Depuis la réception jeudi dernier d’un message anonyme formulant des menaces de mort contre les adultes de l’établissement, le collège tourne au ralenti. Alors que les professeurs ont décidé de cesser le travail, la direction de l’académie a refusé leur droit de retrait.
"Vous êtes de la vermine". Le message, glissé jeudi matin sous la porte de la salle où les professeurs prennent leurs repas, menace de "tuer" les adultes du collège Alfred-Sisley à L’Île-Saint-Denis (Seine-Saint-Denis). Suite à la réception de cette lettre anonyme, les personnels ont décidé d’exercer leur droit de retrait, dès l’après-midi.
Cette demande a été refusée par la direction de l’académie, au motif que "les conditions de sécurité au sein de l’établissement" seraient "assurées". La hiérarchie a accordé une audience aux professeurs, prévue le mardi 8 juin (soit dix jours après), en leur demandant de reprendre le travail en attendant.
Les personnels dénoncent, eux, un manque de considération. "On est extrêmement choqués", explique un prof d’histoire-géo, venu manifester avec plusieurs collègues ce mardi matin devant la Direction des services départementaux de l’éducation nationale (DSDEN) à Bobigny. Il pointe un "sentiment d’abandon".
On ne voit pas comment on pourrait retourner devant nos classes comme si de rien n’était
"On ne comprend pas, déplore-t-il. On se sent en danger, on se sent mal dans notre établissement. Et là on nous demande de retourner travailler parce que c’est ce qui semble être le plus important pour notre hiérarchie : ne pas faire de vagues. Alors que ce sont des faits graves. Avec mes collègues, on ne voit pas comment on pourrait retourner devant nos classes comme si de rien n’était, alors que rien n’est fait."
Les profs demandent le classement de leur collège en REP+
Au-delà du droit de retrait, les personnels demandent aussi plus de moyens humains. Ils réclament ainsi le classement de leur établissement en "réseau d'éducation prioritaire renforcé" (REP+). "Il n’y a pas assez d’adultes en général, affirme une autre prof venue également manifester ce mardi. Et il y a la question des surveillants, des CPE et des médiateurs et acteurs de la ville."
Dans un communiqué daté de lundi, relayé par le syndicat SNES-FSU 93, les personnels du collège dénoncent "avec la plus grande fermeté le mépris et le manque de considération". "De tels phénomènes de violence sont générés par un abandon par les pouvoirs publics du territoire et de sa population, en particulier de ses jeunes", pointe le texte.
? CLG Alfred Sisley (L’Île-Saint-Denis)
— SNES-FSU 93 (@snesfsu93) June 1, 2021
Droit de retrait et communiqué des personnels suite à la réception d’une lettre de menaces de mort adressée à des adultes de l’établissement - 31.05.2021 ?@93Fsu @SnesFsuCreteil @SNESFSU https://t.co/LPFPs4MZ8S
Sept profs de l’établissement étaient en arrêt maladie ce mardi, selon les personnels venus manifester à Bobigny. Le collège compte une trentaine de professeurs au total.
Les personnels avaient déjà manifesté vendredi dernier devant le siège de la DSDEN. A noter par ailleurs que les profs avaient déjà demandé l’an dernier le classement en REP+, après des faits de violence. Mais ils n’avaient pas été entendus. Pour ce qui est des menaces de mort, le directeur de l’établissement a décidé de porter plainte au nom du collège. Une enquête a été ouverte.