Deux sénateurs communistes ont dénoncé mercredi des conditions de travail et de détention indignes à l'antenne de l'Office anti-stupéfiants (Ofast) de l'aéroport d'Orly (Val-de-Marne), plaque tournante du passage de cocaïne en France.
Depuis quatre ans, l'Ofast, l'office anti-stupéfiants d'Orly est installé dans un hangar de 200 m2, qui ne devait être que provisoire. Un lieu discret mais surtout insalubre, où sont détenus et auditionnés les gardés à vue.
Dans ces locaux, policiers et suspects cohabitent avec les rongeurs. Quand ce ne sont pas d'autres désagréments. "Vous avez un sol défoncé, vous n'avez pas de douche, pas de ventilation, pas de lumière du jour, pas de point d'eau, se désole Freddy Brossard, secrétaire national du SNUIPN-FSU. Et pas de WC puisque se sont des toilettes sèches de chantier…"
Un trafic en constante augmentation
Selon les policiers, ces conditions ne leur permettent pas d'assurer correctement leur mission : remonter les filières des narco-trafiquants. Alors que 100 kilos de cocaïne transiteraient chaque jour via des "mules", en provenance des Antilles. À l'échelle nationale, ce sont 27,7 tonnes de cocaïne qui ont été interceptées en 2022, un chiffre multiplié par cinq en dix ans, selon les derniers chiffres du ministère de l'Intérieur cité par l'AFP.
Un constat partagé par deux sénateurs communistes en visite mercredi, qui ont pu filmer les locaux. "Il y a un décalage énorme entre la communication pétaradante du ministre de l'Intérieur qui valorise beaucoup les moyens mis dans la lutte contre le trafic de stupéfiants et la réalité des locaux dans lesquels on se trouve qui sont complètement dégradés. Vous avez l'impression de visiter un immeuble détenu par un marchand de sommeil", regrette Ian Brossat, sénateur communiste de Paris et membre de la commission narco-trafic.
Un quart de l'effectif en burn-out
Des conditions de travail dégradées qui impactent ces policiers. Sur les douze enquêteurs, trois sont actuellement arrêtés pour "burn-out", selon les syndicats qui envisagent de nouvelles actions si rien ne change.
Car si l'hiver les températures sont glaciales dans ce hangar, il se transforme l'été en véritable fournaise. "Nous verrons cet été en fonction de la température. Mais pour la santé de nos collègues et des personnes qui sont gardées à vue, on fera un droit de retrait, confie Flavien Bénazet, le secrétaire général du SNUIPN-FSU. Ce n'est pas normal de travailler dans des conditions pareilles."
À l’issue de leur visite, Ian Brossat et Pascal Savoldelli, sénateur du Val-de-Marne, ont annoncé qu'ils demanderaient un audit sur les moyens de l'Ofast et la visite, en personne, du ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin.