Un collectif d'élus d'Île-de-France redoute la disparition en juin prochain du "train des primeurs" qui, cinq fois par semaine depuis Perpignan, approvisionne en fruits et légumes le Marché de Rungis.
"Un train comme celui-là s'il était supprimé, correspondrait à mettre 50 camions sur la route. On a calculé sur 365 jours, ça donnerait entre 20 000 camions supplémentaires sur les routes en direction de l'Île-de-France".
Céline Malaisé, élue Gauche Communiste Écologiste et Citoyenne au Conseil régional d'Île-de-France brandit un argument déjà utilisé en 2019 pour défendre cette ligne déjà interrompue pendant deux ans et relancée en 2021. La suppression du "train des primeurs" venant serait "un sacrifice écologique et social" et aurait pour effet la circulation d'une noria de semi-remorques en Île-de France.
Selon un collectif d'élus locaux et de parlementaires, les six prochains mois n'annoncent rien de bon pour cette ligne de fret. Le train qui transporte cinq fois par semaine, "les légumes du soleil au ventre de Paris" de Perpignan au Marché de Rungis pourrait définitivement fermer à partir du mois de juin après une période annoncée de travaux selon le collectif.
"Nous n'avons aucune garantie, aucune certitude sur le redémarrage de ce train ( ... ) En fait, tout ça s'inscrit dans un contexte de dissolution du fret ferroviaire. Car aujourd'hui, il y a des impératifs qui sont dictés par l'Union européenne. À terme en France, 23 flux de transports-combinés ne seront plus attribués à FRET SNCF dont la liquidation est en cours", explique Céline Malaisé.
Le train des primeurs va-t-il vraiment disparaître ?
Pour le train des primeurs, les prochains mois pourraient être décisifs. Le train des primeurs,"ce flux doit être effectivement cédé en 2024 et remis sur le marché pour qu'un autre opérateur de fret ferroviaire le reprenne", explique une source de Fret SNCF. "Suite à une enquête européenne pour aides d'Etat illégales, FRET SNCF doit se transformer et se séparer de 23 flux de transports de marchandises, dont la ligne Perpignan-Rungis", selon cette même source. Pour assurer le maintien des circulations du train des primeurs à partir de l’été 2024, l'État a lancé en juillet dernier un appel à manifestation d'intérêt, un appel d'offres afin d’identifier "le meilleur projet";
Parallèlement, en janvier prochain, l'entreprise Fret SNCF sera liquidée pour être remplacée par deux nouvelles sociétés, "une qui fera du transport ferroviaire de marchandises et une autre qui fera de la maintenance des locomotives ferroviaire".
Vers une transformation de la ligne
À Rungis, la Semmaris, qui gère le Marché international, a engagé la modernisation de ses équipements. Elle a lancé en début d'année un appel d'offres pour la création d'un terminal combiné rail-route sur le MIN, qui devrait être livré d'ici 2024-2025 et qui pourra lui permettra de faire transporter des containers de semi-remorques sur les trains.
Contactée, la Sémmaris se dit très attachée "au maintien d’une liaison ferroviaire pour approvisionner le Marché de Rungis en produits frais", mais, "que ce maintien implique une modernisation de l’outil pour le mettre aux standards du transport ferroviaire de marchandises d’aujourd’hui (... ) en adaptant les équipements et installations et ainsi répondre aux enjeux de demain".
De leurs côtés, les élus mobilisés veulent alerter l'opinion publique sur l'état du fret ferroviaire en France. Et à ce titre," le train des primeurs est une ligne symbolique" affirme la conseillère régionale, Céline Malaisé.