Deux jeunes hommes ont été condamnés respectivement à deux ans et demi et un an et demi d'emprisonnement ferme pour avoir pillé et incendié le commissariat de Villecresnes lors des émeutes fin juin. Trois policiers se trouvaient dans des locaux lors des faits.
"Il y a une volonté de neutraliser le commissariat à une période où les forces de l'ordre étaient bien plus que dépassées", selon la procureure Mathilde Karekezi, qui a dénoncé des faits "gravissimes". Jeudi, le tribunal de Créteil a condamné à deux ans et demi et un an et demi de prison ferme deux jeunes hommes pour l'attaque du commissariat de Villecresnes lors des émeutes qui ont suivi la mort du jeune Nahel, tué par un tir policier lors d’un contrôle à Nanterre fin juin.
Les faits se sont déroulés dans la nuit du 29 au 30 juin : les deux jeunes hommes, âgés de 19 et 22 ans, ont été condamnés pour avoir attaqué et incendié le commissariat de cette petite ville du Val-de-Marne, alors que trois policiers se trouvaient dans des locaux.
Un troisième prévenu de 20 ans qui faisait partie du groupe d'émeutiers comparaissait pour avoir incendié et pillé le camion d'un supermarché la même nuit, peu avant l'attaque du commissariat. Il a été condamné à un an de prison ferme.
"Ce n'est pas à Fresnes qu'on crée des citoyens honnêtes et modèles"
Tous trois ont été poursuivis pour participation à un groupement préparant des violences ou dégradations lors de manifestations sur la voie publique. Ils ont également écopé des obligations de justifier d'un travail ou d'une formation, d'indemniser les parties civiles et de régler les sommes dues au Trésor public. Le préjudice pour les dégâts infligés au commissariat s'élève à plus de 43 000 euros, selon l'avocat des trois policiers et de la municipalité de Villecresnes, Me Florent Hauchecorne.
Les trois jeunes hommes ont invoqué notamment "l'effet de groupe" pour justifier les actes qui leurs sont reprochés. Les avocats de la défense ont tous souligné la jeunesse des prévenus, dont l'un ne possédait pas de casier judiciaire. "Ce sont des gamins", a plaidé Me Adrien Mamère.
L’avocate Me Sukeyna Elachguer a demandé que le tribunal prononce une "justice réparatrice" plutôt que des peines avec mandat de dépôt. Envoyer son client en prison, "c'est l'achever, l'éloigner de la société, le désinsérer", a-t-elle argué, déclarant que "ce n'est pas à Fresnes qu'on crée des citoyens honnêtes et modèles". Les trois prévenus ont été placés en détention à l'issue du procès.