Handicap. "On a vu la ligne Ulis avec 0 heure." Un dispositif d'aide pour élèves en situation de handicap fermé dans un lycée Yvelinois

C'est la consternation et la colère au lycée Jean Monnet situé à La Queue-Lez-Yvelines. Le dispositif Ulis ne sera pas reconduit à la rentrée prochaine. Le poste de la coordinatrice est menacé et c'est tout un savoir-faire, une organisation et un travail auprès d'élèves en situation de handicap qui risquent de disparaître.

Les enseignants, les AESH et la coordinatrice Ulis l'ont appris il y a quelques jours en découvrant les dotations horaires de leur établissement prévues à la rentrée 2024. "On a vu la ligne Ulis avec 0 heure." Depuis ils n'ont pas réussi à obtenir plus d'explications de l'inspection d'académie mais ils ont compris que le dispositif Ulis s'arrêtera bientôt dans l'établissement.

Les élèves "Ulis" déplacés dans le nord du département

L'académie de Versailles a répondu à notre sollicitation et précise : "Cela concerne 5 élèves cette année au sein du lycée Jean Monnet de La-Queue-Lez-Yvelines. Deux d'entre eux sont en terminale et ne seront plus dans le dispositif ULIS l'an prochain. 3 élèves sont donc concernés par cette suppression : deux seront présents au sein de l’établissement l’an prochain en terminale et un en première. Ces élèves sont déjà ou seront accompagnés par un AESH."

Un chiffre confirmé par Corine Ridoux, coordinatrice Ulis au lycée Jean Monnet. Mais selon elle, ce sont au total 23 élèves avec différents troubles qui sont accompagnés. Elle s'explique : "Il y 250 dossiers ULIS sur le territoire et puis il y a les enfants reconnus en situation de handicap par la MDPH mais qui ne rentrent pas dans le dispositif." Dans un établissement où un Ulis est en place, la présence de personnel formé et d'enseignants au fait de ces questions profitent à tous les porteurs de handicap ou de troubles visibles ou invisibles.

Selon le rectorat de Versailles, le dispositif "Ulis sera redéployé sur un autre territoire, où de nombreux besoins existent".  D'après Corine Ridoux, la coordinatrice Ulis, les deux unités seront mises en place à Mantes et Porcheville, au nord du département, et elles ne concerneront que les troubles des fonctions cognitives. En effet, les Ulis regroupent les pathologies et au lycée Jean Monnet, ce sont les troubles des fonctions motrices qui sont accompagnés.

Comment feront les élèves déjà dans le dispositif Ulis ?

Pour Elodie Oberliz, vice-présidente de la section locale FCPE, c'est sûr les lycéens ne pourront pas changer d'établissement. "Lorsque l'on veut scolariser dans un système Ulis, il faut que cela se situe à 30 minutes. Il faut que cela soit acceptable pour les élèves. Dans un territoire rural comme le nôtre il y a des problématiques de transports. C'est toute une organisation pour les familles. On ne peut pas déplacer ces élèves. On sort de l'équation qui fonctionnait."

Une difficulté à laquelle seront sans doute confrontés les élèves en dispositif Ulis du collège de la commune d'Orgerus et dont le lycée de secteur est Jean Monnet. Cécile Flahaut, secrétaire au comité local de la FCPE, explique : "Contrairement au collège, il y a très peu d'Ulis au lycée. C'est inquiétant, les enfants n'iront pas jusque là-bas. On a un sentiment de mépris pour les élèves, les familles et les enseignants et un sentiment de colère aussi. "

C'est en contradiction totale avec les discours que l'on entend autour de l'école inclusive.  

Sandra, AESH au lycée Jean Monnet

Sandra Magnien est AESH (accompagnante des élèves en situation de handicap) au lycée Jean Monnet. Elle regrette cette situation "C'est en contradiction totale avec les discours que l'on entend autour de l'école inclusive." Elle est en cours avec les élèves qui en ont besoin, mais aussi en dehors des cours. Une aide indispensable pour les lycéens et un lien essentiel avec les professeurs. Comme en témoigne Emma qui a fréquenté l'établissement de 2017 à 2020.

Dispositif Ulis, un chemin vers la réussite 

Emma est atteinte de dispraxie visuo-spatiale. Au lycée Jean Monnet, elle a enfin pu bénéficier du dispositif Ulis. Au collège, elle avait bien eu quelques aménagements de son emploi du temps mais pas de suivi personnalisé. "Ce qui était compliqué pour moi, c'est les repères dans l'espace, les courbes, les schémas. Je me souviens par exemple des cartes de géographie, c'était extrêmement compliqué lorsqu'il fallait dessiner. Au collège j'étais donc dispensée de carte de géographie. Au lycée ce sont les AESH qui ont trouvé des solutions : les couleurs, des tableaux plus petits etc. Moi personnellement je me sentais moins exclu."

Emma a ainsi regagné sa confiance en elle, bénéficié des mêmes enseignements que ses camarades. "Cela permet une meilleure organisation et plus de facilité pour suivre les cours. Quand je suis arrivée en seconde, je n'avais pas confiance en moi, j'avais besoin d'un suivi spécifique."Elle était aussi préparée à poursuivre ses études malgré ses difficultés  d'apprentissage. "Toutes les méthodes mises en place j'ai pu les remettre en application dans les études supérieures", ajoute-t-elle. Aujourd'hui Emma est en première année de master de manager sectoriel parcours santé à l'université de Caen.

Parents d'élèves, enseignants et personnels éducatifs ne veulent pas en rester là. Ils ont prévu de se rendre le 6 février à la permanence de Philippe Emmanuel, député de la 10ème circonscription des Yvelines et suppléant d’Aurore Bergé. Une pétition a été mise en ligne et a recueilli en quelques jours plus de 1800 signatures.

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