Le PDG de la société qui gère le marché de Rungis dit vouloir maintenir une importante zone maraîchère et veut créer un ensemble de sites qui ira de la culture à la transformation des produits sur cette zone où devait être construit un mégacomplexe commercial et touristique.
Tout projet dans la zone reste très sensible. Après des années de lutte, associations et riverains se sont réjouis de l'abandon du mégacomplexe Europacity dans le Triangle de Gonesse. Une enclave verte de 700 hectares située entre les pistes d'atterrissage des aéroports du Bourget et de Roissy-Charles-de-Gaulle.
Mai après cet abandon, pas question de laisser la zone (où doit être construit une station de métro du Grand Paris Express) telle quelle. C'est le projet du marché de gros de Rungis qui l'a emporté. Il va ainsi lancer en juillet "un appel à idées" pour "construire avec les acteurs du terrain" son projet d'extension au nord de Paris, qui prévoit notamment un "espace de production agroécologique" sur le Triangle de Gonesse, a annoncé mardi à l'AFP son PDG Stéphane Layani.
"Tout n'est pas déjà écrit, loin de là. Nous savons dans quelle direction nous voulons aller. Mais nous ne connaissons pas encore la recette de cuisine dans le détail", assure le président de la Semmaris, société gestionnaire de Rungis, le plus grand marché de gros au monde installé au sud de Paris, dans le Val-de-Marne.
Une zone la "plus possible agricole"
Stéphane Layani s'exprimait pour la première fois sur le dossier depuis la décision du Premier ministre Jean Castex, annoncée le 7 mai, de retenir ce projet baptisé "Agoralim" dans le cadre de son plan pour le Val d'Oise.
Le projet de la Semmaris prévoit aussi la création "d'une ou deux" plateformes de distribution "à proximité" du Triangle de Gonesse.
Depuis la décision du président Emmanuel Macron fin 2019 d'abandonner le projet très critiqué d'Europacity, le devenir de 280 hectares de terres agricoles sur ce Triangle est devenu un point de crispation entre les élus locaux et les militants écologistes, qui ont tenu une ZAD ("Zone à défendre") éphémère en février dernier.
"Ce que nous voulons faire avec Agoralim, c'est un projet avec plusieurs sites, qui couvre l'ensemble de la chaîne de valeur, de la production à la distribution en passant par la transformation. Il s'étendra au total sur 60 à 100 hectares", explique Stéphane Layani.
"Notre objectif, c'est que la zone sud du Triangle de Gonesse soit le plus possible agricole. Nous souhaitons y faire un centre de production maraîchère et horticole tourné vers l'agroécologie", souligne le patron de Rungis.
Transformer les produits récoltés
La Semmaris prévoit aussi des activités de transformation de ces productions (légumerie, conserverie).
Elle imagine un centre de formation dédié aux pratiques agricoles durables et plus largement aux métiers de la transition écologique, en lien avec l'Université de Cergy-Pontoise.
Avec son "appel à idées" qui sera lancé dans la première quinzaine de juillet, la Semmaris entend "co-construire" le projet avec les acteurs de terrain (chambre d'agriculture, élus, associations, parties prenantes...) et trouver des "partenaires".
Le patron de Rungis remettra son rapport au Premier ministre en décembre. L'idée est "d'ouvrir Agoralim en 2026", dit-il.