Si Victor et Sina Decouard seront au rendez-vous de la mythique randonnée de cyclotourisme le 20 août prochain, leur fils Jean-Alex fera son premier Paris-Brest-Paris des jeunes avec une trentaine d’autres jeunes. Départ ce samedi.
“Je finalise mon vélo pour samedi. Je vérifie que tout va bien, qu’il soit bien propre, décrit Jean-Alex en train de nettoyer soigneusement le vélo qu’il utilisera pendant douze jours. Sur mes trois vélos, c’est celui que j’utilise pour la longue distance.” Samedi matin, ce jeune levalloisien s'élancera de la Bergerie nationale de Rambouillet, dans les Yvelines, avec 33 autres jeunes originaires de dix régions différentes, dont cinq Franciliens. “Demain, on lâche les fauves”, avertit son père Victor Decouard, qui se prépare à son quatrième Paris-Brest-Paris avec sa femme Sina. “[Jean-Alex] a un vélo pour les randonnées, un pour la compétition et un pour le plaisir”, confie-t-il.
Or, la famille Decouard n’a pas une seconde à perdre avant le départ de leur fils samedi matin, ainsi que le leur, le week-end suivant. Parmi la vingtaine de cycles en exposition dans leur magasin de cycles de Levallois-Perret, dans les Hauts-de-Seine, Jean-Alex et sa mère Sina finissent d’astiquer leurs vélos, conçus et fabriqués artisanalement dans leur atelier. Tout juste rentrés de vacances, Victor et Sina s’élanceront parmi les 6 000 inscrits adultes le dimanche 20 août.
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Mais pour l’heure, c’est Jean-Alex qui doit se préparer à son départ. À la différence de ses parents, le jeune homme parcourra la mythique randonnée, adaptée aux jeunes de 14 à 18 ans. Si les 1 200 kilomètres du parcours sont semblables – avec une étape commune entre Dreux et la ligne d’arrivée à Rambouillet, ils auront douze étapes de vélo ainsi qu’un jour de repos à Brest au programme. Cela représente treize jours de voyage itinérant avec près de 12 000 mètres de dénivelé positif sûr.
"Ça va être tranquille. Par rapport à mes courses, on va aller plutôt lentement. Ce n’est pas une compétition"
Jean-Alex DecouardParticipant du PBP Jeunes 2023
D’emblée, Sina Decouard n’hésite pas à prôner le profil atypique de son fils. Il serait l’un des seuls participants à s’entraîner en compétition de cyclisme. “Il a entraînement tous les mercredis dans son club de la Fédération française de cyclisme (FFC)”, avance sa mère. “Il y en aura qui ne seront pas du tout dans le vélo, poussés par leurs parents. D'autres, noyés dans le cyclotourisme”, argue son père.
Ce “défi du Paris-Brest-Paris adapté aux jeunes” – selon les mots de la Fédération française du cyclotourisme (FFCT) – n’est pas une source d’inquiétude pour Jean-Alex. “Ça va être tranquille. Par rapport à mes courses, on va aller plutôt lentement. Ce n’est pas une compétition.” Parmi ses camarades, aucun ne partage le loisir du cyclisme et du cyclotourisme. "J'essaye de faire du vélo quand je peux, pour m’allumer la gueule avec mes amis du club de cyclisme", ajoute-t-il.
"J'essaye de faire du vélo quand je peux, pour m’allumer la gueule avec mes amis du club de cyclisme"
Jean-Alex DecouardParticipant du PBP Jeunes 2023
Si la passion est là, Jean-Alex l’a découverte avec certitude lors des confinements pendant la crise sanitaire. “Je connais le vélo depuis que je suis tout petit”, confie celui qui a été emmené “dans la remorque derrière le vélo [...] dès l’âge de quatre ans”. Une transmission sans faille de son père, mais non forcée. “Pour le Paris-Brest-Paris [des adultes, ndlr], il fera comme il veut, martèle son père. La passion, on la transmet au fur et à mesure, sans forcer. S’il a envie de mordre et d’aller un peu plus loin, il faut tout de même grandir tranquillement.”
Pour son père, une passion qui "n’est pas de famille"
Or, pour Victor Decouard, la passion ne lui vient pas de son paternel, mais des “papis du vélo”. “Ma passion du vélo, ce n’est pas de famille, confie celui qui a commencé à pratiquer à Espalion, dans l’Aveyron. Quand on est un gamin à la campagne, on fait le tour du pâté de maisons. En grandissant, je suis arrivé dans une ville où il y avait quelques papis un peu récalcitrants du vélo.” En club, il a ensuite partagé les routes et les bons moments avec ceux qui lui ont mis “le pied à l’étrier”, jusqu’à une “guéguerre” bon enfant avec eux. “Au fur et à mesure, on monte les échelons du club”.
"En grandissant, je suis arrivé dans une ville où il y avait quelques papis un peu récalcitrants du vélo"
Victor DecouardPère de Jean-Alex et propriétaire des Cycles Victor
Après un passage à la brigade de sapeurs-pompiers de Paris, il entame une carrière chez un fabricant artisanal de vélos à Levallois-Perret, dans les Hauts-de-Seine. En 2018, il ouvre sur la même commune son magasin : les “Cycles Victor”. Dans le même temps, il redécouvre sa passion pour la compétition, mais prend aussi goût à la longue distance. “Quand j’ai fait le Paris-Brest-Paris en moins de cinquante heures, j’avais réalisé une trentaine de courses dans l’année”, précise-t-il.