Le Grand Défi des entreprises pour la planète : 100 propositions environnementales pour alerter les responsables politiques.

Face à l’urgence climatique, des entreprises franciliennes ont été tirées au sort pour participer au "Grand Défi" visant à accélérer la transition écologique du secteur économique. Leurs propositions en matière environnementale seront présentées au gouvernement en janvier prochain.

Publication du bilan carbone, développement de la méthanisation, démarche RSE, véhicules hybrides… Les entreprises franciliennes se mettent au vert et réfléchissent sur leur responsabilité environnementale. Parmi elles, le groupe parisien Paprec, spécialisé dans la gestion des déchets, KSB une entreprise de pompes et robinetterie industrielles à Gennevilliers dans les Hauts-de-Seine, et JPG, un fournisseur de bureaux installé à Survilliers dans le Val-d'Oise. Toutes 3 ont participé au Grand Défi pour la planète.

Le Grand Défi des entreprises

Le tour de France du Grand Défi pour la planète commencé il y a 6 mois vient tout juste de se terminer à l’Académie du Climat à Paris, où les entreprises franciliennes ont, à leur tour, fait des propositions pour accélérer leur transition écologique.

Cette initiative est née suite de la Convention des entreprises pour le climat. Plus de 150 dirigeants de toutes régions et de tous secteurs se sont réunis pendant 11 mois entre 2021 et 2022 pour trouver des solutions en vue de respecter l'Accord de Paris sur le climat. "On a choisi d'inventer un processus, inspiré de la Convention pour le climat et qui s'applique à un nouveau domaine, les entreprises, pour qu'elles-mêmes réfléchissent et s'attachent à réfléchir à l'accélération de la transformation écologique du monde économique et des entreprises", raconte Jérôme Cohen.

Résultat : une consultation de 100 entreprises françaises au cours 6 rendez-vous menés dans toute la France

L’objectif du Grand Défi des entreprises pour la planète a pour but de faire émerger des propositions pour accélérer la transition écologique du monde économique et des entreprises, et créer un nouveau modèle de prospérité économique dans le respect de la planète. "Notre idée est d'essaimer. Parce qu'il ne s'agit pas seulement de dresser une liste de 100 propositions. Le plus important, c'est qu'un maximum d'acteurs s'en empare", explique Jérôme Cohen, cofondateur du Grand défi.

"En tant que déléguée du Grand Défi, j’ai assisté à toutes les réunions, six en tout, et c’était très intéressant d’aller à la rencontre d’autres entreprises et de découvrir un panel d’initiatives pour accélérer la transition énergétique", assure Charlotte Douillet, chargée de mission Développement Durable pour le Groupe Paprec, leader français du recyclage.

Une usine de méthanisation

Pour l’entreprise Paprec où Charlotte Douillet œuvre au quotidien à la transition écologique, c’était une évidence de participer à ce grand défi. Le groupe fondé en 1994 par Jean-Luc Petithuguenin est un des leaders français du recyclage. Il s’impose désormais dans le top 3 Français du traitement des déchets et de la valorisation énergétique. Pour répondre au défi environnemental, le spécialiste du recyclage a été chargé de concevoir, de construire, et d'exploiter une usine de méthanisation des déchets alimentaires produits en Île-de-France.

"Chez Paprec, on est dans une démarche circulaire. Rien ne se jette et tout se récupère, mais cela est possible si tous les partenaires sont présents", affirme Charlotte Douillet, convaincue que le recyclage sera ce qui contribuera à sauver et à préserver la planète.

Ainsi Paprec a obtenu, un contrat d'une durée de 19 ans, attribué par le Syctom, le syndicat chargé de la gestion des déchets ménagers franciliens et le Sigeif, premier syndicat d'énergie de France. Située à sur le port de Gennevilliers (Hauts-de-Seine), cette unité devrait traiter 50 000 tonnes de déchets chaque année. Elle permettra notamment de produire du biogaz, qui sera injecté dans le réseau francilien et aidera à réduire la dépendance aux importations de gaz, mais également 43 000 tonnes annuelles d'engrais agricoles. Les travaux débuteront en janvier 2024 pour une mise en service prévue mi-janvier 2025. L'usine devrait à terme générer 36 000 mégawattheures chaque année. De quoi alimenter près de 5 400 foyers. L'investissement total est estimé à 52 millions d'euros, la moitié venant de Paprec.

La réglementation européenne

Boris Lombard est le patron de KSB France, dont le siège est à Gennevilliers. L'entreprise familiale allemande, fondée il y a 150 ans et spécialisée dans les pompes, la robinetterie et les services associés, s'est engagée depuis longtemps dans une démarche environnementale. La filiale française compte 1200 salariés, 4 usines en France, et 16 ateliers de service.

Pour le groupe, participer au Grand Défi des entreprises était une évidence pour échanger, et apporter des solutions pour aller progressivement vers une transition écologique. Mais pour cela," il faut être dans une démarche progressive", comme le souligne Boris Lombard, le patron de KSB.

Depuis plusieurs années, le groupe s’est engagé à réaliser régulièrement un bilan de son empreinte carbone, mais s’est également engagé dans une démarche environnementale. "Nous avons fait de grands investissements pour sauver la planète et avec du concret. Nous avons fait le choix de l'électricité verte pour alimenter nos usines et nous avons également fait le choix de remplacer nos anciennes gammes de produits très énergivores par de nouveaux modèles qui assurent une faible consommation d’énergie ainsi qu’une longévité et une durabilité élevées", se félicite-t-il. Il plaide pour de nouveaux modèles économiques qui soient durables pour les entreprises, pour l'environnement également et surtout en accord avec la réglementation européenne.

Pas toujours simple pour ce chef d’entreprise. "Aujourd’hui, on a un problème d'effets de ciseaux : on a une croissance en berne, on a une énergie de plus en plus chère, qui surenchérit nos coûts et réduit notre compétitivité sur les marchés à l'export, et du coup on a des capacités d'investissement qui vont se réduire alors qu'il faut même investir pour la transition écologique", explique-t-il. Il souligne également le manque de clarté des réglementations européennes environnementales à venir.

Lancé en 2019, le Pacte vert pour l'Europe engage les États vers la réduction des émissions nettes de gaz à effet de serre. L'objectif est de les réduire de 55 % en 2030 par rapport à leur niveau de 1990. "Actives dans tous les secteurs et présentes sur tous les territoires, les entreprises constituent un maillon essentiel dans la lutte contre le dérèglement climatique et le recul de la biodiversité, mais cette réglementation qui arrive bientôt, nous pousse à aller plus vite", explique Jérôme Cohen du Grand Défi des entreprises pour la planète.

"Avec ce qui se passe au niveau de l'Europe, il faut que les entreprises se préparent et très vite, car la législation change à toute vitesse en ce moment. Tous les jours, il y a une nouvelle qui passe et qui pèse sur la contrainte des entreprises en termes de réglementation environnementale et sociale", prévient Jérôme Cohen. 

Des véhicules moins polluants

De son côté, la société JPG, spécialiste de fournitures et mobiliers de bureau, a décidé de changer sa flotte de véhicules. L’entreprise n’aura plus, en 2023, aucun véhicule de livraison ou de fonction au gazole, mais des voitures hybrides. Abandonner le plastique et recycler le carton a été une autre décision prise par JPG.

"Le métier de JPG, c'est de la vente à distance et donc cela induit beaucoup de cartons. Je prends l'exemple de la certification iso 14001, dont on bénéficie dans ce cadre-là, ça nous a permis une démarche d'amélioration continue sur tout un tas de domaines. Notamment la consommation de cartons, de papiers, de plastiques. Tout ça, ce sont des choses qu'on essaie de diminuer ou d'améliorer", détaille Sébastien Evrard. "On a des cartons qu'on envoie chez nos clients dans lesquels il y a nos fournitures. Avant, on les bourrait avec une matière qui était synthétique, maintenant, on les bourre avec des cartons qui sont issus du recyclage de nos cartons. Donc, en fait, on recycle nos propres cartons pour en faire du bourrage", explique-t-il.

"Prendre soin de la planète, c'est une des valeurs que nous portons au sein de notre entreprise et cette législation européenne n'a fait finalement qu'accélérer notre processus d’écoresponsabilité", assure Sébastien Evrard.

I

l attend avec impatience les 100 propositions qui vont émerger.

"On a un rôle d'exemplarité dans notre modèle. Plutôt que de devoir supporter des normes et des lois européennes, qu’on pourrait voir, comme une contrainte, nous on est déjà dans ce changement", déclare-t-il

Des entreprises "modélisantes" 

"Lors de la session parisienne, les représentants des 100 entreprises tirées au sort, auprès de l’INSEE, devront avoir formulé des propositions d’actions concrètes, impactantes et mesurables pour accélérer la transition de l’économie vers un modèle durable pour tous", poursuit Jérôme Cohen.

Charlotte Douillet du groupe Paprec va finaliser, avec les 99 autres délégués, toutes les propositions retenues pour procéder à une sélection définitive de 100 d’entre elles. "Il y a beaucoup de propositions qui concernent la loi, différents secteurs d'activités, comme la triple comptabilité dans l’entreprise, l'ambition est très large et devra pouvoir répondre à cette question : qu’est-ce qu'il faut comme conditions et comme facilitations pour que l'ensemble du secteur puisse se transformer et entamer ce virage de la transition écologique le plus durablement possible", conclut Jérôme Cohen.

Les conclusions seront présentées aux dirigeants économiques et politiques le 22 janvier 2023.

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