Depuis 2017, Viroflay dans les Yvelines offre à ses habitants des "thérapies de couple". Objectif : éviter les séparations et diminuer la demande de logements sociaux sur la commune.
Proposer de construire des logements, il faut continuer à le faire, c'est nécessaire, mais est-ce qu'il n'y a pas aussi d'autres leviers et notamment une prévention des ruptures conjugales à mettre en place pour dans certains cas, éviter les séparations et donc éviter une demande de deux logements ? Laure Cottin, adjointe au maire de Viroflay, en charge de la petite enfance, des affaires familiales et sociales en est persuadée : offrir des thérapies de couple peut être une piste pour soulager la tension immobilière.
Viroflay, 16 000 habitants, comptabilise aujourd'hui 18 % de logements sociaux, en deçà du quota obligatoire de 25 % et la demande provenant des familles monoparentales est très forte. "En 2017, nous nous sommes aperçus que 50% des demandeurs de logements sociaux étaient des familles monoparentales. Et en même temps que 50 % de notre budget d'aide sociale était distribué à des familles monoparentales, ça a été à l'origine de notre réflexion. L'État accompagne les séparations, mais aucune prévention - de ces séparations - n'est proposée".
La municipalité de Viroflay s'est donc emparée à bras-le-corps de ce sujet en souffrance. Elle a recruté une conseillère conjugale et familiale qui reçoit pendant deux demi-journées des couples et des familles Viroflaysiennes. Les consultations sont prises en charge par la ville et donc gratuites. Le suivi peut durer une semaine ou plusieurs mois. "Nous avons levé le frein financier que représente un accompagnement au conseil conjugal et familial dans le privé ( .... ) cette conseillère rencontre en moyenne une dizaine de couples par an".
Ce dispositif thérapeutique a-t-il eu un effet sur la demande de logements sociaux à Viroflay ? 6 ans plus tard, difficile de l'évaluer selon Laure Cottin qui reconnaît ne pas avoir d'outils de mesure fiables à sa disposition. "En 2017, on était à 50 % de familles monoparentales sur notre liste de demandeurs de logement sociaux et aujourd'hui on est plutôt à 40 %" .
Un "prix des couples"
Quoiqu'il soit, la municipalité de Viroflay est aux petits soins pour ses couples. "4500 avec ou sans enfants sur la commune", calcule Laure Cottin. Outre ses séances de thérapie, la Ville propose également des conférences, et même des ateliers animés par des conseillères conjugales et familiales. "L'objectif, c'est de désacraliser. La vie de couple, c'est du ressort de l'intime, mais en fait tous les couples à un moment donné traversent des difficultés, alors on leur donne des outils concrets et ludiques" pour faire face aux "petites choses qui peuvent nous crisper dans le quotidien", pour lutter contre cette usure due au syndrome '"de la chaussette qui traîne", comme le dit l'élue.
En novembre dernier, la démarche entreprise par la Ville de Viroflay a reçu "le prix des couples 2023" décerné par l'"Alliance pour l'amour durable", un mouvement qui soutient les actions publiques et privées en faveur des couples. La ville d'Asnières dans les Hauts-de-Seine s'est vue décerner le même label.
"Notre objectif maintenant, c'est très clairement d'interpeller le gouvernement", assure Laure Cottin. Que pour les couples avec ou sans enfant, l'Etat mette en place, "une politique de prévention" et appuie des initiatives locales comme celle de Viroflay.