Une fresque en hommage à Adama Traoré et George Floyd a été inaugurée le 18 juin dernier à Stains en Seine-Saint-Denis. Depuis la polémique a enflammé les réseaux sociaux. Le syndicat policier Alliance a appelé à un rassemblement aujourd'hui. Tout comme le comité La Vérité pour Adama.
C'est la fresque de la discorde. Réalisée par le collectif stanois Art, elle est à l'effigie de George Floyd, un homme noir, mort lors de son interpellation aux Etats-Unis et d'Adama Traoré, jeune homme noir mort en juillet 2016 après son interpellation par les gendarmes à Beaumont-sur-Oise dans le Val-d'Oise. Au-dessus des visages, on peut y lire : "Contre le racisme et les violences policières."
L'œuvre, rue Pierre de Geyter à Stains, a été inaugurée jeudi 18 juin par Azzédine Taïbi, le maire de la ville, en présence du collectif La vérité pour Adama. "Cette fresque est une expression artistique et pacifiste, en soutien et hommage à toutes les victimes de l'injustice", a-t-il affirmé, estimant qu'il fallait "dénoncer les comportements inadmissibles de certains policiers qui outrepassent leurs droits."
"Contre le racisme et les violences policières"
Violences policières. Ce sont ces deux mots associés et écrits au dessus des deux visages qui ont fait bondir des policiers appelant sur les réseaux sociaux à manifester et effacer le mot jugé offensant. "Aujourd’hui, à travers cette fresque, inaugurée par un élu de la République à Stains, nous sommes une nouvelle fois stigmatisés. Nous demandons le retrait du terme "policières". Ce mot nous dérange", affirme Grégory Goupil, le secrétaire national-adjoint Île-de-France du syndicat Alliance. Et de poursuivre : " 'Non au racisme et aux violences', nous pose aucun problème mais 'Non au racisme et aux violences policières', cela vient entacher notre profession et il n'est pas acceptable de laisser ce mot. C’est un appel à la haine. En aucun cas nous ne voulons peindre sur le visage d'Adama Traoré comme le dit le collectif."
Tout le week-end, la polémique a fait rage sur les réseaux sociaux, la police appelant à un rassemblement devant la fresque. Tout comme le collectif Adama.
Alliance 93 dénonce la fresque nouvellement inaugurée à Stains par le Maire en personne en présence du collectif "...
Publiée par Alliance Police Nationale 93 - PAF Roissy CDG/ Le Bourget sur Samedi 20 juin 2020
En réponse, le comité Vérité pour Adama a également souhaité se rassembler au même moment devant la fresque et a denoncé la volonté de peindre sur le visage d'Adama Traoré "Effacer mon frère, recouvrir son visage, c'est nier son existence. (...) C'est profaner nos morts", s'était insurgée dimanche, dans une vidéo en ligne, Assa Traoré, la œur d'Adama.
??? ALERTE ???
— La Vérité Pour Adama (@laveritepradama) June 20, 2020
L’action du syndicat policier alliance 93 qui appelle à repeindre le mur où est représenté mon frère Adama est un geste infamant et injurieux. 1/6 pic.twitter.com/qWIeJjttJw
Rassemblement policier à Bobigny et du Comité la vérité pour Adama à Stains
Le syndicat de police Alliance avait initialement appelé à un rassemblement à Stains devant la fresque à 16 heures aujourd'hui. Finalement, suite aux appels du maire de Stains craignant des débordements, il a lieu devant la préfecture de Seine-Saint-Denis. Contacté, le maire de Stains n'a pas souhaité répondre à nos questions. Dans un communiqué, il s'est réjoui de l'annulation de la manifestation à Stains craignant des troubles à l'ordre public.
Deux cents policiers se sont donc réunis ce lundi devant la préfecture de Bobigny. Une délégation a été reçue par le préfet. "On va demander au préfet de solliciter officiellement le maire de Stains pour lui demander d'enlever la phrase sur la fresque", a expliqué Fabien Vanhemelryck, secrétaire général du syndicat Alliance.
"Nous nous rassemblons pour crier notre raz-le bol. Depuis des semaines, nous sommes stigmatisés, nous n'avons aucune considération et nos conditions de travail sont déplorables", rappelle Grégory Goupil. "On ne cherche pas la confrontation, on est des policiers républicains, nous respectons les lois de la République et il n' y a jamais eu de débordements quand nous nous rassemblons", ajoute le syndicaliste policier.
A Stains, une petite centaine de soutiens au collectif La vérité pour Adama s'est réunie. Assa Traoré, la sœur d'Adama a salué le fait que les policiers aient renoncé à se rassembler devant la fresque. Elle a rappelé le droit à la liberté d'expression artistique.