de la même manière: ils se font prêter des papiers par un ami en règle. C'est d'ailleurs souvent la première étape d'un lot d'ennuis car il n'est pas rare que certains se fassent rançonner par celui qui prête les papiers.
L'employeur, l'entreprise qui embauche ce sans papier qui arrive avec des papiers empruntés n'est en réalité pas dupe. Mais pour l'entreprise, c'est "tout bénéfice".
Le sans papier est infiniment plus fragile. Il ne peut avoir les mêmes exigences salariales ou de conditions de travail. Il est donc contraint d'accepter toutes les conditions de l'entreprise et de se taire.
Dans la grande majorité des cas, les entreprises qui ont ces pratiques, ont en réalité recours à des sociétés d'intérim. Ce sont ces sociétés qui embauchent officiellement ces sans papiers. Cela permet un écran supplémentaire et permet donc à l'entreprise d'éviter les problèmes.
Reportage Mathieu Caillaud et Emmanuelle Hunzinger