Orly, Bobigny ou encore Argenteuil font partie des communes d’Île-de-France où il y a peu de chirurgiens-dentistes. Dès le 1er janvier, leur installation dans certains endroits sera limitée. Objectif : réduire le déséquilibre entre zones "très sous dotées" de dentistes et celles qui sont au contraire "sur-dotées".
22 617 communes sont considérées comme "très sous dotées" en chirurgiens-dentistes, selon les données de Cartosanté. Ces cartes en ligne du ministère de la Santé répertorient les installations de médecins en France et dans ses départements d’Outre-mer.
En Île-de-France, elles soulignent que peu de dentistes sont installés dans les départements de Seine-et-Marne, des Yvelines ou encore dans l’Essonne. D’autres communes plus proches de Paris, comme Orly (Val-de-Marne), Bobigny (Seine-Saint-Denis) et Argenteuil (Val-d’Oise) ne sont pas épargnées non plus par ce déficit.
Un manque de dentistes que de nouvelles règles mises en place pour la première fois doivent essayer de résorber, à compter de ce début d’année 2025.
Une majeure partie de la région concernée par ces nouvelles mesures
Dans ces zones où il y a déjà beaucoup de dentistes, l’Assurance Maladie pourra refuser de conventionner un nouvel arrivant. Conséquence : le dentiste qui s’installe tout de même dans ce territoire peut soigner ses patients, mais leurs soins ne seraient alors pas remboursés. Les seules exceptions à cette règle concernent les remplacements de départs à la retraite ou les cessations d’activités.
En Île-de-France, les beaux quartiers de l’ouest parisien ou encore la ville de Neuilly-sur-Seine (Hauts-de-Seine) font par exemple partie des 0,2 % de communes sur-dotées. Cette nouvelle mesure va donc s’appliquer à la quasi-totalité des arrondissements de Paris. Cela va être le cas pour l’hypercentre et l’ouest de la capitale, mais aussi à des communes des Hauts-de-Seine et à une commune des Yvelines, comme nous l’indiquions déjà.
À noter que cette liste va s’allonger, puisque les données de certaines régions ne sont pas encore connues.
Des incitations financières mais des désaccords subsistent
Les chirurgiens-dentistes voient leur aide à l’installation dans ces zones très sous-dotées doubler. Elle est en effet portée à 50 000 euros, s’ils s’engagent à rester cinq ans sur le même territoire. Une contrepartie obtenue de l’Assurance Maladie par deux syndicats de dentistes représentatifs de la profession. Ces mesures, finalement, "sont équilibrées dans le sens où elles privilégient davantage de chirurgiens dentistes qu'elles n'en pénalisent", estime Julien Cardona, secrétaire général adjoint de CDF (Chirurgiens dentistes de France).
Tout en nuançant légèrement son propos. "Si on avait pu éviter ces dispositions, on aurait été ravi. Mais chaque année, la question de la contrainte à l'installation revenait, et on fait le constat qu'il y a un vrai problème d'accès aux soins. On a pensé qu'il valait mieux négocier ces contraintes, avec un impact plus raisonnable, plutôt que ce soit imposé de manière unilatérale", ajoute-t-il.
Une nuance suivie aussi par l’association France Assos Santé, qui représente des patients."Ça ne va pas tout résoudre. On a un problème de renouvellement de la profession. Ces médecins, ces chirurgiens-dentistes qui partent à la retraite", souligne Catherine Simmonin, membre du bureau de cette organisation. Elle salue toutefois "un vrai pas en avant pour les usagers, pour avoir un peu plus d’équité dans l’accès aux soins".
Autre son de cloche, en revanche, pour les étudiants et les jeunes diplômés. "Pour nous, c'est le début d'un système coercitif", s'agace Ralitsa Androlova, présidente de l'Union nationale des étudiants en chirurgie dentaire (UNECD). "Ce dispositif met fin à la liberté d'installation, alors qu'on s'engage dans ces études pour exercer un métier libéral", d’après elle.
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En attendant, cette nouvelle mesure a donné des idées à 237 députés de plusieurs partis politiques. Ces parlementaires ont déposé une proposition de loi. Si elle est adoptée, un médecin ne pourrait alors s’installer dans une zone où l’offre de soins est déjà suffisante que si un praticien de même spécialité y cesse son activité.