Cibles des étudiants révoltés, les policiers se sont longtemps tus sur les événements de Mai 68, tels qu'ils les ont vécus. 50 ans plus tard, gardien de la paix ou CRS, ils nous racontent leur Mai 68.
En mai 1968, il y eut le 22 mars, à Nanterre, point de départ des événements qui secouèrent la société française, en cette fin de décennie gaullienne. Mais le mouvement de révolte des étudiants a véritablement démarré le 3 mai à la Sorbonne, en plein coeur du Quartier latin.
Des policiers mal préparés
La jeunesse très politisée à l'époque s'engouffre dans ce mouvement de protestation. Face à ces jeunes gens, se trouvent des policiers, peu aguerris à ce type d'affrontements. Mal équipés, mal entraînés... Mai 68 sera une épreuve pour ces forces de l'ordre. Pendant longtemps, la parole de ces gendarmes mobiles, gardiens de la paix et CRS a été tue. Mais 50 ans après les événements, trois d'entre eux nous racontent leur Mai 68."Les grenades lacrymogènes, on en prenait autant qu'eux. Je vous garantis qu'on avait des yeux comme ça...", se souvient René Nourtier, qui était CRS dans la 16ème compagnie de Saint-Omer, venue en renfort durant les événements. Car au début des affrontements, c'est la police parisienne qui était en première ligne. Avant de voir arriver des forces de police et de gendarmerie du reste du pays.Les grenades lacrymogènes, on en prenait autant qu'eux
"Depuis les grandes grèves de 1946 dans les mines, il n'y avait pas eu de maintien de l'ordre de ce niveau-là", explique Jean-Claude Pruvost, lui aussi policiers à la 16ème CRS. Projectiles, pavés en tout genre... Au moment des charges sur les étudiants, "on ne pouvait pas dire qu'on n'avait pas peur", confie René Nourtier.