Le conseil départemental annonce faire marche arrière, actant l’échec du Boulevard intercommunal du Parisis (BIP) qui devait relier les autoroutes A1 et A15. Une victoire pour les habitants et élus opposés à un projet de 2x2 voies jugé "archaïque" et "obsolète".
Alors que les opposants, qui prévoyaient une "une grande mobilisation" le 5 octobre prochain, espéraient de "folles funérailles" pour le BIP, le Département du Val-d’Oise acte l’abandon de ce projet décrié. Le BIP devait relier les l’A1 et l’A15 entre Argenteuil et Gonesse.
"Le projet initial de l’Avenue du Parisis, tel qu’il fut imaginé il y a bientôt 15 ans, nécessite aujourd’hui d’être repensé", déclare Marie-Christine Cavecchi, la présidente LR du conseil départemental dans un communiqué publié mercredi.
"Nous ne demanderons pas à Monsieur le Préfet du Val d’Oise de confirmer la déclaration d’utilité publique de l’Avenue du Parisis. Notre priorité pour l’avenir du territoire a toujours été de concilier amélioration de la mobilité et préservation du cadre de vie de tous les Valdoisiens", annonce l’élue. "Le Département souhaite encourager les transports collectifs, les mobilités douces", affirme aussi le communiqué.
"Un projet archaïque d’un autre siècle"
Du côté des opposants, Audrey Boehly, porte-parole du collectif "Vivre sans BIP", se réjouit suite à la décision du Département. "On a abandonné un projet archaïque d’un autre siècle. Maintenant, il faut se tourner vers un projet d’avenir, c’est-à-dire sanctuariser ces espaces naturels qui sont une véritable trame verte. On a besoin de développer aussi les transports en commun, les transports décarbonés, les mobilités douces", explique-t-elle à France 3 Paris Île-de-France, au sein du parc des Sources de Montmorency.
Pour protester contre le projet de voie rapide, la mairie a fait aménager en juin 2022 ce parc "situé sur un terrain délaissé du tracé initial du BIP", pour créer "un nouvel espace vert de près de 7 000 m²". Dans un communiqué, la Ville de Montmorency salue d’ailleurs "une victoire" après l’abandon du projet, jugé "obsolète et dangereux" notamment pour "le patrimoine architectural et naturel" de la commune.
"La construction du BIP aurait défiguré Montmorency, menaçant jusqu'à 30 000 m² de boisements et certains de ses monuments les plus emblématiques, tels que la Collégiale Saint-Martin, l'Orangerie ou encore le Château de Dino. Des jardins privés et des quartiers résidentiels auraient également été lourdement impactés. Outre ces destructions physiques, ce projet aurait entraîné de lourdes conséquences sanitaires liées à la pollution sonore et atmosphérique engendrée par un trafic intense en plein centre-ville", estime la mairie.
"Une décision sage et courageuse"
La Ville rappelle également qu’elle a aussi obtenu en 2022 "la protection du Château du duc de Dino et de son parc au titre des Monuments historiques, bloquant ainsi toute tentative de passage du BIP dans cette zone".
Contacté, Maxime Thory, le maire LR de Montmorency, évoque une "décision sage et courageuse" de la part du conseil départemental. "Cette annonce fait suite à la mobilisation continue des élus, des habitants et des associations. C’est une victoire collective. Ce projet était une aberration pour notre ville, le cadre de vie de nos habitants, et l’environnement", réagit-il.
"C’est une décision pertinente. Tout ceci va nous permettre de nous tourner vers des projets plus adaptés aux enjeux de notre époque. Nous allons aménager au public le parc de Dino avec la création d’un cheminement au milieu d’arbres centenaires et la restauration d’une fontaine historique au sein de ce grand espace vert", ajoute l’édile. Après l’annonce du Département, les opposants au BIP saluent la préservation de nombreux espaces naturels.
Avec Valentine Ponsy, Antoine Joubeau et Mélissa Genevois.