A Paris, plusieurs familles à la rue qui avaient obtenu une mise à l’abri, fin novembre, risquent de se retrouver de nouveau à la rue. L’État estime qu’elles ne sont finalement pas prioritaires. Le Conseil d’État examinait leurs dossiers ce mardi.
"Lorsqu’on a un peu d’argent, on se paye une nuit d’hôtel mais parfois on est obligé de dormir dans les couloirs du métro", confie ce père de famille de deux enfants, dont un nourrisson. Arrivé en France en 2018, le couple et leurs enfants connaissent les nuits dans la rue. "Le 115 quand on les appelle, il nous donne des hôtels, des fois, une semaine ou une nuit, et après souvent il y a des jours où on nous laisse dehors", explique-t-il.
Longue attente au téléphone, record de demandes non pourvues, le 115 est saturé. A Paris, chaque soir, environ un millier de demandes d'hébergement reçoivent une réponse négative du 115.
Recours en justice
Fin décembre, cette famille en situation régulière obtient enfin un hébergement d’urgence dans une chambre d’hôtel des Yvelines. Un répit après des années de galère. Accompagnée d'un avocat, cette famille comme une dizaine d’autres a attaqué l’État pour accéder à cet hébergement d’urgence. Elle a obtenu gain de cause mais la Dihal, organisme ministériel chargé de la mise en œuvre de la politique publique en matière d'hébergement, conteste cette décision devant le conseil d’État, ils estiment que ces familles ne sont pas prioritaires.
"On nous dit à chaque fois, qu'il y a pire",
Maître Samy Djemaoun
Une situation intolérable pour leur avocat. "La défense systématique de l’administration en première instance ou en appel est la suivante : 'on fait ce qu’on peut, il y a des familles en plus grande situation de vulnérabilité dans la rue'", résume Maître Samy Djemaoun. "On nous oppose cette défense pour des enfants de trois semaines comme pour des enfants de 11 ans. On nous dit à chaque fois qu’il y a pire". "Qu’est-ce qui est pire qu’un enfant de trois semaines dans la rue, je ne sais pas?", s'interroge-t-il.
Face à cette situation de traitement qu'il qualifie d'inhumaine, l'avocat demande "l’application de ce qu'Emmanuel Macron et Olivier Klein déclarent à chaque fois, c’est-à-dire plus aucun enfant dans la rue. On nous dit que cette promesse est tenue et d’un autre côté, la Dihal fait appel pour remettre une famille à la rue. Moi ce que je demande, c’est de mettre en application les déclarations qu’ils font", rappelle l'avocat. Fin 2017, le Président de la République avait promis qu’il n’y aurait "plus personne dans la rue avant la fin de l'année".