Une décharge illégale au bord de l'autoroute, des dépôts interdits et sévèrement punis par la loi

Matériaux de chantier, planches en bois, ordures… Des tonnes de déchets s’entassent depuis quelques mois aux abords d’une bretelle d’autoroute de l'A104, à Villepinte en Seine-Saint-Denis. Une décharge sauvage, à proximité d’hôtels, de l’aéroport de Roissy et de sites qui accueilleront des épreuves des Jeux Olympiques, qui inquiète riverains et élus de la commune.

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Ils s’étalent sur près de 300 mètres. Un amoncellement de déchets. Parpaings, planches en bois, matériaux de construction… Des centaines de kilos d’ordures, abandonnées illégalement depuis 8 mois en pleine nature, dans un virage de l’autoroute A104, à Villepinte en Seine-Saint-Denis.

Une situation qui a pris de l’ampleur ces derniers mois. Les usagers de cet axe routier le constatent amèrement, et s’en inquiètent, comme cet automobiliste : « C’est petit à petit que c’est devenu comme ça. Avant, il y avait juste un petit tas et puis ça a continué et on s’est retrouvé avec ça. »

Un impact sur l’environnement

Au-delà de l’aspect visuel négatif que produisent ces dépôts sauvages, ceux-ci ont aussi un impact sur l’environnement avec la pollution des nappes phréatiques. « A Villepinte, explique Francis Redon, de l’association Environnement 93, ce sont plutôt des déblais qui viennent d’artisans du BTP qui ne déposent pas leurs déchets dans les décharges agréées. » Des matériaux qui sont souvent issus de petits chantiers locaux, de rénovations de pavillons ou d’appartements, ou encore de travaux publics.

Et certains de ces déblais sont très polluants. « On peut trouver tout un tas de matières dangereuses qui sont dans les déchets, tout un tas de produits chimiques qui sont déposés là. Ces matières toxiques vont s’infiltrer ensuite dans les sols par le ruissellement et les eaux pluviales. Cela a des conséquences catastrophiques sur les sols et les eaux souterraines. » De graves conséquences aussi avec la pollution des terres agricoles, situées à proximité.

Une mauvaise image en vue des JO

A quelques kilomètres de l’aéroport de Roissy, cette route est aussi symbolique. Elle fait partie de celles qu’empruntent les touristes pour se rendre dans la capitale. D'autre part, pas loin de cette bretelle jonchée de détritus : on trouve aussi de nombreux hôtels. « C’est dommage qu’il y ait cela juste à côté », note le client d’un de ces établissements. D’autant plus que le Parc des expositions de Villepinte, qui accueillera des épreuves des Jeux Olympiques cet été, se situe juste à côté. « On a quand même les JO qui arrivent. C’est aussi l’image de la France qui est en jeu. On sait qu’il va y avoir beaucoup de monde à loger. Et voir cela dans cet état-là… Ça fait peur », souligne un touriste.

Mise en place de dispositifs de vidéosurveillance

Faire disparaître tous ces immondices avant les Jeux Olympiques de 2024 : une urgence pour la mairie de Villepinte. Mais le site est géré par Grand Paris Aménagement. La ville fait donc pression pour que le nettoyage se fasse rapidement. « Il est impératif que ce chantier de nettoyage soit fait, martèle Robert Beaudau, 1er adjoint au maire de Villepinte. Nous allons disposer deux ou trois caméras. Et tous les professionnels malveillants qui viendront déposer ici quelques objets que ce soit, se verront attribuer une amende de plusieurs milliers d’euros. »

Mise en place de caméras de vidéosurveillance, sensibilisation des citoyens, création de brigades vertes par des municipalités. Autant d’actions qui peuvent être mises en place pour lutter contre ce fléau des dépôts sauvages.

Des faits punis par la loi

Selon le code de l’environnement, « tout producteur ou détenteur est responsable de la gestion de ses déchets jusqu’à leur élimination ou valorisation finale, même lorsque le déchet est transféré à des fins de traitement à un tiers » (Art. L.541-2).

Ces dépôts sont totalement interdits et punis par la loi. Contactée, la préfecture de Seine-Saint-Denis souligne que « lorsque des déchets sont abandonnés, déposés ou gérés en violation des dispositions en vigueur, l’autorité titulaire du pouvoir de police peut ordonner le paiement d’une amende maximale égale à 15 000 euros et mettre en demeure le contrevenant d’effectuer les opérations nécessaires au respect de la réglementation dans les conditions prévues à l’article L.541-3 CE. Si la personne n’a pas obtempéré à cette injonction dans le délai imparti, ce même article prévoit la possibilité pour l’autorité titulaire du pouvoir de police d'ordonner le paiement d'une amende d’un montant maximum égal à 150 000 euros ».

Selon la préfecture, celle-ci a déjà procédé à « une sensibilisation auprès des maires avec l'envoi de courriers rappelant le cadre applicable », et a transmis « le guide élaboré par le ministère de la transition écologique à l'ensemble des collectivités du département ».

Le nettoyage du site devrait coûter près d’un million d’euros.

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