Le procès de deux policiers d'élite, accusés d'avoir violé une touriste canadienne dans les locaux du célèbre 36 quai des orfèvres a débuté ce lundi aux Assises de Paris.
Le scandale avait ébranlé le 36 quai des orfèvres en avril 2014. Une touriste canadienne Emily S. déposait plainte pour viol en réunion contre des policiers de la Brigade de recherche et d’intervention (BRI).
Aux assises de Paris, deux policiers – qui exercent toujours- comparaissent pour viol en réunion depuis ce lundi. Nicolas R., 49 ans et Antoine Q., 40 ans, encourent 20 ans de réclusion criminelle.
Une soirée fortement alcoolisé
La touriste canadienne, Emily S., et les policiers se sont rencontrés dans un pub irlandais, face au siège de la PJ le 22 avril. Après avoir consommé une grande quantité d’alcool, les deux accusés et Emily S. se sont rendus au 36 pour une visite nocturne des célèbres locaux.
Emily S. est entrée, joyeuse, dans le bâtiment à minuit 40, mais en est ressortie à 2 heures, en larmes, en état de choc, sans ses collants. "Quatre policiers m'ont violée avec condoms (préservatifs)". C’est ce que raconte Emily dans sa plainte déposée le 23 avril au matin. Elle a décrit notamment des fellations et pénétrations vaginales forcées.
Dans une 2nde déposition, elle raconte s’y être rendue en voiture avec Antoine Q qui lui aurait fait boire et forcé à une fellation. Puis évoque l’arrivée d’un 2e homme qui l’a plaqué sur le bureau et la viole par derrière. Puis elle parle d’un troisième homme qui la viole aussi.
— Aude Blacher (@audeblacher) 14 janvier 2019
"On m'accuse de choses abjectes"
Les accusés nient farouchement le viol. Le premier Nicolas R a évolué dans ses déclarations. Il a reconnu finalement une fellationconsentie. Après avoir démenti tout rapport, le second Antoine Q. a reconnu tardivement, des caresses sexuelles dans la voiture, avec une pénétration digitale.
A la barre, ce lundi, Antoine Q. réaffirme son innocence « Ça fait 5 ans qu'on est affublé d'un costume d'horreur, explique Antoine Q. On m'accuse de choses abjectes. J'aurais jamais pu faire ça. »
Antoine Q (2e accusé), auditionné, évoque quand à lui des baisers échangés dans la voiture entre le Galway et le 36 avec Emily S. Puis un acte de pénétration digitale consenti, des caresses sur le sexe sans ejaculation. @France3Paris
— Aude Blacher (@audeblacher) 14 janvier 2019
un sms compromettant
Parmi les éléments pesant contre les policiers, un SMS: "ça est une touseuse (partouzeuse, NDLR), dépêche", avait envoyé Nicolas R. à un collègue. Mde l'adn retrouvé. Des examens médicaux réalisés sur la plaignante attestent d'une lésion gynécologique récente.
Les téléphones des policiers ont été examinés. Une vidéo est réalisée à 1h16 mais elle est effacée. Et irrécupérable. Des messages également. A 1h04, Nicolas R envoie un sms à Sébastien C. qui dit « c’est une touzeuse, dépêche ». Le policier, qui était au pub, arrive 5 min après.
— Aude Blacher (@audeblacher) 14 janvier 2019
Un non lieu prononcé à l'instruction en 2016
En 2016, face à plusieurs incohérences relevées dans les dépositions d’Emily S, les juges d’instruction vont décider un non lieu. Les mensonges de la plaignante supplantant les mensonges des accusés. Mais le parquet fait appel de cette décision, c'est pourquoi ce procès se tient aujourd'hui. La cour d'assises a trois semaines, jusqu'au 1er février, pour comprendre précisément ce qu'il s'est passé dans la nuit du 22 au 23 avril 2014.
Mardi, des enquêteurs seront entendus. Mercredi, c'est la plaingnate Emily S. qui sera entendue.