Ce lundi Manuel Valls convoque un comité interministériel aux Mureaux, la visite doit s'achever par l'installation du Conseil national des villes. Trente ans après la mise en place de la politique de la Ville les inégalités territoriales subsistent en France.
A l'approche des dix ans de la mort de Zyed et Bouna, deux adolescents électrocutés le 27 octobre 2005 dans un transformateur où ils s'étaient réfugiés, les politiques réinvestissent le terrain de la banlieue.
Ce lundi matin, Manuel Valls convoque un comité interministériel aux Mureaux, la visite doit s'achever par l'installation du Conseil national des villes, une instance qui a pour mission de conseiller le gouvernement sur la politique de la Ville. "Il n'y a pas de quartier perdu dans la République. Il n'y a pas une France périphérique", a affirmé mardi François Hollande, en déplacement à La Courneuve. Mais son arrivée a été saluée par des sifflets nourris, signe d'un certain malaise.
Les maux des banlieues sont connus de longue date: pauvreté, relégation... Selon un rapport officiel publié en mai, le taux de chômage a atteint 23 % dans les quartiers sensibles (contre 9 % ailleurs) en 2013, et même 42 % chez les jeunes de 15 à 24 ans.
Retour sur 30 ans de politique de la Ville
La politique de la ville en tant que telle n'apparaît qu'à la fin des années 1970. Depuis une série de plans successifs se sont succédé, souvent en réponse à des crises ponctuelles.La politique de la ville qu'est ce que c'est ? Elle désigne la politique mise en place par les pouvoirs publics afin de revaloriser les zones urbaines en difficulté et de réduire les inégalités entre les territoires.
1977 : opérations « Habitat et vie sociale » (HVS). Premier plan banlieue sous la présidence de Valéry Giscard d'Estaing. Ces opérations visent à réhabiliter les HLM avec l'aide financière de l'État.
1981 : violents incidents dans le quartier des Minguettes (à Vénissieux dans la banlieue de Lyon). Lancement du dispositif « Opérations anti-été chaud » ensuite rebaptisé « Opérations prévention été » puis « Ville-Vie-Vacances », et création des zones d’éducation prioritaires (ZEP) par Alain Savary, ministre de l'Éducation nationale.
1983 : lancement de la mission « Banlieues 89 » par Roland Castro et Michel Cantal Dupart, dont l'objectif est de réhabiliter et relier entre elles les banlieues.
1984-1988 : premiers contrats de plan État-régions intégrant le Développement social des quartiers : 148 conventions concernant environ 170 quartiers.
1990 : après les troubles de Vaulx-en-Velin, François Mitterrand annonce dans son discours de Bron la création d'un ministère de la Ville, confié à Michel Delebarre.
1991 : premiers Grands Projets urbains du gouvernement de Michel Rocard ; loi d'orientation pour la ville (LOV).
1992 : Bernard Tapie, nouveau ministre de la Ville, démissionne trois jours après avoir proposé un « plan pour les banlieues ».
1996 : pacte de relance pour la ville du gouvernement d'Alain Juppé : création des ZUS (zones urbaines sensibles), ZFU (zones franches urbaines) et ZRU (zones de redynamisation urbaine) contre la « fracture sociale » dénoncée par Jacques Chirac
2000 : loi relative à la solidarité et au renouvellement urbains dite loi SRU, loi élaborée autour de trois exigences : exigence de solidarité, développement durable, renforcement de la démocratie et de la décentralisation. La loi SRU reste surtout connue pour son article 55 qui impose aux villes de plus de 3.500 habitants de disposer d'au moins 20 % de logements sociaux.
2003 : programme national de rénovation urbaine (PNRU) de la loi Borloo ; création de l'agence nationale pour la rénovation urbaine (ANRU) (loi d'orientation et de programmation pour la ville et la rénovation urbaine du 1er août 2003, dite loi Borloo).
2005 : émeutes dans les banlieues et création de préfets délégués à l'égalité des chances et de 41 ZFU supplémentaires.
2008 : Plan banlieue « Une nouvelle politique en faveur des banlieues », présentée par Nicolas Sarkozy, qui veut mettre en synergie l'Éducation nationale, le développement durable, la Police et la sécurité intérieure, les élus locaux, les professionnels de la politique de la ville, le milieu associatif, les travailleurs sociaux et les entreprises. Cette nouvelle politique a été précédée d'une présentation « Espoir Banlieues - Une dynamique pour la France » présentée en janvier 2008 à Vaulx-en-Velin par Fadela Amara, secrétaire d'État chargée de la Politique de la ville.
2014 : 1.300 quartiers prioritaires sont concernés au lieu de 2 500 pour mettre un terme au saupoudrage de ses moyens, le gouvernement a lancé une remise à plat. Et pour éviter d'être accusé de choix partisans, il a inscrit en février dans la loi un critère unique de sélection : le revenu des habitants.