L'élue socialiste voit en ces zones de plus en plus nombreuses un symbole discriminatoire envers les mineurs. Elle a fait une proposition de loi au Sénat pour les interdire.
"Depuis plusieurs mois, les enfants font l'objet d'une intolérance de plus en plus assumée", selon la sénatrice socialiste du Val-de-Marne. Laurence Rossignol vise ces lieux publics dans lesquels les enfants ne sont pas les bienvenus. Que ce soit dans les trains, les restaurants, les hôtels ou certaines zones en extérieur, de plus en plus de lieux se présentent comme des espaces "no kids", "sans-enfants".
Un problème selon l'élue qui vise à les interdire par une proposition de loi déposée au Sénat fin mars. D'après elle, ces lieux sont symboliques "d’une société de plus en plus intolérante qui pousse l’entre-soi à son maximum". Elle espère que sa proposition de loi aidera à reconnaître la discrimination envers les enfants."
Celle-ci "doit contribuer à mettre un terme à cette tendance avant qu’elle ne prenne davantage d’ampleur". Elle indique que les moments passés par les plus jeunes dans l'espace public avec les adultes font partie intégrante de leur construction sociale. "Les enfants jouent, courent et font du bruit. Ce ne sont pas des adultes en miniature. Mais c’est au contact des adultes qu’ils grandissent et apprennent les règles qui les structureront plus tard", déclare-t-elle.
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"Commençons par affirmer que les enfants sont bienvenus dans nos vies"
La sénatrice souhaiterait amender l'article 225-1 du Code pénal qui traite de la discrimination liée à l'âge. "Cet article vise le plus souvent les personnes âgées mais n'inclut pas les enfants et cela est problématique. Il faut dire qu'ils ne peuvent pas faire l'objet de discriminations, à l’exception d’exigences spécifiques liées à leur sécurité ou à leur incapacité civile", précise l'ancienne ministre des familles, de l'enfance et des droits des femmes .
La discrimination envers les enfants, c'est un des objets d'études de Guenaëlle Gault, directrice de l'Observatoire Société et Consommation. Selon elle, l'appellation "espace no kids" est problématique car elle dénote un recours au vocabulaire de la discrimination. "Ces espaces existent depuis longtemps mais ils s'appelaient espaces de tranquillité ou portaient d'autres noms. Ici, on insiste sur le côté excluant de ces zones", détaille-t-elle.
Importés de Corée du Sud ou encore des Etats-Unis ces espaces interdits aux enfants montrent également que "la place des mineurs dans les espaces publics est de plus en plus réduite". Un constat que partage la sénatrice. "À l’heure où les questions de natalité sont convoquées dans le débat public, commençons par affirmer que les enfants sont bienvenus dans nos vies", explique-t-elle.
Pour Genaelle Gault, l'interdiction des espaces dits "no kids" doit s'accompagner de la création de zones "où les enfants peuvent s'exprimer dans la sphère publique qui sont de plus en plus rares". "La ville fait de moins en moins place aux enfants et il faut que cela évolue", relève-t-elle. La proposition de la sénatrice, soutenue par plusieurs de ses collègues, a été déposée le 28 mars dernier.