Des aides-soignantes d'un Ehpad du Val-d'Oise en grève depuis deux semaines : "Les résidents ne sont pas des marchandises"

En grève depuis le 4 mars, des aides-soignantes de l’Ehpad Arc-en-ciel de Bezons dénoncent leurs conditions de travail et un manque de personnels. Elles affichent leur détermination à poursuivre le mouvement.

"Stop ça suffit !", "soignants épuisés, nos anciens en danger", "les familles disent non à la malnutrition, à la solitude, à la maltraitance, au manque de personnels"... Alors que plusieurs banderoles et drapeaux de la CGT restent visibles sur les grilles de l’établissement deux semaines après le début du mouvement, 11 des 18 personnels soignants de l’Ehpad de Bezons, dans le Val-d’Oise, sont toujours en grève.

"Quand on arrive le matin, on a l’impression de venir travailler à l’usine, à la chaîne, et pas dans un Ehpad avec des humains. Notre métier, c'est de nous occuper de nos anciens, et on n’y arrive plus", déplore Stéphanie, une aide-soignante qui travaille depuis 24 ans dans cet établissement.

L’Ehpad, dans lequel travaillent au total 36 personnels, accueille plus d’une cinquantaine de patients.

"Il y avait dix personnels soignants au pied du résident, on est passé à six"

"On est seules avec les résidents. Des fois des patients tombent et restent longtemps par terre, sans surveillance. C’est dangereux. Et nos collègues, à force de faire les toilettes seules, se retrouvent en accident du travail. Normalement ce sont des toilettes à deux", raconte Stéphanie.

Sonia Ainouz, secrétaire adjointe de l’Union départementale Santé CGT 95, et ex-salariée de l'Ehpad, pointe du doigt le manque de personnel. "La revendication principale, c’est l'augmentation du nombre de soignants, avec du personnel au pied du patient. Il y a quatre ans, la structure a été revendue par Korian à Mapad. Ce qu’on reproche à Mapad, c'est d’avoir enlevé des postes… Auparavant, il y avait dix personnels soignants au pied du résident, on est passé à six", explique-t-elle.

Et ce "sur les mêmes enveloppes budgétaires", selon Sonia Ainouz. "Ces postes ont été transférés sur des agents de service hôtelier, qui ne font pas de soins. Ils s’occupent de l'organisation des repas, du ménage et de la vaisselle. Ça pose un problème au quotidien", dénonce-t-elle.

"On ne fait pas d’argent avec l’humain"

"Les aides-soignantes n’ont plus le même temps, et il manque du personnel formé", résume la responsable syndicale, qui pointe aussi du doigt des "problèmes de légalité” pour le travail de nuit, et des "problèmes de salaires" et de comptabilité. "Les résidents ne sont pas des marchandises, on n’est pas dans une épicerie. On ne fait pas d’argent avec l’humain", déplore-t-elle.

Du côté de Mapad, François Baumelou, directeur d'exploitation du groupe, se défend en évoquant notamment une situation économique et financière difficile ainsi qu’une "feuille de route (...) dictée par le conseil départemental".

Pour ce qui est des personnels grévistes, les aides-soignantes affichent leur détermination. "On est en grève depuis le 4 mars et rien ne change", regrette Stéphanie. "Mais on veut continuer. Financièrement, des cagnottes sont mises en place. On tient le coup, on est motivé", souligne-t-elle.

Avec Wilfried Redonnet et Tania Watine.

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