Le Boulevard intercommunal du Parisis (BIP), un projet de voie rapide reliant l’A1 et l’A15, suscite l'inquiétude de riverains, de parents d’élèves, d’associations écologistes et d’élus. Une marche est prévue ce samedi 7 octobre entre Soisy-sous-Montmorency et Sarcelles.
"Ce projet pourrait mettre en danger la vie de 10 000 enfants", alerte France Nature Environnement Île-de-France (FNE) sur X (ex-Twitter). Dans un communiqué publié lundi, l’association dénonce la poursuite du BIP : un projet de voie rapide reliant l’A1 à l’A15 dans le Val-d’Oise, qui "coûterait près d’un milliard d’euros" et dont "la construction du tronçon Est pourrait démarrer dès 2024".
FNE Île-de-France pointe du doigt une "2x2 voies de la taille d'une autoroute entre la A1 et la A15, détruisant au passage une centaine d'hectares d'espaces naturels et agricoles, coupant en deux plusieurs villes situées en zone urbaine dense", "qui sont déjà des îlots de chaleur en été, surexposés à la pollution de l’air et au bruit des survols de Roissy".
Le tout avec une "quarantaine d'établissements scolaires" autour d’un tracé de 11 km, qui concerne six communes : Montmorency, Soisy-sous-Montmorency, Deuil-la-Barre, Groslay, Sarcelles et Garges-lès-Gonesse.
Le Département veut finaliser la poursuite de ce projet routier, qu’elle porte depuis des décennies. La section Est du tronçon, reliant Groslay et Bonneuil-en-France sur plus de 5 km, a été récemment inscrite dans le schéma directeur de la région Île-de-France (Sdrif-E 2040).
"Un projet d’un autre siècle"
"C’est un non-sens écologique et sociétal total, on a du mal a comprendre comment ce projet revient en force", estime Julia Lévy, une membre du collectif de parents d’élèves et enseignants contre le BIP qui habite à Montmorency. "Maman d’un petit garçon en CE1 et d’une petite fille à la crèche", elle indique que le tracé passerait à 200 mètres de son domicile.
"Il s’agit de l’avenir de nos enfants. Cette bétonisation ne va pas du tout dans le sens de l’histoire. On a besoin de respirer, surtout l’été. Il y a le bilan carbone des travaux, mais aussi l’augmentation du trafic que cette nouvelle route va générer, pour un projet présenté comme une solution pour résorber les bouchons. Et ça va écarter des habitants des transports en commun et des mobilités douces", souligne la riveraine.
"On a peur des camions, poursuit Julia Lévy. Pour la santé, il y a la question de la pollution de l’air, mais aussi les nuisances sonores. On est déjà dans un couloir aérien. Et il s’agit aussi de la qualité de vie de nos enfants, comment faire pour aller au collège à vélo par exemple ? Il y a enfin la question de la valeur des biens immobiliers qui va baisser le long du tracé."
Audrey Boehly, porte-parole du collectif Vivre sans BIP, dénonce également "un projet d’un autre siècle, qui remonte aux années 1930" et "une aberration dans une zone déjà très urbanisée". "Mes filles sont également concernées, avec une école primaire et un collège à 500 mètres du tracé", indique cette habitante de Montmorency, qui souligne que "la majorité des maires ont affiché leur opposition au projet, à Montmorency, Deuil-la-Barre, Groslay et Sarcelles".
Alors qu’Audrey Boehly appelle à "l'organisation d’une grande concertation", le communiqué de FNE Île-de-France, signé par 50 associations, se dit "favorable à l’élaboration d’un projet alternatif préservant les espaces naturels et offrant de nouvelles solutions de mobilités actives et durables".
Une décision du Conseil d'Etat attendue par les associations
Tandis qu’une marche est prévue samedi entre Soisy-sous-Montmorency et Sarcelles, la "mobilisation s’inscrit dans la saison d’automne de la Déroute des routes, une coalition nationale qui demande un moratoire sur tous les projets routiers en France, dont l’A69 Toulouse-Castres", précise le communiqué.
Fin septembre, Clément Beaune, le ministre délégué chargé des Transports, a promis que "plusieurs projets" d'autoroutes "seront arrêtés", avec "des décisions fortes dans les prochaines semaines", lors d'un entretien sur France Inter.
Contacté, le conseil départemental n’a pas répondu à nos sollicitations. La collectivité dit avoir "entamé de nouvelles discussions avec les communes et les agglomérations concernées afin de prendre la mesure des besoins actuels du territoire", selon Les Echos.
Alors que FNE Île-de-France indique que le projet a déjà été "retoqué trois fois en justice", les associations attendent désormais une décision du Conseil d'Etat d’ici la fin de l’année. En mars dernier, l'institution avait jugé recevable le pourvoi en cassation du conseil départemental.