Les agriculteurs du secteur d'Houdan (Yvelines) se sont réunis ce mercredi pour une opération escargot dans les rues de la ville. Ils protestent contre l'artificialisation des sols des chemins ruraux, voulue dans le cadre de la création de huit kilomètres de pistes cyclables.
"Non au goudron". Chez les agriculteurs du secteur d'Houdan, l'incompréhension règne. Depuis plusieurs mois, la communauté de communes du pays houdanais (CCPH) élabore un réseau de 34 kilomètres de pistes cyclables dans le cadre de leur plan climat, qui vise à réduire les émissions de CO2 à l'horizon 2030.
Oui mais voilà, sur ces 34 kilomètres, 8 kilomètres emprunteront des chemins ruraux, majoritairement utilisés par les agriculteurs. "Nous n'avons aucun problème avec ça, ce sont des chemins ruraux donc publics, explique François Lecoq, agriculteur et président du syndicat agricole du pays houdanais de la FDSEA d'Île-de-France. "Notre seul problème c'est le revêtement de la piste", confie-t-il au micro de France 3 Paris.
Des sols rendus imperméables ?
Pour ces 8 kilomètres à travers champs, la CCPH a fait le choix du béton. "Impensable" pour Jeffrey Vanhalst, un agriculteur venu se joindre à l'opération escargot organisée ce mercredi dans les rues d'Houdan. "Ces chemins sont censés absorber les eaux de pluie. La gestion de l'eau, qui va tomber sur ces pistes cyclables, va être compliquée car elle va nécessairement se déverser dans les champs", témoigne l'exploitant installé à Bazainville.
Une imperméabilisation qui inquiète également François Lecoq : "Quid de l'eau ? En ces périodes humides il va bien falloir l'évacuer". Pour celui qui s'oppose à cette "trame noire de béton", d'autres solutions existent. "Nous, ce qu'on demande c'est que tous ces chemins soient entretenus en grave calcaire, un matériau perméable qui permettra de garder un espace naturel", explique-t-il à la journaliste de France 3 Louise Simondet.
Pour le président de la communauté des communes du pays houdanais, Jean-Marie Tétart, la création de pistes cyclables en béton végétal ne va pas contribuer à l'imperméabilisation des sols dans la mesure où sur les cinq mètres de largeur du chemin rural, seuls deux mètres seront goudronnés pour permettre la circulation des vélos. "Ce qui veut dire qu'il y a un 1,50 mètre de verdure de chaque côté", explique le président.
"On va améliorer la situation par rapport à des chemins qui n'infiltrent plus rien du tout", affirme Jean-Marie Tétart. Selon le président, les chemins ruraux actuels sont déjà "très perméables, car ils ont une structure de pierre."
Quid de l'entretien ?
Autre interrogation des agriculteurs, l'entretien de ces pistes cyclables. Car lorsqu'ils sortent de leur parcelle, les agriculteurs doivent décrotter, c'est-à-dire retirer la boue de leurs roues. "Nous épargnions au maximum la route car nous pouvions décrotter dans ces chemins [ruraux], si ceux-là aussi sont goudronnés où va-t-on décrotter ?", s'interroge François Lecoq.
"Qui va entretenir ces espaces-là ? On a autre chose à faire que de nettoyer les chemins qui doivent rester des chemins agricoles quand bien même ce sont des chemins communaux", argue Jeffrey Vanhalst.
Des problématiques à l'étude, selon Jean-Marie Tétart. "Ils continueront à passer sur le chemin. Sur certains endroits, nous ferons deux bandes d'un mètre et non une bande de deux mètres. Les roues du tracteur pourront passer de chaque côté de la bande d'un mètre", répond le président de la CCPH, qui investit 2,5 millions d'euros dans ce projet d'aménagement.