En mars dernier, un défaut d'éclisses a été constaté sur la voie empruntée par le tram-train 13 dans les Yvelines. Après une enquête interne au sein de l'opérateur privé qui exploite cette ligne, le groupe du Front de Gauche au Conseil Régional d'Ile-de-France demande toute la transparence sur cet incident.
C'est un riverain de la ligne du T13, dérangé par des bruits anormaux lors du passage des trains sur les rails, qui a averti la SNCF le 13 mars dernier, rapportent des élus de gauche au Conseil régional d'Ile-de-France. En se rendant sur place, à hauteur de Saint-Nom-la-Bretèche, une équipe de maintenance a constaté que deux éclisses n'étaient pas vissées. Une éclisse est une sorte d'agrafe métallique d'une dizaine de kilos, apposée par paire à l'aide de boulons, destiné à raccorder deux rails.
"Dès détection (du problème), la circulation a été interrompue sur la ligne. Les équipes d’entretien sont immédiatement intervenues pour le corriger et les circulations ont pu reprendre", explique ce vendredi, dans un communiqué, la SNCF Réseau.
L'incident pourrait en rester là mais le groupe du Front de Gauche au Conseil Régional d'Ile-de-France, renseigné par des cheminots, révèle aujourd'hui que ce défaut d'éclisses aurait pu être causé dans la nuit du 5 au 6 mars 2024, soit 7 jours avant sa découverte par le riverain. "Si le riverain n'avait pas alerté. En réalité, rien ne se serait passé. Pendant 7 jours, les éclisses étaient manquantes. Et on a fait le calcul, c'est un peu plus de 400 trains qui sont passés sur cette portion".
Sollicité pour une interview ce matin, la SNCF Réseau confirme dans un communiqué mais sans spécifier de dates, que "le problème n’a pas été repéré immédiatement, car la bonne tenue de l’infrastructure n’a pas généré de phénomène notable au passage des trams".
Passé "sous silence"
Pour l'élue communiste, l'incident d'éclisses de mars dernier a été passé "sous silence". SNCF Réseau déclare son côté que "l'événement a fait l’objet d’une enquête interne et d’un retour d’expérience conformément à la politique de sécurité". Sans préciser toutefois dans son communiqué le détail des responsabilités des équipes de la filiale Transkeo, engagées lors de cet incident.
Le tram-train 13 qui joint Saint-Germain-en-Laye à Saint-Cyr-l'École dans les Yvelines est exploité depuis deux ans par Transkeo, un opérateur de droit privé, une société conjointe Transilien SNCF et Keolis (filiale de transports publics de la SNCF).
"En portant cet incident à la connaissance du public, on veut montrer qu'aller dans un processus de privatisation, ça fait qu'il y a moins de moyens. Ça fait qu'il y a moins de protocoles. Et donc, moins de sécurité", déclare Céline Malaisé.
La conseillère régionale qui n'a pas obtenu le compte-rendu de l'enquête interne malgré une demande formulée auprès du ministère des Transports, réclame aujourd'hui de la transparence sur cet incident et "plus largement sur le niveau de sécurité ferroviaire en Île-de-France" pour celui-ci soit rendu public.
"Sans être alarmiste, l'idée, c'est de dire ce qu'il s'est passé pour éviter que le pire se produise", explique Céline Malaisé qui rappelle le bilan du déraillement d'un train à Brétigny-sur-Orge, il y a onze ans. Un accident ferroviaire majeur qui avait été provoqué par la défaillance d’une éclisse et avait coûté la vie à sept personnes et fait 400 blessés.