Financement des transports publics : le réseau Transdev en difficulté financière

Les transports publics Franciliens sont en difficulté. Fin mai l’autorité organisatrice des transports en Ile-de-France tirait la sonnette d'alarme et craignait 2,6 milliards d'euros de déficit. Le réseau de bus Transdev estime que la baisse de recette pour l’année 2020 atteindra 50%.

Le financement des transports publics Franciliens est en grande difficulté. Déjà fin mai l’autorité organisatrice des transports en Ile-de-France (Ile‐de‐France Mobilités) tirait la sonnette d'alarme et annonçait une chute de ses recettes de 20% à 26%, avec des pertes qui pourraient aller jusqu'à 2,6 milliards d'euros cet été. A Argenteuil, le réseau de bus Transdev est lui aussi en difficulté financière. Dans la commune du Val-d'Oise, Transdev TVO est l'un des principaux opérateurs de transports publics du département. Si en 2019, l'entreprise a transporté 22 millions de voyageurs, la crise sanitaire a fortement impacté l'activité. 

"Chez Transdev, notre principal client c'est IDF-Mobilités"

"Pendant la crise du coronavirus, le trafic était assuré à 50%. En revanche il n'y avait que 5 à 7 % de fréquentation. L'entreprise a dû s'adapter : protéger les conducteurs, maintenir la distanciation des passagers", explique Thierry Mallet, le directeur général du groupe. "Avec la crise sanitaire et donc la baisse du trafic et le surcoût du nettoyage, les recettes sont largement en baisse". Et de poursuivre: "Nous ne pouvons pas envisager une baisse de l'offre de service".

Baisse de la fréquentation mais aussi annulation de l'achat de tickets à bord des bus depuis trois mois. La vente de titre de transport représente 800 000 € de chiffre d'affaires chez TVO. Enfin le manque à gagner vient aussi de la suspension du versement mobilité : une taxe sur la masse salariale des entreprises de plus de onze salariés, en raison de la mise en chômage partiel d'une bonne partie des actifs.

Transdev, présent sur tout le territoire, a déjà perdu 50% de ses recettes. Le groupe demande un plan de soutien pour le transport public et appuie l'appel de Valérie Pécresse pour que le gouvernement finance les pertes provoquées par l'épidémie de Covid-19.

Sans aide, les transports franciliens seront en cessation de paiements le 8 juillet

Dès le 25 mai sur Twitter, Valérie Pécresse demandait à l'Etat à ce que les pertes de revenus dues à la crise du coronavirus soient compensées intégralement. "Les transports franciliens sont exsangues financièrement. Ils ont perdu 90% de leurs recettes voyageurs et la moitié de leur recettes entreprises (versement transport) à cause de la mise en chômage partiel des salariés". 

Depuis, le bras de fer avec l'Etat continue. La Président de la région a insisté, une nouvelle fois ce lundi lors d'une conférence de presse sur les pertes de recettes "abyssales" subies par les transports publics dans sa région "à cause du Covid, du confinement, de la distanciation physique, de la crise économique".

"J'ai du mal à comprendre la logique du gouvernement de mettre 15 milliards d'euros sur l'aéronautique, de mettre 9 milliards sur l'automobile et de dire je mets 450 millions sur le ferroviaire", a-t-elle expliqué. "C'est une goutte d'eau dans l'océan de nos pertes. Moi je ne suis pas là pour me laisser balader pendant les 6 prochains mois (...) je redemande la compensation intégrale des pertes de recettes", a-t-elle poursuivi. Selon elle, il s'agit d'une "course contre la montre" car "dans 15 jours nous sommes en cessation de paiements (...) et j'ai du mal à comprendre pourquoi je ne suis pas encore en réunion au plus haut niveau de l'Etat pour en discuter", s'est-elle interrogée.
 

Un amendement pour une aide de l'Etat d'un montant de 425 millions d'euros

Car en effet le rapporteur général du budget de la Ve République Laurent Saint-Martin a promis qu'un amendement va être ajouté à la loi de finances rectificative afin d'aider les transports franciliens. "Cette aide de l’Etat qui s'élèverait à 425 millions d'euros devrait combler une partie des pertes d’Ile-de-France-Mobilités", explique Laurent Saint-Martin. "Je propose que l'Etat apporte une aide directe de 425Mn€ à @IDFmobilites pour assurer ses engagements financiers et pour assurer ce service public essentiel. C'est inédit", précise-t-il sur son compte Twitter. "Les usagers des transports publics franciliens ne doivent pas avoir à payer les conséquences de la crise", conclut-il. Mais d'après Valérie Pécresse cette aide ne suffira pas.

Dimanche elle a trouvé une alliée de taille en la personne d'Anne Hidalgo. La maire PS de Paris, a exprimé sur radio J sa solidarité  avec la présidente ex-LR de l'Ile-de-France. Issues de camps politiques opposés, souvent en désaccord, les deux dirigeantes font front commun dans cet appel à l'Etat à rembourser les 2,6 milliards de trou dans la caisse d'Ile-de-France Mobilités.

"Je suis solidaire de Valérie Pécresse sur ce combat. Il manque 2,6 milliards et si ces 2,6 milliards ne sont pas trouvés, il y aura une cessation de paiements d'Ile-de-France Mobilités dès le mois de juillet", a dit Mme Hidalgo, qui se représente pour un deuxième mandat à la mairie de Paris dimanche 28 juin. "Il y a un refus aujourd'hui de prendre en considération cette demande. Il y a urgence", a-t-elle insisté.

Ce même jour, Jean-Baptiste Djebbari a répondu sur RTL. "L'Etat va aider la région Ile-de-France pour compenser les pertes subies par les transports publics à cause de la crise du coronavirus", a-il expliqué sur l'antenne de la radio."L'Etat sera aux côtés (..) de la Région Île-de-France, comme il l'est au côté des autres régions", a déclaré le secrétaire d'Etat aux Transports, interrogé sur un trou financier chiffré à 2,6 milliards d'euros par la présidente de la région, Valérie Pécresse.

"Nous allons confronter les chiffres et c'est un peu moins que ça", a toutefois tempéré le secrétaire d'Etat. "Les transports continueront à rouler en Île-de-France et je ne doute pas que nous trouverons une solution intelligente avec Mme Pécresse", a-t-il martelé.

Sans compensation intégrale du manque à gagner lié au coronavirus, IDF-Mobilités ne pourrait plus payer les trains, les métros, le RER ou les tramways dans dix jours.

 

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