Ce lundi matin, 90% des effectifs des Urgences Adultes de l'hôpital de Pontoise ne travaillent pas. Les soignants ont déposé lundi 49 arrêts-maladies pour alerter sur la dégradation de leurs conditions de travail.
"On n'en peut plus". Les effectifs des Urgences de l'Hôpital de Pontoise dans le Val-d'Oise sont fortement amoindris ce lundi matin. "90% de l'effectif soignant est en arrêt-maladie", a tweeté le compte UrgencesEnArrêtMaladie qui regroupe des soignants de ce service. Par ce geste, le personnel soignant entend tirer le signal d'alarme et alerter sur la dégradation de leurs conditions de travail. De son coté, la direction de l'hôpital évoque "63% de l'équipe globale" en arrêt-maladie. Les Urgences restent néanmoins ouvertes. Une "régulation" est mise en place pour "organiser l'orientation des patients vers d'autres structures" de santé environnantes, a expliqué l'ARS à l'AFP, ajoutant que "le SAMU réoriente les patients de manière graduée, en fonction des besoins de soins".
"Il en va de notre santé"
"Nous nous mettons en arrêt-maladie, car il en va de notre santé, de notre état physique et moral", explique un soignant qui a souhaité rester anonyme à France 3 Paris Île-de-France. Selon les participants, cette action est "une première en Île-de-France".
Pour se faire entendre, le collectif à l'origine de la mobilisation s'est donné rendez-vous devant la direction.
"Il manque des infirmiers et des brancardiers"
Sur Twitter, le collectif fait part de l'épuisement des équipes soignantes. "Nos équipes sont à bout", rajoute l'infirmier. "Certains ont des séquelles physiques, d'autres psychologiques, on en peut plus. C'est pour cela qu'on a décidé de s'arrêter". Ces personnels demandent des effectifs supplémentaires de jour comme de nuit et l'activation immédiate du "plan blanc" pour libérer des lits, alors que sévit une triple épidémie hivernale de Covid-19, grippe et bronchiolite. "On se bat tous les jours, mais nous n'avons pas assez de moyens. Certains patients attendent plus de vingt heures avant une prise en charge parce qu'il manque des infirmiers, mais aussi des brancardiers". Une situation qui empire de semaine en semaine. "C'est un cumul de choses qui nous pousse à faire cela. On espère des choses de la part des dirigeants, mais rien ne se passe", regrette le soignant.
"Parfois, nous avons peur de ne pas être en mesure de prodiguer les soins dont ont besoin nos patients, car nos collègues qui sont sur une autre urgence, ne peuvent pas venir nous aider", souligne-t-il.
Celui-ci met également en cause le manque de lits qui oblige certaines personnes hospitalisées à "attendre sur des brancards pendant plusieurs heures pour des examens parfois vitaux". Enfin, il déplore que les Urgences soient parfois dans l'obligation de refuser d'hospitaliser certaines personnes "parce qu'on n'a pas assez de place et que tous les lits sont pris".
"Certains patients deviennent agressifs"
Cette situation de tension influe également sur le comportement des patients, lassés par les délais d'attente interminables. "Certains deviennent agressifs avec nous" témoigne une soignante au micro de France 3 Paris Île-de-France. Autre impact des importants délais de prise en charge: "l'état des patients peut se dégrader pendant qu'ils attendent et l'on risque de passer à côté sans le voir car on manque de temps et de monde", commente un infirmier
Interrogée à ce sujet, la direction de l'établissement de santé public a indiqué à France 3 Paris Île-de-France que le recours au plan blanc n'était pas "la bonne solution" face à cette crise. Les arrêts-maladies des 49 personnes concernées dureront cinq jours.