Le procès en appel du viol présumé au 36 quai des Orfèvres débute mardi devant la cour d'assises du Val-de-Marne. L’affaire remonte à 2014 : deux policiers sont accusés d'avoir violé une touriste canadienne au siège d'alors de la police judiciaire.

Huit ans après les faits, le procès en appel du "viol du 36" s’ouvre ce mardi 5 avril. En première instance, en janvier 2019 à Paris, Antoine Quirin, âgé de 43 ans, et Nicolas Redouane, 52 ans, avaient été condamnés à sept ans de prison. Ils avaient été reconnus coupables du viol en réunion d'Emily Spanton, une touriste canadienne. Mais les deux anciens membres de la Brigade de recherche et d'intervention (BRI), qui contestent toujours les faits qui leur sont reprochés, avaient aussitôt fait appel.

Le procès en appel a déjà été renvoyé à deux reprises : une première fois en mars 2020, en raison de la crise sanitaire ; puis une seconde fois, en juin 2021, après l'hospitalisation de Me Thierry Herzog, avocat de la défense. Déjà venue les deux fois du Canada, la plaignante - aujourd'hui âgée de 42 ans - sera encore une fois présente mardi pour l’audience. 

Du côté des avocats de la défense, Me Pascal Garbarini indique que Nicolas Redouane "espère avec force prouver son innocence devant la cour d'assises". "Cette histoire a anéanti tant sa vie professionnelle que sa vie personnelle", affirme le conseil.

"Je me suis dit que j'y serais en sécurité"

L’affaire remonte à la nuit du 22 avril 2014. Ce soir-là, Emily Spanton, de passage à Paris, vient boire des verres dans un pub irlandais du quartier Saint-Michel. Un établissement situé en face du siège d'alors de la police judiciaire. Dans ce bar, la touriste canadienne rencontre plusieurs policiers de la BRI. Les fonctionnaires lui proposent alors une visite nocturne du "36".

"J'étais ivre, je savais que je n'étais pas en mesure de retrouver mon hôtel. Je me suis dit qu'au moins, dans un commissariat, je ne pourrais pas boire à nouveau et que je rentrerais une fois sobre… Je me suis dit que j'y serais en sécurité", avait expliqué Emily Spanton à la cour, en première instance.

La Canadienne ressortira du siège de la PJ plus d'une heure après y être entrée, en état de choc, pour dénoncer un viol. Elle affirme que, dans un bureau du "36", les accusés l'auraient forcée à boire un verre de whisky et lui auraient imposé fellations et pénétrations vaginales. Du côté des accusés, Nicolas Redouane a reconnu une fellation de la plaignante, mais a affirmé que le rapport sexuel était consenti. Pendant la soirée, il a envoyé un SMS à un collègue pour l'inviter à le rejoindre : "C'est une touseuse (partouzeuse, NDLR). Dépêche".

Le verdict prévu le 22 avril

L'ADN de l'autre policier, Antoine Quirin, a été retrouvé à l'intérieur du vagin de la plaignante. L’accusé a évoqué une pénétration digitale consentie.

En première instance, la cour d'assises de Paris avait motivé sa décision en critiquant les "dépositions évolutives, fantaisistes et peu crédibles" des accusés, face aux "déclarations constantes de la jeune femme". Les policiers ont "agi comme des soudards", avait dénoncé à l’époque l'avocat général Philippe Courroye. "Ce soir-là, ils n'étaient pas la police mais des usurpateurs indignes de brassards et ils se sont comportés comme ceux qu'ils pourchassent", avait-il également affirmé.

Les deux accusés encourent jusqu’à 20 ans ans de prison. Le verdict doit être rendu le 22 avril prochain.

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