Depuis trois semaines, plusieurs communes de Seine-Saint-Denis sont victimes d'une cyberattaque. Les pirates informatiques demandent une rançon de 4 millions d'euros. Au quotidien, le fonctionnement des mairies est perturbé.
Adresses mail défectueuses, postes fixes inutilisables et registres numériques d'état-civil indisponibles. Voici à quoi ressemble depuis trois semaines le quotidien de plusieurs mairies de Seine-Saint-Denis. Depuis début décembre, plusieurs collectivités locales dionysiennes subissent une attaque informatique de grande ampleur qui paralyse leurs services informatiques.
Parmi les villes touchées se trouvent Bobigny. Dans cette commune, l'administration a dû débrancher son accès internet pour tenter de limiter la propagation. Privés de connexion, les employés se sont retrouvés dans l'incapacité d'assurer la continuité du service public.
A Bobigny, le retour des photocopies et courriers
Des adresses temporaires ont été créées pour pouvoir communiquer avec le public et des boîtiers 4G installés pour permettre aux employés d'aller sur Internet via les ordinateurs portables.
Au-delà des adaptations de la part des employés, cette attaque informatique impacte aussi le quotidien des habitants des communes concernées. Pour obtenir un acte de naissance ou de décès, les habitants doivent désormais se rendre en personne à l'état-civil et ne peuvent plus accéder au service en ligne. "On revient à d'anciennes pratiques. On fait des photocopies du registre et on envoie par courrier ou par mail à la demande. C'est beaucoup plus lent mais on s'adapte", assure Caroline Monéo au service Relations usagers à la mairie de Bobigny. Les factures pour les activités périscolaires ne peuvent être envoyées ni les sommes encaissées.
A la Courneuve, les employés sont obligés de s'adapter au quotidien
Les employés municipaux de la Courneuve s'efforcent de trouver des solutions pour s'adapter. "On est en train de trouver des solutions un peu partout sous forme de tableaux Excel, d'archivage papier ou d'utilisation d'un autre logiciel", explique le directeur général des services de la commune. "Du jour au lendemain, nous n'avions plus aucun mail. Ce n'est pas si désagréable que ça au début, mais ça pose un vrai souci au niveau de la circulation de l'information" note-t-il.
Au Blanc-Mesnil, des calculs à la main pour les salaires
La commune du Blanc-Mesnil est également touchée par cette attaque. Si les mails des employés fonctionnent, ce sont des logiciels de gestion des ressources humaines qui sont impactés. Par conséquent les quelque 1 300 agents municipaux de la ville n'ont pas reçu leur paie de décembre avant Noël comme à l'accoutumée. Elle ne leur sera versée que dans quelques jours. "Le fait d'être privés des logiciels nous oblige à travailler à l'ancienne, ils reprennent les fiches une par une, refont les calculs à partir de ce qui a été payé le mois dernier, c'est plus compliqué à éplucher" indique le cabinet du maire.
Plusieurs communes de Seine-Saint-Denis précédemment touchées
Les pirates à l'origine de cette attaque demandent aux communes concernées une rançon de 4 millions d'euros en échange du rétablissement des services numériques. Aucun retour à la normale n'est en vue pour le moment.
Rached Zehou, conseiller municipal délégué à Bobigny et président de la Société pour l'informatique industrielle confie que "nos sauvegardes nous permettront de retrouver un fonctionnement normal sans avoir à payer une rançon." Avant de pouvoir rallumer entièrement les serveurs, les autorités doivent s'assurer que la menace a été circonscrite et que les systèmes ne risquent pas une nouvelle attaque aussitôt après.
Porter plainte
Cette attaque généralisée sur la Seine-Saint-Denis, n'est pas une première en termes d'attaque informatique. En effet, selon un récent rapport de l'Agence nationale de la sécurité des systèmes d'information, en l'espace d'une année, les villes de Villepinte, Bondy et Pantin ont été victimes d'agressions informatiques d'ampleur, affectant leur fonctionnement.
Selon Jérôme Saiz, consultant en cybersécurité, "il est difficile mais pas impossible d'arrêter ces cybercriminels. Il y a des unités au sein de la police nationale et de la gendarmerie qui travaillent à recouper toutes les informations. C'est important pour toutes les victimes privées ou publiques de déposer plainte car tous les éléments sont ensuite croisés et donnent lui à des arrestations à l'étranger", explique-t-il.