Un Nantais de 62 ans se faisait passer pour un professionnel de la gestion de patrimoine et intermédiaire d'assurance. Il y aurait une quarantaine de victimes dans toute la France.
De Nantes à Marseille, en passant par Epernay (Marne), certains ont perdu les économies de toute une vie. "Je lui avais confié 10.000 euros il y a dix ans, c'était ce qui me restait de mes parents. J'ai réalisé ce matin en lisant Ouest France que je ne vais pas les récupérer", explique effondrée une habitante de Vertou, au sud de l'agglomération nantaise, venue devant le domicile du suspect.
Assurée de son honorabilité
Personne ne répond quand elle sonne à la coquette maison pavillonnaire et elle se résout à aller à la gendarmerie, porter plainte. Elle a été mise en relation avec cet homme, il y a dix ans, par des proches, qui l'avaient assurée de son honorabilité.
Sa marraine et une de ses cousines lui ont aussi confié de l'argent. "Je l'ai rencontré dans l'association où j'allais pour faire faire du sport à mon fils, handicapé, il en était le président", explique un homme qui souhaite rester anonyme. "Je lui ai d'abord confié une somme de 50.000 euros qu'il a vraiment placée en assurance-vie, et puis, comme cela a bien marché, je lui ai donné une autre somme, 110.000 euros, pour qu'il la place en banque", explique ce monsieur de 59 ans. "C'était un chèque, j'ai su par les enquêteurs qu'il en avait aussitôt modifié l'ordre et qu'il l'avait placé sur son compte. Il était toujours prévenant, quand on se voyait le samedi avec nos enfants, il donnait des nouvelles", raconte cet homme.
Premières victimes à Nantes
Dans quelques jours ce retraité va quitter la maison qu'il avait achetée pour sa retraite et qu'il a dû vendre, incapable d'en rembourser l'emprunt. Sur Nantes, il fait partie des premières victimes à avoir porté plainte à partir de février, rejoignant sans le savoir une demi-douzaine de personnes qui avaient commencé à se manifester fin 2011, dans le Var, dans les Bouches-du-Rhône, dans la Marne ou dans le Val d'Oise.
Une enquête préliminaire a été confiée par le parquet de Nantes à la gendarmerie de Rezé qui a recensé au total 39 victimes, un chiffre corroboré par le suspect lui-même, placé en garde à vue 48h du 5 au 7 juin.
"Il a reconnu les faits et s'est montré coopératif", a expliqué mercredi le lieutenant colonel Nicolas Duvinage, commandant de la compagnie de gendarmerie de Rezé.
L'homme agissait seul, sa femme n'était pas au courant. Il a expliqué les faits par des besoins d'argent liés à des soucis personnels. Originaire de la Marne, il travaillait depuis son domicile à Vertou, et il avait vraiment été gestionnaire de patrimoine et intermédiaire d'assurance, d'où son efficacité à inspirer confiance.
A ce stade, sur onze plaignants dans toute la France, l'enquête a fait remonter qu'il se serait vu confier deux millions d'euros et qu'il en aurait dépensé 900.000, le reste ayant été remboursé.
Mais la commission rogatoire permettant d'enquêter auprès de l'intégralité des 39 victimes recensées n'a pas encore été mise en oeuvre et de source judiciaire mercredi, on évoquait d'emblée la somme de 4 millions d'euros, a minima.
Premiers détournements il y a 20 ans
Les premiers détournements auraient commencé il y a 20 ans. Les placements allaient de 10.000 à 300.000 euros, venant de personnes issues de tous milieux sociaux : de l'ancien cadre à la femme divorcée et sans emploi, et même des membres de sa propre famille, qu'il a cependant remboursés en premier.
L'homme a été mis en examen début juin pour abus de confiance, falsification de chèques, faux et usage de faux, et placé sous contrôle judiciaire.