Dans le Vexin, une association œuvre à la préservation du patrimoine vitivinicole francilien. Un patrimoine qui a failli disparaître mais a survécu dans ce parc naturel régional, l'un des quatre que compte la région.
Paradis pour les marcheurs, le parc naturel régional du Vexin est aussi un lieu où l'on fait du vin. À Montgeroult, au cœur du parc naturel régional, à quelques mètres seulement de l'église se trouvent des petits pieds de vignes.
Protégées du gel par les murs d'enceinte, les grappes, déjà bien fournies, seront dégustées dans quelques semaines par les écoliers du village. Un peu plus haut, une autre micro-vigne prend racine depuis dix ans. Ses fruits, eux, sont destinés à la fabrication d'un Chardonnay local.
Plus loin, cachée en lisière de forêt, une troisième vigne de 200 pieds s'épanouit depuis 30 ans, à l'initiative d'Henri Le Rouzic, président de l'Union Vigneronne Vals d'Oise et de Seine (UVVOS). Une association qui œuvre depuis 2008 à la préservation de la pratique viticole francilienne.
Grâce à son association, plusieurs villes situées au sein du parc naturel régional voient le retour progressif de la vigne, comme à Juziers, Marines, Auvers-sur-Oise, Grisy-les-Plâtres ou encore Vigny. "Nous nous sommes rendu compte que beaucoup de personnes voulaient planter ou faire revivre une vigne déjà existante", explique Jean-Luc Dakoswki, vice-président de l'UVVOS. Pour ce faire, ils cherchaient des gens pour les accompagner et les conseiller", poursuit-il.
Une Maison des arts et des métiers de la Vigne
Pour ces amoureux de la vigne, l'ambition, en accompagnant ces initiatives locales, n'est pas de retrouver les 42 000 hectares de vignoble francilien du XVIIIe siècle mais plutôt de renouer avec cette tradition perdue.
"L'Île-de-France a longtemps été la première région viticole de France. Le vin ne se conservant pas beaucoup, il fallait que les lieux de production soient à proximité des consommateurs, détaille Jean-Luc Dakowski. Par la suite, elles ont été décimées par l'industrialisation, les transports et le Phylloxéra a fini de les achever à la fin du XIXe siècle".
Pour faire vivre cette histoire, l'Union Vigneronne Vals d'Oise et de Seine a décidé en 2013 de créer la Maison des arts et métiers de la Vigne, à Marines, dans le Vexin. Ici, toutes les étapes nécessaires à la culture du raisin et à la fabrication du vin sont présentées, au travers d'objets, issus principalement de la collection d'Henri Le Rouzic.
Du labour aux vendanges, jusqu'au foulage puis à la fermentation en passant par la mise en bouteille : tout y passe ! "Ici, ce ne sont pas les cépages qui manquent. Mais nous avons principalement de Chardonnay et du pinot noir", indique le président de l'association.
Au total, l'UVVOS accompagne une vingtaine de villes partenaires, partout en Île-de-France, ainsi que des vignes gérées par des associations et des particuliers. Les parcelles font en moyenne entre 200 et 400 pieds de vigne, soit presque autant de bouteilles produites. Des microcuvées qui ne sont pas destinées au commerce mais qui ont bien plutôt une vocation culturelle et pédagogique.
Professionnalisation de la fabrication
Depuis la création de l'UVVOS en 2008, Henri Le Rouzic et Jean-Luc Dakoswki constatent une amélioration de la production vinicole. "Au début, certains producteurs faisaient leur vin dans des poubelles. Ils ne comprenaient pas pourquoi il n'était pas bon, confie Jean-Luc Dakoswki. En leur apportant nos conseils en matière de taille ou d'oxydation et des règles d'hygiène, telles que l'utilisation de cuves en inox, ils ont rapidement pu produire des vins qui se rapprochent des professionnels", poursuit-il.
Prochainement, l'UVVOS deviendra "Seine et Oise Vignes", une nouvelle entité qui leur permettra d'étendre leur champ d'action au pétillant, au raisin de table, au jus, au vinaigre ou encore à la confection de confitures. Une nouvelle ère pour ces vignes, pour la plupart biologiques, qui ne souffrent que modérément du réchauffement climatique.
Bien que l'impact ne soit pas nul, comme le raconte Jean-Luc Dakoswki : "Avec l'augmentation des températures, le taux d'alcool dans les grappes monte. Nous sommes actuellement entre 14% et 15%, alors qu'il y a encore quelques années nous avions du mal à dépasser les 10%".
Ce renouveau du vignoble francilien est en bonne voie pour s'enraciner durablement, à la faveur d'une législation en pleine évolution. Car depuis 2016, il est possible pour les vignerons franciliens de commercialiser leur vin. Une nouvelle étape a été franchie en 2020, avec la reconnaissance par l'Union européenne d'une Indication géographique protégée (IGP).