Les juges d’instruction ont demandé de nouvelles investigations, centrées sur le passé du jeune homme décédé en juillet 2016 et des gendarmes.
Près de quatre ans après les faits, l’enquête sur la mort d’Adama Traoré connaît un nouveau rebondissement. Les juges d’instruction ont ordonné de nouvelles investigations ciblant le passé de la victime et des gendarmes. Le 19 juillet 2016 à Beaumont-sur-Oise (Val-d’Oise), Adama Traoré, un jeune homme noir de 24 ans était décédé des suites de son interpellation pour les forces de gendarmerie. Il s’était lancé dans une course-poursuite avec les agents de l’ordre, après avoir échappé à sa première interpellation.
Dans une ordonnance du 10 juillet dernier, les juges d’instruction ont ainsi demandé de nouvelles investigations. Une mission rogatoire sera confiée à l’Inspection générale de la gendarmerie nationale (IGGN). A la demande de l’avocat de la famille Traoré, Maître Yassine Bouzrou, cette commission sera chargée de rechercher tous les antécédents judiciaires du jeune homme de 24 ans, et de trouver l’ensemble des procédures dans lesquelles il a été impliqué. Tous ces éléments seront versés au dossier d’enquête, que ces affaires aient été classées sans suite ou poursuivies judiciairement.
D’autre part, les magistrats-instructeurs ont demandé à mettre "en exergue" tous les dossiers passés concernant Adama Traoré, dans lesquels les gendarmes qui l’ont interpellé en juillet 2016 étaient intervenus. Les juges d’instruction entendent déterminer s’il existait un passif entre le jeune homme de 24 ans et les agents.
Pas de reconstitution des faits
Les juges d’instruction ont cependant refusé d’organiser une reconstitution des faits, comme le demandé l’avocat de la famille. Les magistrats-instructeurs prendront une décision à ce sujet en janvier 2021, après avoir reçu les résultats d’une expertise médicale confiée à quatre médecins belges.Les juges ont également rejeté la demande de Yassine Bouzrou de confier l’enquête à la Brigade criminelle. Les investigations seront toujours menées par l’IGGN.
"Nous constatons qu’après quatre années d’inertie et des manifestations dénonçant le déni de justice les juges ont, depuis le rassemblement devant le Palais de justice du 2 juin 2020, ordonné 16 actes d’investigation et une expertise médicale confiée à des médecins étrangers", a mentionné Me Bouzrou dans un communiqué.
"Bien qu'il s'agisse d'une avancée positive pour le dossier nous ne pouvons que déplorer le comportement des magistrats instructeurs et confirmer notre demande de récusation de ces derniers, lesquels sont manifestement plus sensibles aux rassemblements populaires et à la pression médiatique qu'aux écritures juridiques des parties civiles", regrette l'avocat.
Ce samedi, un nouveau rassemblement en hommage au jeune homme sera organisé par la famille Traoré. Une marche s’élancera depuis la gare de Persan Beaumont à 13h30. Selon leur avocat, les proches d’Adama Traoré entendent dénoncer le déni de justice, arguant du fait que le dossier n’aurait pas connu ce nouveau rebondissement sans action forte de leur part.