VIDEO. Soignants en grève à l'EHPAD de Montmorency : ils dénoncent leurs conditions de travail

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Soignants en grève à l'Ephad de Montmorency : ils dénoncent leurs conditions de travail ©France 3 PIDF

Avec cinq soignants pour 51 personnes âgées, le personnel de l'EHPAD de la Croix-Rouge de Montmorency dit stop. Harassés et de moins en moins nombreux, ils ont décidé de faire grève pour demander le recrutement de deux personnes.

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"Personnels épuisés, résidents en danger". Devant la résidence Montjoie de la Croix Rouge, située dans la commune de Montmorency (Val-d'Oise), les soignants font entendre leur colère avec des pancartes aux mots chocs.

Ce mercredi, ils sont en grève pour protester contre leurs conditions de travail, dans cet EHPAD où résident actuellement 51 personnes âgées, et qui en accueillera bientôt cinq de plus. "Je travaille ici depuis huit ans, à l’époque nous étions neuf soignants pour s’occuper de tous les résidents. L’année dernière nous étions sept, et cette année nous sommes cinq", explique Jean-Baptiste Lepetit, aide-soignant dans cet EHPAD et délégué syndical.

Une maltraitance non voulue

Ce manque d’effectif épuise les équipes qui travaillent dix heures par jour, et impacte directement les résidents : "Normalement, nous devrions faire entre 8 et 9 toilettes par jour et par soignant. Actuellement nous en sommes à 10,12 et parfois 13 toilettes", précise Jean-Baptiste Lepetit.

Au point de parler de maltraitance non voulue : "Lorsqu’on doit dire aux résidents qu’on ne peut pas rester discuter avec eux, même deux minutes, c’est une forme de maltraitance. Lorsque nous faisons une toilette au lit en 15 minutes, alors qu’il en faudrait 30, c’est une forme de maltraitance. Quand nous sommes obligés de les presser au moment des repas, ou qu’on ne peut pas assurer des activités, c’est une forme de maltraitance", détaille le soignant, ému et affecté par cette situation.

Aujourd’hui avec ses collègues, ils demandent le recrutement de deux personnes supplémentaires. Un besoin en personnel d’autant plus important que la période estivale approche à grand pas, et avec elle, le risque de voir les personnes âgées être encore plus vulnérables. "Avec les températures actuelles, on a des cas de déshydratation. Comment peut-on assurer une qualité de service avec cinq soignants pour bientôt 56 résidents ?"

Un mal-être croissant chez les seniors

Pour le soignant, ce manque de temps et d’attention est un facteur qui aggrave la situation des aînés, et qui participent à la dégradation de leur état de santé. "Je vis très mal cette situation car depuis le Covid nous avons tissé des liens très forts. Ils nous font confiance or nous voyons que leur état se dégrade. On nous apprend que la bienveillance et l'humanitude [NDLR : prendre soin des personnes âgées au regard des besoins de chacun] font partie des principes de la Croix-Rouge, mais on ne les retrouve pas actuellement", s'attriste-t-il.

Au micro des journalistes de France 3 PIDF, une résidente de Montjoie témoigne : "Il faudrait plus de soignants disponibles pour nous accompagner au quotidien. Par moments, nous craquons car nous sommes complètement déboussolés."

"Nous sommes cassés"

Un mal-être que remarque également Dominique Atlan, la responsable animation de cet EHPAD géré par la Croix-Rouge : "Le manque d’effectif impacte la qualité de l’animation car je suis seule pour aller chercher l’ensemble des résidents", indique l’animatrice, qui devrait normalement pouvoir être accompagnés des soignants dans cette mission. "Comme je ne peux pas aller tous les chercher, certains restent leur chambre. Je suis surchargée et je le vis très mal car je me sens complètement seule. Je suis rentrée dans une structure de la Croix-Rouge pour leurs valeurs, pour travailler en collaboration et en partenariat avec mes collègues", raconte tristement celle qui travaille à mi-temps dans la structure. 

Depuis plus de trois mois, les soignants alertent leur direction, mais les négociations n'ont pas abouti. C'est pourquoi ils ont décidé de déposer un préavis de grève la semaine dernière et afin de tirer la sonnette d'alarme, comme en témoigne Jean-Baptiste Lepetit : "On repousse nos limites mais nous sommes cassés, nous avons des douleurs de partout." Pour ce personnel en colère, il y a urgence à agir alors que les arrêts de travail se multiplient dans leur équipe.

Des discussions en cours avec la direction 

De son côté la direction Croix Rouge de l'EHPAD affirme que "des discussions sont actuellement en cours de finalisation avec les représentants du personnel. Un courrier de sortie de crise va leur être soumis à la signature incessamment sous peu." Et d'ajouter : "Il a été proposé de mettre en place une organisation à 7 soignants par jour, avec une mise en oeuvre de groupe de travail à 360° pour chercher et exploiter toutes les pistes de retour à l'équilibre (cela concerne toutes les charges et pas uniquement des économies sur la masse salariale). Ensuite, un plan d'actions de retour à l'équilibre sera établi."

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