Alors que le tri des biodéchets est désormais obligatoire, certaines communes invitent leurs habitants à adopter des poules. Des volatiles omnivores utiles pour recycler ses déchets organiques.
Épluchures, produits non consommés, tonte de pelouse… Que faire de ses déchets biodégradables, alors que leur tri est généralisé en France depuis lundi ? Selon l'Agence de la transition écologique (Ademe), les biodéchets - qui représentent un tiers des déchets des ménages en France - "sont encore massivement mis en décharge, générant des gaz à effet de serre, ou incinérés alors qu'ils représentent une ressource importante". De quoi générer des pollutions et des gaz à effet de serre.
Depuis le 1er janvier, ces déchets doivent désormais être triés par les collectivités, les administrations, les professionnels mais aussi les ménages. Mais d'après l'Ademe, seul un Français sur trois vit aujourd’hui dans une zone où une solution de tri est proposée. Et "certaines collectivités ont encore des investissements à poursuivre", reconnaît le ministère de la Transition écologique auprès de l'AFP.
Collecte séparée en porte-à-porte, en point d'apport volontaire, composteurs individuels, composteurs de quartier ou d'immeuble… Si plusieurs solutions de tri existent pour les déchets biodégradables, les poules peuvent se révéler utiles pour recycler ses restes.
A Magny-les-Hameaux, dans les Yvelines, la mairie a ainsi promu l’adoption de volatiles en vue notamment de l’évolution des règles de tri. "La collecte et le traitement des déchets sont des compétences de l'agglomération de Saint-Quentin-en-Yvelines, mais au niveau de la commune, on a voulu sensibiliser les habitants autour de la question avant le passage à 2024", raconte le maire Bertrand Houillon (divers gauche).
Après avoir pris contact avec un agriculteur, et plusieurs réunions publiques, la mairie a organisé la distribution de 200 poules réformées sur le parvis de son hôtel de ville. "Ces poules seraient parties à l'abattoir, on leur offre une retraite. Mais c’est aussi dans l’optique de sensibiliser à la gestion des biodéchets. On a présenté au public comment les élever. C’est un être vivant, ça demande un certain nombre d’engagements et de la place", explique l’édile.
Des contraintes mais "une grande satisfaction"
L’Ademe souligne que "parmi les actions d'évitement de production de déchets, l'action 'poules' est devenue populaire et fait parler d'elle par son côté insolite", avec "la distribution de poules aux habitants contre bons soins". "Outre le côté pédagogique pour les enfants du foyer et le plaisir de produire ses propres œufs, deux poules peuvent ingurgiter, en complément d'une ration de céréales, jusqu'à 100 kg de déchets organiques par an", indique l’agence.
"Sur une année, si 100 familles adoptent deux poules, c'est jusqu'à 10 tonnes de déchets organiques qui peuvent être détournés de la collecte des ordures ménagères résiduelles", de quoi également entraîner des économies pour les collectivités, ajoute l’Ademe.
Une solution "qui peut être complémentaire pour la question du compost", poursuit Bertrand Houillon. Le maire explique avoir reçu plusieurs retours : "Il y a des contraintes au quotidien, par exemple pour les départs en vacances, mais ça concerne tous les animaux. En général, il y a une grande satisfaction."
Pour ce qui est des solutions de tri classiques, le maire indique que le déploiement des collecteurs "reste très faible, très progressif à ce stade". "Ce n’est pas faute d’avoir alerté sur le sujet. Si la question avait été travaillée en amont, on aurait pu avoir un véritable engouement collectif, là les gens ont l’impression que c’est une contrainte supplémentaire", déplore-t-il.
Des règles à suivre
Cadre de vie à l’abri des prédateurs, espace suffisant, abris… La Fondation 30 millions d’amis souligne que l’adoption des poules demande "un réel engagement", en s’assurant "d’avoir le temps et l’énergie nécessaires pour garantir leur bien-être".
L214 donne sur son site plusieurs conseils pour aménager un poulailler, notamment pour installer un grillage afin de protéger les animaux. "Les poules ont besoin d’eau à volonté et d’une alimentation adaptée", écrit l’association.
"Si vos poules ont accès à un espace de verdure, elles vont picorer l’herbe et trouver de quoi manger… Si elles restent enfermées dans un espace clos, il faut compter entre 4 et 5 m2 par poule au minimum. Si le sol est en terre sans accès à de la verdure, donnez-leur des épluchures et autres restes végétaux régulièrement. Il vous faut également un abreuvoir bien stable et une mangeoire. Compter 120 à 140 g de grain par poule et par jour en moyenne, en deux fois : 20 g par poule le matin, et le reste en fin d’après-midi", détaille L214.
A noter que certains aliments sont à éviter pour les poules. A chacun sa poule, une entreprise qui sert d’intermédiaire pour la distribution de poules réformées à destination de particuliers, donne plusieurs conseils d’alimentation sur son site.