Jeunes poules de réforme recherchent famille pour démarrer une nouvelle vie

En ce moment et comme tous les 18 mois, Tanguy Lorphelin tente de sauver plus de 2 500 poules de l'abattoir en organisant des collectes de poules de réforme dans les Yvelines. Ces pondeuses bio, qui ne sont plus assez productives pour une activité d'élevage, doivent trouver de nouveaux propriétaires pour finir leurs jours.

Il n'est pas encore huit heures sur le parking de l'école de Richebourg (Yvelines) que déjà Tanguy Lorphelin, fondateur de l'entreprise "A chacun sa poule", s'active. En quelques minutes, il dispose ses 20 caisses remplies de 180 poules bio d'élevage qui attendent, par un dimanche ensoleillé, leurs nouveaux propriétaires. En cette première matinée de distribution de l'année, le jeune homme de 25 ans attend une trentaine de personnes qui ont déjà réservé et payé en ligne leurs nouvelles cocottes.

L'objectif est clair, il faut leur éviter l'abattoir. Car tous les dix-huit mois, les poules d'élevage doivent être remplacées par de nouvelles pondeuses, plus productives. "C'est un véritable crève-cœur pour les éleveurs de la ferme des Beurreries à Feucherolles (Yvelines), qui me prêtent un lieu de stockage en échange de quoi je m'occupe de la distribution de leurs poules de réforme", explique Tanguy Lorphelin.

Poules de secours 

Dès huit heures, Bruno, le premier client venu des Hauts-de-Seine pour l'occasion, arrive pour récupérer ses poules. Pas d'omelettes ou de crêpes en vue, ce qu'il recherche chez elles ce sont avant tout leurs qualités de chasseuses. "J'ai plein de limaces dans le jardin, et j'ai besoin de quelques assistantes pour m'aider à les éradiquer !", s'exclame-t-il.

Quelques minutes plus tard, c'est au tour de Daniel, 76 ans, de venir récupérer ses six nouvelles poulettes, alors que les siennes ont toutes été victimes de l'appétit d'un renard. "Je suis fils d'agriculteur, nous avions toujours des poules à la maison alors disons que depuis que je suis en âge de marcher je leur cours après pour leur tirer les plumes", s'amuse-t-il. Pour l'Yvelinois qui possède un important terrain, avoir des poules est avant tout un plaisir. "C'est de la vie dans un jardin. Chez moi, elles ont un poulailler de 200 m2, c'est royal ! Et puis elles produisent des œufs magnifiques", poursuit ce retraité très enjoué, qui repartira finalement avec deux poules de plus.

C'est également ce plaisir qui motive Bénédicte à venir récupérer ses douze nouvelles pondeuses : "Nous les lâchons dans le jardin et c'est très chouette de voir comment elles se comportent. Elles ont chacune leur personnalité, avec des rapports de force qui se créent entre elles, c'est assez drôle à observer." Un plaisir qui coûte tout de même un peu plus cher qu'avant. "Avec mon mari nous constatons que les graines et la paille ont bien augmenté ces derniers temps. Par mois, je dirais que notre poulailler nous revient entre 30 et 35 euros", note-t-elle.

Quelques recommandations

Un constat partagé par Tanguy Lorphelin. "Ce n'est pas si économique, ça demande un effort qui est compensé par le plaisir de les avoir. C'est pareil pour tous les animaux de compagnie, c'est un investissement et des responsabilités", alerte-t-il. Adopter une poule requiert en effet quelques conditions préalables.

La première étant qu'elles soient toujours deux, pour leur éviter tout stress. Il faut également construire ou investir dans un bon poulailler fermé d'un minimum de 15m2; le nettoyer très régulièrement (une fois par semaine idéalement), et faire un grand ménage au vinaigre blanc deux à trois fois par an.

Les poules ont également besoin d'une alimentation variée, basée sur un mélange de grains, et en complément des restes alimentaires. Pour deux poules, Tanguy Lorphelin estime qu'il faut prévoir un budget mensuel de 15 à 20 euros. Tous les conseils sont à retrouver sur son site internet

"Une démarche militante"

D'autres mesures sont également à prendre en compte. Comme l'obligation de déclarer ses poules auprès de sa mairie. Un recensement utile pour lutter contre la propagation de maladies, et notamment en saison de grippe aviaire. Une recommandation rarement suivie par les particuliers selon le fondateur d'"A chacun sa poule": "Je pense qu'il y a une démarche assez militante dans le fait d'avoir ses propres poules. En général quand les particuliers ont des poules, ils ont déjà un potager, ils font souvent de la permaculture et sont un peu dans une démarche de défiance envers les industries agroalimentaires. De ce fait, ils veulent garder une certaine liberté en ne déclarant pas nécessairement leurs animaux".

Récemment, l'Agence régionale de santé (ARS) d'Île-de-France recommandait de ne pas consommer les œufs des poulaillers domestiques. En cause, la présence de polluants domestiques persistants, repérés dans le sol de plusieurs poulaillers à Paris et dans la petite couronne. Interrogés à ce sujet, tous les particuliers ont expliqué qu'ils ne suivraient pas cette recommandation estimant qu'ils sont trop éloignés géographiquement. L'ARS précise d'ailleurs que "la recommandation s’applique à toute l’Île-de-France même si la contamination en milieu rural est probablement plus diffuse et moins systématique qu’en milieu urbain."

Plusieurs distributions sont encore prévues en mai dans les Yvelines. À Magny-les-Hameaux et aux Alluets-le-Roi, où toutes les poules disponibles ont déjà été réservées. Mais sur les 2 700 poules de race Lohmann classique que Tanguy Lorphelin doit encore distribuer, environ la moitié n'ont pas encore trouvé de nouveaux foyers. Une dernière collecte sera donc organisée le 13 mai prochain à Feucherolles, à la ferme des Beurreries. Là encore, le paiement (5 euros la poule) se fait directement en ligne depuis son site internet. La mission "sauve qui poule" est lancée.

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