Toutes les organisations syndicales ont rejeté le plan d'économies présenté par le groupe lors d'un CCSE ce mardi matin. Renault prévoit, en Île-de-France, la fermeture de l'usine de Choisy-le-Roi (Val-de-Marne) et le transfert de l'activité sur celui de Flins (Yvelines).
Pour les organisations syndicales, le symbole est lourd de sens : aucun membre de la direction exécutive du groupe ne s'est déplacé lors du CCSE organisé ce mardi matin. "Ils ont laissé les DRH seuls", regrette Jean-François Pibouleau, délégué syndical central pour la CGT et représentant syndical au CCSE qui précise que toutes les organisations ont rejeté le vote.
"Renault dit que ce n'est pas un plan de licenciement. Il n'y aura pas de licenciements secs mais beaucoup de familles vont souffrir", constate-t-il amèrement.
Car le plan annoncé fin mai prévoit la suppression de 15 000 emplois dans le monde dont 4 600 en France visant une économie de 2 milliards d'euros sur trois ans. Le site de Choisy-le-Roi, où sont employées près 270 personnes, sera fermé et son activité de recyclage de moteurs en fin de vie transférée sur le site de Flins dans les Yvelines.
Avenir en pointillé à Flins
"L'activité décline logiquement et mathématiquement sur le site de Choisy-le-Roi car les moteurs et boîtes de vitesses sont de moins en moins utilisés en raison de l'essor de l'électrique", explique Ali Kaya, responsable CGT à Renault Flins.Actuellement, avec des 237 hectares dont 70 de bâtis, la gigantesque usine des Yvelines est chargée d'assembler les voitures électriques citadines Zoé et les Nissan Micra. Mais d'ici à 2024, la chaîne de production sera transférée dans un nouveau pôle industriel situé dans le nord de la France.
"Il y a 4 000 travailleurs à Flins dont 2 500 CDI et 1 000 intérimaires, indique le syndicaliste. On pense que la direction va mener une politique qui va probablement condamner le site et les emplois. Personne n'imagine que l'activité de Choisy-le-Roi ne compense la perte d'activité. Et perdre son emploi dans cette période, c'est très difficile. Il va falloir qu'on se mobilise pour sauver notre peau".
Doutes sur le projet industriel
Cette inquiétude de l'avenir est partagée par Franck Daout, délégué syndical central CFDT Renault qui critique le discours tenu par sa direction. "Les 1 600 emplois promis à Flins, on ne nous dit pas que c'est Renault mais possiblement des salariés d'autres entreprises qui pourraient les occuper. Choisy-le-Roi, ce n'est pas un déménagement, c'est une fermeture ! Pratiquement 70% des salariés ne peuvent pas suivre à Flins", affirme-t-il ainsi.Selon lui, le chiffre des personnes qui perdraient leur emploi avec ce "plan de restructuration" seraient plutôt autour des 7 000 emplois en comptant les répercussions sur les sous-traitants sans compter le surplus de charges pour les salariés et les risques psychosociaux que cela pourrait engendrer.
"À Flins, cela fait des années qu'il n'y a pas d'investissements. Quand on veut tuer son chien, on dit qu'il a la rage", déplore Franck Daout.
Pertes historiques du groupe
Ce qui est certain, c'est que le groupe va mal. La crise sanitaire affecte durement Renault qui a perdu pas moins de 7,3 milliards d'euros au premier semestre, la perte la plus lourde de son histoire. Mais ses problèmes ont précédé la pandémie. "Nos résultats sont en baisse depuis 2018 (...). Nos ventes sont en baisse aussi, et de façon encore plus préoccupante, nos nouveaux modèles ne sont pas assez profitables (...). Nos projections de trésorerie sont alarmantes", arguait le nouveau directeur général Luca de Meo début septembre cité par l'AFP.Selon lui, "Renault peut s'appuyer sur des atouts spécifiques pour renverser la situation" et arriver "en finale de la Ligue des Champions en 7 ou 8 ans" détaillant notamment son savoir-faire en matière de véhicules à bas coûts et son expertise dans les modèles électriques. Par ailleurs, il souhaite avoir une gamme "entièrement restructurée" d'ici à 2025 en développant des véhicules de taille moyenne.