« Je ne sais pas comment le système va tenir si la demande de consultations augmente », les urgences pédiatriques de Pontoise régulées par le Samu

Arrêts maladie et manque de personnel, depuis le 8 avril en cas d’urgence les parents d’enfants malades ne peuvent plus se rendre directement aux urgences pédiatriques de l’hôpital de Pontoise. Ils doivent passer par le 15. Une situation qui inquiète les syndicats et les soignants.

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Une douleur abdominale intense, une crise d’asthme aiguë, pas la peine de se déplacer aux urgences pédiatriques de l’hôpital René-Dubos de Pontoise, il faut d’abord composer le 15. Selon les symptômes de l’enfant, le Samu 95 oriente les familles vers un médecin de ville, si nécessaire vers les urgences pédiatriques de l’hôpital de Pontoise et dans les cas les plus graves il sera immédiatement pris en charge par les autres services d’Eaubonne et d’Argenteuil. En temps normal les urgences pédiatriques de l'hôpital reçoivent 75 à 80 patients par jour.

La direction de l'établissement hospitalier précise cependant "qu'en cas de chute, de brûlure, de plaie, de douleur au niveau d'un membre, ou dans toute situation nécessitant une prise en charge immédiate, les patients qui se présentent aux urgences de Pontoise sont pris en charge par le service d'accueil des urgences adultes dont l'accès est libre."

Une pénurie de personnel et des difficultés de recrutement

Une solution mise en place avec l’Agence Régionale de Santé pour éviter la saturation de ces urgences pédiatriques. Après plusieurs arrêts maladie et des départs en congé maternité le personnel de ce service demeure en sous-effectif. Une information confirmée par la direction. Elle détaille que " sur un effectif initial de 12 médecins (et un effectif cible de 20), l'équipe compte aujourd'hui 7 praticiens devant prendre en charge, les consultations, l'hospitalisation, l'ambulatoire et les urgences pédiatriques."

Selon le syndicat UNSA-Santé que nous avons contacté, ils seraient actuellement 3 à 4 médecins présents par 24 heures. "Jusqu’à présent, tous les patients qui le nécessitaient, ont pu être examinés à Pontoise. Une vingtaine de médecins de ville donnent leur nom pour prendre en charge les petits patients " déclare Éric Boucharel, secrétaire départemental UNSA-Santé.

On a un hôpital qui a du mal à se remettre de la crise du COVID.

Éric Boucharel, secrétaire départemental UNSA-Santé

Une solution qui a ses limites car en ville il manque aussi des pédiatres et des médecins généralistes et les consultations sont souvent complètes. Mais ce n’est pas la première fois que cette régulation est mise en place. Au mois de décembre déjà les patients ne pouvaient plus se rendre spontanément aux urgences, car l’hôpital René-Dubos peine à recruter des pédiatres.

Pour le représentant syndical, le problème est structurel : "On a un hôpital qui a du mal à se remettre de la crise du COVID. Nous sommes comme un peu partout confrontés à une pénurie de médecins pédiatres. Nous avons aussi du mal à recruter du personnel infirmier. Ces métiers ne sont toujours pas attractifs en matière de rémunération et de charge de travail."

La pédiatrie, une spécialité en crise

Les besoins sont importants et pourtant il y a un manque de formation des personnels soignants. "Pour les infirmiers la difficulté est qu’ils sont peu exposés à cette spécialité pendant leurs études. La pédiatrie a été retirée de leur formation. C’est le problème auquel nous avons été confrontés notamment sur l’année 2022-2023 avec la fermeture de lits pédiatriques", explique le Dr Jérémy Do Cao, pédiatre urgentiste et président du SNPEH (Syndicat National des Pédiatres en Etablissement Hopistalier) 

Personne ne désire que l’accès aux urgences se fasse de cette manière.

Dr Jérémy Do Cao, pédiatre urgentiste et président du SNPEH

Et le nombre de spécialistes formés est loin d'être suffisant. "Nous ne sommes pas nombreux : 350 à 380 pédiatres chaque année et puis il y a derrière une pyramide des âges en notre défaveur " ajoute le Dr Jérémy Do Cao. Si à l’hôpital Béclère où il exerce, les effectifs sont presque au complet, il reconnaît "on gère la pénurie partout."  Pour lui a régulation par le 15 "ce n’est pas une solution, personne ne désire que l’accès aux urgences se fasse de cette manière."

À l’hôpital de Pontoise on se demande combien de temps cette situation va durer. La direction n'a pas répondu à cette question. La période des vacances scolaires semble offrir un peu de répit mais pour Eric Boucharel, secrétaire départemental UNSA-Santé "on est très inquiet pour la rentrée. Je ne sais pas comment le système va tenir si la demande de consultations augmente. On surveille cela de près. Nous ne sommes pas dans une épidémie de bronchiolite mais on est dans la période des allergies et il faut prendre en charge les crises d’asthme."

Même avec une régulation assurée par le Samu, le manque de personnel "fait peser une responsabilité plus forte pour les paramédicaux. Ils savent faire, mais ils ne peuvent pas travailler sans médecins" ajoute-t-il. Alors il prévient "si on se rend compte qu’il y a un afflux de patients, on n’hésitera pas à mettre nos personnels en sécurité avec une alerte et un droit de retrait s’il le faut." De son côté la direction assure "qu'elle met tout en œuvre pour retrouver un fonctionnement normal" sans préciser par quels moyens.

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