Exclu du Parti communiste avant que ne débutent les événements de 68, Jean Schalit a créé le journal Action au soir même de l'évacuation de la Sorbonne, le 3 mai 68. Un journal qui deviendra rapidement celui de Mai 68.
A l'école des Beaux-Arts, on raconte Mai 68 en images. Dans le hall d'entrée, un panneau attire l'œil et les questions des plus jeunes, ce sont les unes du journal Action. "C'était le journal des comités d'actions, on y croyait à la Révolution", explique Jean Schalit
Fondateur journal Action.
Lorsque les évènements démarrent 3 mai 1968, Jean Schalit a déjà en tête la création d'un journal. Il a 30 ans et travaille dans l'édition. "J'habitais dans le Quartier latin. Je sais que la Sorbonne vient d'être fermée, je me dis que c'est l'occasion ou jamais."
Les dirigeants des organisations étudiantes et politiques qui lancent les manifestations vont le soutenir, avec tout de même, une première question : "'comment vous voulez l'appeler ?' Moi je dis Guérilla, parce que c'était le nom qu'on avait en tête. Ils me disent 'Non, non'. C'est surtout Krivine qui ne voulais pas, qui disait 'c'est trop gauchiste'", raconte le fondateur du journal.
Succès immédiat
Sans argent, le journal Action va trouver le succès dès le premier numéro. "Il a fallu trouver un imprimeur. J'en connaissais un mais je n'avais pas d'argent pour le payer. Je lui ai dit de me faire confiance, qu'il serait payé dès le lundi. Pendant la première grande manifestation de Mai 68, le 7 mai, nous sommes allés le vendre. Tout le monde était stupéfait qu'un mouvement né 3 jours avant disposait d'un journal. Alors que le prix était de 50 centimes, certains nous donnaient des billets de 100 francs. Une fois la manifestation terminée, je suis allé voir l'imprimeur pour lui demander d'imprimer le numéro 2 et je l'ai payé avec mon sac de billets et de pièces. Il était convaincu qu'il pouvait continuer."
"On parlait de tout, du Vietnam, de ce qu'il se passait en France, en province. Le but était d'agiter des idées et de faire pénétrer les du mouvement un peu partout. C'était un journal qui défendait des idées avec une vigueur incroyable et un sectarisme total", relate Jean Schalit.
Tremplin
De nombreux camarades participent au journal dont André Glucksmann, Jérôme Savary ou Bernard Kouchner. Parmi les dessinateurs, certains vont devenir célèbres.
"La page arrière est complètement illustrée avec des desseins de pas mal d'illustrateurs très connus qui sont venus nous apporter des images. Il y avait Roland Topor, Wolinski. Ce dernier n'avait jamais dessiné de dessein politique à l'époque. Il faisait des filles à gros seins qui sautaient partout. Ils ont tous les deux permis de donner un caractère au journal."
Action relatera chaque jour le mouvement de Mai avant de s'interrompre à l'été 68. Il s'arrêtera définitivement en juin 1969. Jean Schalit fera l'essentiel de sa carrière dans la presse.