Les électeurs sont appelés à voter les dimanches 20 et 27 juin afin de renouveler le conseil départemental des Yvelines, dont le siège se situe à Versailles. France 3 Paris Île-de-France a organisé ce lundi 14 juin un débat entre différents candidats.
Les 20 et 27 juin prochains, la droite va-t-elle une nouvelle fois emporter l’intégralité des sièges ? Dans les Yvelines, qui comptent plus de 1,4 million d’habitants, le conseil départemental est composé de 42 conseillers départementaux issus de 21 cantons. Comme ailleurs, les candidatures sont présentées sous la forme d'un binôme composé d'une femme et d'un homme, avec leurs suppléants.
L’assemblée est actuellement présidée par Pierre Bédier (LR). Ancien député des Yvelines entre 1993 et 2009 et maire de Mantes-la-Jolie entre 1995 et 2005, il a été président du conseil départemental de 2005 à 2009, avant d’être élu de nouveau en 2014.
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Un nouveau "grand chelem" pour la droite et le centre ?
La droite va-t-elle une nouvelle fois réaliser le grand chelem le 27 juin, comme il y a six ans ? Pour commencer le débat, Karl Olive (DVD), maire de Poissy, conseil départemental et candidat sur le canton de Poissy, évoque un contexte "un peu différent" cette année pour la majorité menée par Pierre Bédier, qui avait obtenu l’ensemble des sièges en 2015 : "Aujourd’hui, on affiche un bilan, qui est on ne peut plus satisfaisant. Mais comme toute compétition, il faut attendre la fin du match, avec un respect de l’ensemble des adversaires."
De son côté, Ali Rabeh (Génération.s), dont l'élection à la mairie de Trappes en juin 2020 a été annulée début février par le tribunal administratif de Versailles (il a par ailleurs été condamné à un an d’inéligibilité), se dit "serein et confiant". L’édile (candidat sur le canton de Trappes), qui a fait appel, dit "attendre la décision du conseil d’Etat", pour "rétablir le droit". "Il est nécessaire de porter le fer face a une majorité départementale qui est hégémonique dans les Yvelines", souligne-t-il.
Laurent Morin (RN), candidat sur le canton de Bonnières-sur-Seine, appelle avant tout à "mettre un terme à l’emprise d’un homme sur tout un département". Il évoque aussi un "islamo-clientélisme" industriel de la part du président du département. "L’enjeu c’est d’écarter le système Bédier où règnent clientélisme, hyper-fiscalisme, opacité et condamnations", ajoute-t-il.
Face aux critiques de Laurent Morin, Karl Olive reproche notamment au candidat RN d’avoir fait d’un "système" Pierre Bédier "l’Alpha et l’Oméga" de son discours. Il accuse également Laurent Morin de ne pas habiter sur le canton de Bonnières-sur-Seine, où ce dernier se présente (une affirmation niée par le candidat RN).
Quant à LREM, Aicha Borges (candidate à Trappes) dit vouloir "porter une voix différente". En opposition à la majorité départementale actuelle, si elle est reconduite ? "On se comportera comme depuis 2017, dans un débat constructif, pour proposer des choses concrètes, et sortir des postures", et pour "une prise de décision qui soit la plus proche du terrain", dans un département aujourd’hui "monochrome".
Des investissements suffisants à destination de la solidarité ?
Principale thématique du débat : la solidarité. Alors que le sujet représente la "compétence principale" du Département, Ali Rabeh reproche à la majorité de ne pas assez investir. Le maire Génération.s de Trappes déplore ainsi le temps d’attente subi par les personnes en situation de handicap pour faire aboutir les dossiers de demande d’aides. "Il faut mettre les moyens et l’encadrement humain nécessaires", affirme-t-il, en qualifiant par ailleurs les Yvelines de "désert médical".
Aicha Borges rejoint Ali Rabeh sur ces critiques : "Le département des Yvelines dépense 48% de son budget à destination de la solidarité. La moyenne nationale est à 52%. Clairement, ce n’est pas suffisant." Elle évoque aussi une "urgence sociale de sortie de crise", et reproche à la majorité de Pierre Bédier de "ne pas avoir signé le plan pauvreté proposé par l’Etat".
Karl Olive répond que la majorité actuelle est "concernée" mais explique que le travail est également "collectif et collégial, avec la Région".
Pour ce qui est du RN, Laurent Morin dit ne "pas vouloir toucher au RSA" mais veut "créer une cellule de chasse à la fraude sociale". "Il y a aussi la thématique des mineurs non accompagnés" dont la prise en charge représenterait un "coût très important", ajoute le candidat.
Un "défi" environnemental
"Les crèches, les routes, les cantines scolaires"... Pour conclure le débat, Karl Olive présente le Département comme "le partenaire de proximité" et met en avant un "travail d’équipe" de la part de la majorité actuelle. Il évoque enfin un "défi des mobilités au travers de l’environnement".
Aicha Borges appelle, elle, à voter pour LREM, avec selon elle un "projet lié aux réalités du terrain", et des "méthodes participatives". D’après elle, le scrutin est une opportunité pour "sortir ensemble de la crise".
Ali Rabeh souligne l’importance de faire naître une opposition au conseil départemental, pour "porter les priorités que sont la nécessité d’être un département solidaire". Il appelle enfin à "innover" face au "défi écologique".
"Trois attentats islamistes, des émeutes, des commissariats attaqués"... Laurent Morin finit, lui, en évoquant un "climat particulier", "résultat d’une politique nationale désastreuse sur un plan sécuritaire, migratoire et judiciaire", mais aussi "d’une politique mise en œuvre au niveau départemental qui aggrave encore un peu plus la situation".
Une droite profondément enracinée
Pierre Bédier avait été élu le 11 avril 2014 à la présidence du département, à la suite de la démission d'Alain Schmitz. En 2015, il avait ensuite mené la coalition de droite à la victoire, en emportant l’ensemble des sièges. Pierre Bédier avait ainsi été réélu président du conseil départemental à l'unanimité des suffrages. Aujourd’hui âgé de 63 ans, il compte défendre son bilan, en rassemblant des LR, des Modem, des divers droite et même quelques LREM.
Sur la liste présentée cette année, parmi les 42 conseillers départementaux sortants de la majorité départementale, 26 sont de nouveau de la partie. C’est notamment le cas à Aubergenville, où le duo DVD composé de Pauline Winocour-Lefevre - vice-présidente du conseil départemental en charge de la ruralité - et Laurent Richard brigue un nouveau mandat après leur victoire en 2015.
16 nouveaux candidats ont été investis. A Bonnières-sur-Seine, la majorité de droite compte ainsi sur le haut fonctionnaire Patrick Stefanini : ancien préfet du Puy-de-Dôme et de la Gironde, il a entre autres été directeur de campagne pour Jacques Chirac, François Fillon mais aussi Valérie Pécresse.
La gauche peut-elle créer la surprise ?
Peu de suspens, a priori : il est très probable que la majorité "Ensemble pour les Yvelines" (EPY) soit globalement victorieuse à l’issue du second tour. Mais face à cette droite puissante, la gauche espère prendre sa revanche et former une opposition, aujourd’hui inexistante au conseil départemental. Si elle reste parfois divisée, certains candidats ont réussi à s’unir.
Communistes, socialistes, écologistes, LFI… A Trappes, un large rassemblement est mené par Ali Rabeh (Génération. s), le nouveau maire de la ville, et Anne-Marie Bouquet (PCF). Ils feront face à Anne Capiaux et Nicolas Dainville (LR), respectivement maire adjointe à Élancourt et maire de la Verrière.
Autre canton où la gauche va compter sur l’union entre plusieurs tendances : Montigny-le-Bretonneux, avec un duo formé par le maire de Guyancourt François Morton (DVG) et Claire Lavenant, présidente de l’association Aimes (Alternative ignymontaine écologique et solidaire). A Limay, la gauche, représentée par l’écologiste Catherine Potier et Djamel Nedjar, adjoint au maire communiste de la ville, s’est également unie.
Pierre Bédier face au RN à Mantes-la-Jolie
Mais Pierre Bédier a surtout désigné comme "ennemi" le Rassemblement National. En 2015, le parti d’extrême-droite était présent au second tour dans huit cantons. Cette année, le mouvement de Marine Le Pen a placé des binômes de candidats dans les 21 cantons des Yvelines. Le RN sera par exemple représenté par Stéphanie Fraser et François Le Hot à Rambouillet, par Laurent Morin et Monique Führer-Moguerou à Bonnières-sur-Seine, ou encore à Mantes-la-Jolie par Cyril Nauth (l’ancien maire de la ville) et Mathilde Androuët.
C’est d’ailleurs dans ce canton que le président sortant Pierre Bédier se représente, aux côtés de Nathalie Pereira, première adjointe au maire de la ville. Toujours à Mantes-la-Jolie, LREM a investi un duo de candidats face à la majorité départementale : Khadija Moudnibet et Alain Le Cam. Le parti de la majorité présidentielle est par ailleurs représentée par Pauline Becamel et Grégory Pape à Montigny-le-Bretonneux, par Aïcha Borges et Christophe Buhot à Trappes, et par Anne-France Simon et Laurent de Bastard à Versailles-1. Situation différente à Houilles : les nouveau maire Julien Chambon, qui avait été investi par LREM, se présente en binôme avec la conseillère départementale sortante Nicole Bristol, membre de la majorité "Ensemble pour les Yvelines".
A noter, enfin, les chiffres de l’abstention en 2015. Lors des dernières élections départementales, elle était de 54,67 % au premier tour et de 57,51 % au second tour.
Le débat sur France 3 Paris-Île-de-France, le 14 juin
Les participants présent sur notre plateau :
- DVD : Karl Olive (candidat "Ensemble Pour les Yvelines" à Poissy)
- Génération.s : Ali Rabeh (candidat à Trappes)
- RN : Laurent Morin (candidat à Bonnières-sur-Seine)
- LREM : Aicha Borges (candidate à Trappes)