À Ivry-sur-Seine, dans le Val-de-Marne, des parents d'élèves et des enseignants du collège Henri Wallon se mobilisent contre l'une des mesures phares de la réforme "Choc des savoirs", l'instauration de groupes de niveau. Les détracteurs de la réforme organisent ce mardi soir une "Nuit de l'Education".
À Ivry-sur-Seine dans le Val-de-Marne, la FCPE locale, la Fédération des conseils de parents d'élèves sonne le rappel. Fermement opposée à l'instauration de groupes de niveau en collège dès la rentrée prochaine, la FCPE invite parents, enseignants, enfants à participer à une "Nuit de l'éducation", dès 18 heures au collège Henri Wallon.
Au programme de ce rendez-vous : des réunions d'information thématiques sur la réforme en cours jusqu'à 22 heures. Et ensuite ? "L'occupation de l'établissement n'est pas ce qui est prévu, mais je sais qu'il y a des parents très très remontés qui en ont parlé", avertit un professeur de ce collège. À la rentrée prochaine,"on va ordonner à des professeurs d'écoles en CM2 de trier leurs élèves et de leur annoncer qu'ils seront en arrivant en 6e, soit dans le bon groupe, soit dans le mauvais. Ce qui est totalement odieux", tempête Syvain Labois de la FCPE locale.
Malgré les mobilisations massives des parents & enseignants, @GabrielAttal et @NBelloubet restent sourds aux craintes légitimes contre cette politique de casse de l’école publique.
— FCPE Paris (@FCPE_Paris) March 31, 2024
La @FCPE_Paris appelle à amplifier la mobilisation dès le 2 avril.https://t.co/AtKtm1E3sr pic.twitter.com/VUpFQqr0V1
Dans le cadre de la réforme "Choc des savoirs" voulue par le Premier ministre, Gabriel Attal, des groupes de niveau en français et en mathématiques entreront en vigueur à compter de la rentrée scolaire 2024 pour les classes de sixième et de cinquième, et à compter de la rentrée 2025 pour les classes de quatrième et de troisième.
Selon Nicole Belloubet, la ministre de l'Education nationale et de la Jeunesse, "l'idée est de créer un dispositif qui [permettra aux élèves de, Ndlr] - mieux apprendre", en prenant en compte le niveau de chacun et de ses difficultés. Une explication de texte qui ne passe pas du côté de la FCPE. "La crainte, c'est que ce soit l'inverse qui soit recherché, que ça ressemble à la constitution de véritables filières de relégation", explique Sylvain Labois qui estime que le gouvernement ne veut pas entendre les revendications de la FCPE.
"On ne sait pas comment ça va se tenir si ça se fait"
Au collège Henri Wallon, classé en Réseau d'éducation prioritaire, plus de 600 élèves, la création de groupes de niveau rencontre, depuis son annonce, une forte contestation, selon Florence Touitou, professeure d'histoire et syndiquée CGT.
Contre la réforme, 52 % des enseignants se sont mis en grève ce 2 avril selon cette professeur. "C'est une catastrophe ! On est avec moins de moyens tous les ans et là pour assurer ça, ça va être une usine à gaz en termes d'emploi du temps", alerte-t-elle, qui estime que le volume d'heures d'enseignement alloué l'an prochain au collège Henri-Wallon ne sera pas suffisant pour assurer la rentrée.
"On ne sait pas comment ça va se tenir ( .. ) si ça se fait, ça sera aux dépens des emplois du temps et donc des enseignants en maths et en français qui auront une amplitude horaire hallucinante", ajoute-t-elle.
"En plus de trier les élèves, ça va assécher les moyens qui étaient destinés à des choses positives comme le soutien par petits groupes, les cours de sciences, l'enseignement des langues anciennes comme le latin ou le grec, sans parler des voyages scolaires. Et bien évidemment, les professeurs de français et de maths qui participent à ces voyages scolaires ne le feront plus", estime Syvain Labois le représentant de la FCPE.
Le manque de moyens
Les détracteurs de la réforme espèrent mobiliser ce soir des parents d'élèves et des enseignants d'autres établissements scolaires pour parler des conséquences de la réforme, mais également pour échanger sur "la situation dramatique [du point de vue des moyens] que rencontrent les maternelles, les écoles et les collèges à Ivry-sur-Seine".
Dénoncer le manque d'AESH à Ivry-sur-Seine, par exemple selon cette enseignante. "Il y en a trente-cinq sur la ville d'Ivry-sur-Seine alors qu'il y a environ 211 enfants notifiés", assure Florence Touitou. "L'État est totalement hors-la-loi, il y devrait y avoir des AESH et il n'y en a pas. D'ailleurs avec les groupes de niveau, ces gamins en situation de handicap seront évidemment dans le groupe des mauvais, c’est gravissime !", prédit le représentant FCPE.
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