Une Bibliothèque d'objets a ouvert début avril à Montreuil. Elle propose à ses adhérents d'emprunter, à petits prix, des objets plutôt que de les acheter. Une façon de lutter contre la surconsommation.
Une shampouineuse à moquette, une tondeuse, des cannes à pêche, un barbecue électrique, un jeu de boule, une turbine à glace, des brassards de natation pour les enfants… Plus de 400 objets sont disponibles à la location sur le catalogue de la Bibliothèque d'objets de Montreuil (BOM).
Dans une petite rue près de la Croix-de-Chavaux, à Montreuil en Seine-Saint-Denis, un ancien centre de santé de 600 m² géré par l'association l’Observatoire du Partage a ouvert ses portes en avril dernier. Le principe est comparable à celui d'une bibliothèque mais avec des objets.
Clément, un jeune trentenaire passe ce mercredi à la BOM. Il vient rendre un appareil à raclette qu'il avait emprunté la semaine dernière pour une fête d'anniversaire. "Je suis parti a la recherche d'un appareil à raclette pour l'anniversaire de ma compagne et il se trouve qu'à la BOM l'appareil à raclette était déjà prêté et l'autre en panne", explique Clément. "Pour me dépanner, une bénévole m'a très gentiment prêté le sien et pour la remercier de ce dépannage en urgence je lui ai apporté un petit bouquet".
"C'est vrai que l'appareil à raclette c'est l'objet le plus demandé en ce moment, c'est normal c'est de saison", rigole Tatiana, coordinatrice de la BOM. Elle passe de salle en salle pour nous faire visiter sa grotte d'Ali Baba. Sur des étagères sont rangés, le matériel de puériculture, l'électroménager. Dans les salles suivantes, les outils de jardinage, de bricolage, le matériel de camping.
"Il y a encore peu de temps, l'objet qui sortait le plus c'était le Karcher, c'est le type de matériel qui coûte très cher et qui ne sert que ponctuellement", précise-t-elle.
"A titre d’exemple, il faut savoir qu'une perceuse électrique est utilisée entre 12 à 20 minutes en moyenne sur toute sa durée de vie."
Tatiana, coordinatrice de la BOM
La BOM est un lieu où l’on peut emprunter des objets qu'on utilise rarement ou ponctuellement à prix modique. Pour en bénéficier, il faut adhérer à l'association, dix euros à l'année, voire 5 ou 1 euro, selon ses moyens. La location est ensuite facturée à la semaine en fonction de la valeur de l'objet, par exemple : 5 euros pour une perceuse, 10 euros pour une tondeuse à gazon.
Barbara a connu la BOM par le bouche-à-oreille. Elle habite Montreuil et pour les travaux de rénovation de son appartement elle a emprunté une ponceuse. "On a trouvé facilement à réserver l'objet dans le catalogue en ligne. On a l'a utilisé pendant deux semaines et maintenant je la rends et je sais qu'elle va servir à quelqu'un d'autre et j'aime bien ce principe", explique-t-elle.
"J'ai vu aussi qu'il y avait la possibilité d'emprunter des jeux de société", poursuit la jeune femme, "la prochaine fois, je pense que j'en choisirai pour mes enfants. Plutôt que d'accumuler des boites dans les placards, je trouve ça chouette que l'on puisse y jouer un moment puis qu'ils servent à d'autres", résume-t-elle.
Encourager la mutualisation plutôt que l'achat
On patiente devant le comptoir. Un habitué rend du matériel électrique et donne un niveau et des forets pour perceuse, un autre apporte une décolleuse papier peint. Tatiana est ravie, "C’est génial, on n’en a qu’une et on nous en demande tout le temps. Quelques uns des objets ont été achetés neufs par "l'objethèque" de Montreuil mais ils sont plus souvent d'occasion, et 80% viennent de dons", précise Tatiana.
Initiation à la réparation
Victor, un habitant du quartier arrive dans le hall, il a rendez-vous pour la réparation de sa bouilloire qui est "capricieuse", explique-t-il. "Je viens ici parce que ça coûte beaucoup moins cher que de racheter un objet neuf" et aussi, sourit-il, "j'aime bien la philo, je trouve ça mieux de pouvoir réparer que d'avoir à jeter."
Michel, dit "Tonton Sim" le rassure : "On va pouvoir arranger ça, ce n'est pas compliqué". La BOM propose deux fois par semaine, les mercredis et samedis après-midi, des ateliers de co-réparation à prix libre.
Tonton Sim, co-réparateur, s'installe dans son atelier. De l'autre côté de la table, Victor regarde et suit les explications. "Ce n'est pas la résistance", dit Tonton Sim, "car sinon cela provoquerait un court jus qui ferait sauter le courant, mais si la bouilloire se met à chauffer puis s'arrête, a priori c'est le thermostat". Pour régler le problème, il suffit de d'ouvrir la bouilloire et de changer la pièce", propose Tonton Sim.
Redonner vie à vos piles
La BOM n'est pas à cours d'idées pour favoriser le réemploi. Chaque année en France, 600 millions de piles sont vendues, la BOM a demandé à RegenBox, un régénérateur de piles alcalines, d’installer une unité capable de régénérer 200 piles par jour. Une offre gratuite qui permet de venir avec ses piles usagées et de repartir avec des piles fraîchement rechargées. "Cela permet de diminuer une quantité considérable de déchets produits chaque année", se félicite Tatiana.
La BOM se conçoit comme un tiers-lieu de l’économie circulaire du quotidien. Établie sur 600 m2, outre la bibliothèque, on peut y suivre des cours de couture, s’initier à la menuiserie, louer un studio de répétition avec batterie.
Achetez moins, jetez moins, partagez plus ! Une philosophie qui fait doucement son chemin. La bibliothèque des objets de Montreuil fait partie du réseau des “objethèques” qui en compte une dizaine en France. Elle est ouverte au public les mercredis et samedis de 11h à 19h.