Quelque 350 personnes - dont de nombreux adolescents - ont participé dimanche à Sarcelles dans Val-d'Oise à une marche en mémoire de l'adolescent tué le 12 novembre par un garçon de la même ville et du même âge, écroué depuis.
Derrière la banderole "la violence n'a pas de place dans nos rues ni dans nos coeurs", la mère d'Ali est restée silencieuse, vêtue d'un tee-shirt portant le prénom de son fils et le dessin d'une colombe. Une tante de l'adolescent a pris la parole pour remercier la police et la municipalité - dont le maire socialiste, Patrick Haddad, qui était présent aux côtés d'autres élus. Elle a conclu la manifestation par le slogan du rassemblement : "agissons ensemble contre la violence".
"Ce sont nos petits frères qui s'entretuent, ce sont nos mamans qui pleurent", a lancé une figure de la lutte contre les rixes meurtrières dans le Val-d'Oise, Adama Camara, qui avait lui-même perdu en 2011 son frère de 18 ans, poignardé, et avait fait de la prison après avoir tenté de le venger. "Votre vie, elle compte, les petits frères, la vengeance, oubliez ça", a-t-il dit aux adolescents présents, ajoutant : "Tu peux dire +on est des bonhommes, il y a 1 à 0, on va se venger+ mais tu vas le faire et t'iras en prison, tout le monde va t'oublier".
Sous la garde de policiers, la marche est ensuite partie du parking où Ali est mort - "d'un coup de couteau en plein coeur" selon ses proches -, l'après-midi et devant témoins en face d'un centre commercial de Sarcelles, à une vingtaine de kilomètres au nord de Paris.
"On est sur des rixes qui durent depuis 20 ou 30 ans"
Un adolescent de 17 ans d'un autre quartier, soupçonné d'avoir porté le coup de couteau, a été interpellé le 16 novembre par les enquêteurs du Service interdépartemental de la police judiciaire du Val-d'Oise, selon une source proche de l'enquête. Une quinzaine de policiers avaient été mobilisés pour ces investigations, sur la piste de rivalités entre jeunes de différents quartiers.
Le 13 novembre, lors d'une réunion en mémoire d'Ali, Assa Traoré, connue comme militante "contre les violences policières" depuis la mort de son frère Adama en 2016, avait aussi pris la parole en tant qu'ex-éducatrice à Sarcelles, appelant à déconstruire le fait que ce soit devenu "normal qu'un enfant tue un autre enfant". "On est sur des rixes qui durent depuis 20 ou 30 ans", avait souligné Assa Traoré, demandant aux jeunes présents d'arrêter le mécanisme "t'as tué mon frère, mon ami, donc on recommence".