Déchets du Grand Paris : "On va avoir des camions près de chez nous tous les jours", inquiétude des riverains d'une carrière

Trafic, pollution des sols, nuisances sonores. Une carrière à Guitrancourt dans les Yvelines doit être comblée avec des déchets des travaux du Grand Paris, au grand dam des habitants de trois communes riveraines.

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"On aura des camions près de chez nous toute la journée", proteste Laurent Richard, habitant de Guitrancourt.

Les riverains de trois communes, Guitrancourt, Issou et Limay font entendre leur voix. Par le biais d'une consultation publique en ligne organisée par la préfecture des Yvelines qui se terminait ce mardi, ils ont fait part leurs inquiétudes.

Cette consultation leur demandait de s'exprimer sur la prolongation d'un projet de remise en état de la carrière de Guitancourt jusqu'en décembre 2025. 

La société Calcia doit poursuivre jusqu'en 2025, le comblement d'un trou laissé par l'extraction de calcaire stoppée en 2021. Initialement, le contrat aurait dû prendre fin début 2023.

Le remblaiement de la carrière se fait avec des gravats extérieurs à la carrière. Problème : la capacité du centre d'enfouissement mitoyen dont ils sont extraits est aujourd'hui jugée insuffisante pour la remplir. Pour combler le volume manquant, il faudra donc aller chercher des gravats "sur les chantiers de la région Île-de-France et notamment ceux du Grand Paris", indique le "porter-à-connaissance",un document administratif, qui justifie la demande de prolongation. Cela implique le passage fréquent de camions sur la D190 qui borde plusieurs communes.

Un camion toutes les 3 minutes

En moyenne, un véhicule passera toutes les trois minutes pour acheminer les 2,3 millions de tonnes de gravats. Un ballet de poids lourds qui durera du matin au soir chaque jour de la semaine jusqu'en 2025. "La circulation est déjà saturée sur les axes concernés et cela va rajouter du trafic", déplore Dominique Pelegrin, présidente de l'association vexinoise de lutte contre les carrières cimentières (AVL3C). Un constat partagé par Bénedicte Billard, habitante d'Issou, ville également traversée par les camions. Elle note que la D190 est "déjà très encombrée par les camions et les semi-remorques" dans sa contribution à la consultation.

De son côté, le maire Divers Gauche de Limay, Djamel Nedjar craint que ce remblaiement engendre un "nombre de camions bien trop conséquent" et s'inquiète de "nuisances relatives à la pollution, au trafic routier et au cadre de vie des habitants des territoires concernés."

"Les camions passeront au cœur de nos villes"

Les élus des trois localités concernées craignent donc que la présence constante des camions. Lionel Giraud, maire sans étiquette d'Issou s'attend à d'importantes nuisances sonores pour tout le monde. Il souligne également la pollution qui sera engendrée.

"Ces camions vont circuler au cœur de nos villes. À Issou, ils passeront devant un collège, c'est dangereux pour les enfants et pour tout le monde autour car ce type de véhicule engendre des déchets importants. C'est à la fois un problème en termes d'odeurs et cela apporte des matières qu'il n'est souvent pas très bon de respirer", précise celui qui fut intendant dans un collège.

Pour sa part, Laurent Richard craint que ces véhicules amènent un lot quotidien de poussière. "C'est déjà fréquent vers chez nous, mais en augmentant la cadence des camions, cela risque d'empirer", regrette celui qui est également président de l'association "Vivre à Guitrancourt".

Sur ce point, le document qui explique le projet précise que "le remblayage du site par un apport de matériau extérieur ou par un apport provenant du site de EMTA mitoyen ne génère pas davantage d'émissions de poussières sur le site."

Le président de "Vivre à Guitrancourt" s'attend également à d'importantes nuisances sonores dans sa commune. "Le bruit sera aussi un problème, car lorsque les camions tournent et qu'en plus il y a les bulldozers, l'ambiance sonore devient insupportable."

Les habitants demandent des contrôles

Autre inquiétude : le contrôle des déchets. Dans sa proposition, Jean-Pierre Grenier, vice-président de France Nature Environnement Yvelines s’inquiète des modalités de contrôle des camions à l'arrivée et au départ de la carrière. Selon lui, le porter-à-connaissance n'indique pas clairement "si les contrôles seront réalisés en interne ou par un organisme extérieur". Des contrôles essentiels selon l'AVL3C. "S'ils ne sont pas effectués correctement, cela pourrait endommager les sols et la nappe phréatique qui se trouve sous la carrière", selon sa présidente.

Inquiétude partagée par Laurent Richard. "À Guitrancourt, les captages d'eau se trouvent sous la carrière. Nous ne souhaitons pas que des terres polluées soient rejetées dans notre eau. Nous voulons que la société qui gère le chantier publie des relevés pour que l'on soit sûr de la composition des déchets rejetés", note-t-il.

La mobilisation des habitants est soutenue par le député LFI des Yvelines, Benjamin Lucas. Celui-ci a appuyé la demande de prolongation de la consultation publique. Elle devait initialement se tenir entre le 10 et le 24 août. Dans une lettre adressée au préfet des Yvelines, il s'est associé au souhait de Lionel Giraud qui demandait à la prolonger jusqu'au 10 septembre.

"Il me semble que cette participation démocratique des citoyens doive être rendue pleinement possible. Elle ne peut pas se faire en deux semaines alors qu’une large partie des personnes concernées sont en congés", a justifié le parlementaire. 

Contactée, la Societé du Grand Paris n'a pas souhaité faire de commentaires.

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